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 Digimon Tri. 7ème Partie - Révélations

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Coatlmon
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MessageSujet: Digimon Tri. 7ème Partie - Révélations   Digimon Tri. 7ème Partie - Révélations Icon_minitimeVen 9 Aoû 2019 - 11:43

Coucou tout le monde ! Smile

Comme promis, voici ma fanfic de Digimon Tri. ! huhu  Frustrée comme beaucoup d'entre vous (j'imagine ^^) de toutes les portes ouvertes laissées par cette série de six films (même si on devrait avoir des réponses dans Digimon 20th, tout du moins je l'espère) je me suis mise au défi de résoudre toutes les zones d'ombres de Tri dans cette suite qui pourrait être une septième partie. Je souhaitais également approfondir les relations entre les personnages, et racheter Meiko, assez peu populaire mais qui peut s'imposer davantage à mon sens si on la développe.

Cette histoire reste néanmoins un pur produit de mon imagination, sans doute très différente de ce que sera Digimon 20th. Toei demeure propriétaire de ses personnages et de son histoire. S'il vous plaît, ne copiez pas ce texte ailleurs sans mon autorisation.  

Je vous mets donc le chapitre 1 Smile Bonne lecture ! Wink


Digimon Tri. – 7ème partie : Révélations

Afin de mieux s’inscrire dans la continuité de la trame de Digimon Tri. 6 « Notre Futur », cette histoire débute juste après la destruction d’Ordinemon. Elle écarte donc la scène finale se déroulant trois mois plus tard, où l’on voit Taichi et ses amis téléphoner à Meiko au moment de Noël. Cette scène rompait trop avec l’action de Tri., c’est pourquoi elle n’apparaît pas dans cette suite.


Chapitre 1


  Alors que la lumière se propageait en ondes légères et joyeuses sur les rives d’Odaiba, la victoire avait pour les Enfants Élus la triste saveur d’un amer sacrifice. La Terre et le monde digital avaient été sauvés, mais Meikumon n’était plus. Meiko était tombée à genoux ; les larmes coulaient le long de ses joues, en silence. Sora s’agenouilla près d’elle et l’entoura de ses bras. Mimi l’imita, en retenant ses propres larmes. Takeru avait pris Hikari dans ses bras : la jeune fille était encore choquée par la mort d’Ordinemon. Elle serrait contre elle Nyaromon, comme si elle craignait de la perdre à nouveau. Près de Yamato, Taichi dévisageait Meiko avec peine. Il aurait voulu être capable de la réconforter, mais il ne savait pas quoi lui dire. Koushiro fixait le ciel. Ils avaient évité le reboot de la Terre, mais ils en avaient payé le prix. Joe, lui, regardait la mer. Les larmes de Meiko le faisaient souffrir. Perdre son partenaire digimon devait être une terrible épreuve. Il avait déjà failli perdre Gomamon une fois, il n’osait même pas imaginer ce qu’il pourrait ressentir s’il disparaissait définitivement. Soudain, le portable de Koushiro sonna. Il décrocha :  

– Allô ?

  Tous tournèrent la tête. Ils virent Koushiro acquiescer. Quand il raccrocha, Taichi demanda :

– C’était qui ?
– L’hôpital. Je leur avais demandé de me rappeler pour avoir des nouvelles de Daisuke, Miyako, Iori et Ken.
– Et alors ?
– Il semblerait que seul Ken soit sorti du coma. Mais c’est déjà une bonne chose. Taichi, comment les as-tu sauvés ? Et toi, comment es-tu revenu du monde digital ?

  Tous les regards convergèrent vers Taichi. Le visage du jeune homme s’assombrit : dans son cœur, la plaie ne s’était pas encore refermée. Il revoyait les blessures de M. Nishijima, il entendait le signal d’alarme, la lumière rouge intermittente, oppressante, le rire sadique de Gennai. Il gardait en mémoire la sensation de ses mains cognant contre la paroi de la capsule. Il s’entendait crier, il percevait la voix de M. Nishijima qui lui disait de ne pas abandonner, d’accomplir ses rêves, de voir les choses en grand … Il serra les poings, plein de rage et d’impuissance.

– Quand nous sommes tombés dans ce précipice, avec M. Nishijima, dit-il, nous nous sommes retrouvés dans un étrange laboratoire. Daisuke et les autres y étaient prisonniers, dans des capsules qui les maintenaient endormis. Je ne sais pas très bien ce qui s’est passé au cours de la chute qui nous a  conduits dans ce laboratoire. Tout ce que je sais, c’est que je n’avais pas une égratignure alors que … que M. Nishijima perdait tout son sang. Il avait de multiples blessures, et je ne pouvais rien faire. C’est alors qu’il est apparu …
– Qui ? demanda Takeru.
– Cet être qui prend l’apparence de Gennai … Il a arrêté le système de survie de Daisuke et des autres. Pour les sauver, il n’y avait qu’un moyen : les envoyer sur Terre. Quand ils seraient transférés, le laboratoire devait exploser … Et il n’y avait qu’une seule capsule restante pour notre professeur et moi. J’ai cherché une solution, mais M. Nishijima a refermé sur moi la capsule restante. Il a enclenché le processus de transfert vers la Terre, et quand les capsules ont été éjectées, il est …

  Taichi ne put terminer sa phrase. Son regard était hanté par les dernières images, les derniers mots de son professeur.

– Je n’ai rien pu faire ! cria-t-il presque.

  Meiko le fixait, et percevait sa douleur. Tous, autour de lui, la partageait. Yamato baissa les yeux et fronça les sourcils.

– Il m’a aussi dit, dit Taichi d’une voix brisée, que Mlle Himekawa était complice d’Yggdrasil et du reboot. Elle nous a menti, et elle avait aussi menti à M. Nishijima.  

  Yamato dévisageait Taichi, tout en songeant à leur professeur. Il s’approcha de son ami et lui posa une main sur son épaule :

– Nous ferons en sorte que son sacrifice ne soit pas vain. Allons voir Ken et les autres à l’hôpital.
– Les digimons sont exténués, dit Mimi. Koushiro, peux-tu les faire rentrer dans l’espace digital que tu as créé pour eux ?
– Bien-sûr.

  Il ouvrit son ordinateur portable et l’espace de la salle des serveurs : tous les bébés digimons y sautèrent. Koushiro referma son ordinateur, puis, en silence, ils se mirent en route. Ils arrivèrent à l’hôpital alors que le soleil se levait. Taichi et ses amis se présentèrent à l’accueil et demandèrent au médecin s’ils pouvaient voir Ken.

– Oui, mais pas plus d’une demi-heure, les avertit-il.  

  Une infirmière les conduisit à travers des couloirs blancs qui sentaient le formol et le détergent. Leurs pas résonnaient sur le carrelage immaculé. L’hôpital, à cette heure matinale, était encore calme. Ken se trouvait seul dans une chambre, à côté de celle où se trouvaient Miyako, Daisuke et Iori. Ces derniers étaient toujours alimentés par un masque à oxygène. Un médecin sortait de leur chambre.

– Comment vont-ils ? demanda Joe au docteur.
– Leurs fonctions vitales ne sont pas endommagées, leur cerveau et leur cœur sont sains, mais ils ne se réveillent pas. C’est comme si quelque chose les maintenait dans le coma.

  Joe fronça les sourcils et rattrapa les autres. Ils étaient entrés dans la chambre de Ken. La lumière de l’aube filtrait à travers les persiennes abaissées de la fenêtre, diffusant des rayons pâles dans la chambre encore empreinte d’obscurité. Quand Ken les vit, son visage s’illumina :

– Si vous saviez comme je suis heureux de vous voir !
– Comment te sens-tu ? demanda Takeru.
– Un peu bizarre … J’ai l’impression d’avoir dormi une éternité.
– Il faut que tu laisses à ton corps le temps de reprendre une activité normale, dit Joe.
– Comment vont les autres ?
– Ils sont toujours inconscients, répondit Yamato.
– Nous étions prisonniers … comment sommes-nous sortis de ce laboratoire ?
– Grâce à Taichi. Mais je pense qu’il t’expliquera ça plus tard.
– Par contre, dit Koushiro, ça m’intéresserait de savoir comment vous vous êtes retrouvés prisonniers dans le monde digital. Peut-être que ça nous donnerait davantage d’informations sur Yggdrasil.

  Ken fixa un moment les draps blancs de son lit, comme s’il essayait de se rappeler.

– À vrai dire, mes pensées sont encore confuses, dit-il, mais je vais faire un effort. Tout a commencé par un appel, en sortant du collège, un soir, avec Daisuke, Miyako et Iori … c’était une femme. Elle disait qu’elle s’appelait Mlle Himekawa, qu’elle était membre d’une agence qui connaissait l’existence des digimons et qui veillait sur les Enfants Élus. J’avoue que ça nous a intrigués, car nous n’avions jamais entendu parler de cette agence. Cette femme voulait nous voir. Elle nous a donné rendez-vous un jour où nous n’avions pas cours. Nous y sommes allés, nous l’avons rencontrée. Elle nous a dit que des problèmes étaient survenus dans le digimonde, et que Gennai souhaitait à ce qu’on l’y rejoigne. Nous avons demandé s’il ne serait pas mieux que nous vous appelions pour que vous veniez avec nous. Elle a dit que nous étions les seuls capables de le faire. Nous avons cru cette femme de bonne foi, et nous avons ouvert un portail vers le digimonde avec nos D-3. Seulement, quand nous sommes arrivés, quelque chose n’allait pas. Nous nous sommes rendu compte que Mlle Himekawa nous avait suivis. Nous ne savions pas comment, d’ailleurs.
– Normalement, réfléchit Koushiro, seules les personnes possédant un digivice peuvent entrer dans le digimonde.  
– Tu veux dire … que Mlle Himekawa serait une Enfant Élue ? s’exclama Mimi. Comment c’est possible ?
– Et si … c’était ça que M. Nishijima avait voulu me dire ? murmura Taichi pour lui-même.
– À quoi tu penses ? lui demanda Koushiro.
– Euh … rien. Je ne suis pas sûr de moi.
– En tout cas, poursuivit Ken, quand nous sommes arrivés dans le digimonde, nous avons immédiatement été attaqués par un digimon puissant, immense et noir.
– Alphamon ? devina Yamato.
– Oui. Il a battu nos digimons, bien que nous ayons fait la digivolution de l’ADN avec Daisuke. C’est alors qu’un être étrange est apparu. Il avait l’apparence de Gennai, mais il était vêtu de noir. Il a emprisonné nos digimons, et a brisé notre résistance. Nous n’avons rien pu faire. Quand nous avons repris conscience, nous étions prisonniers de ces capsules. À côté de nous se trouvait Gennai, lui aussi prisonnier.
– Gennai ? s’étonna Joe.
– Le vrai Gennai, dit alors une voix.

  Tous se retournèrent : Gennai, vêtu de blanc comme il le connaissait, venait de sortir d’un recoin d’ombre de la chambre de Ken. Tous le dévisagèrent, ahuris.

– Gennai ! s’exclama Koushiro. Vous êtes … comment êtes-vous arrivé ici ?
– J’étais moi aussi enfermé dans une des capsules que Taichi a envoyé sur Terre. En libérant Daisuke et les autres, il m’a aussi délivré de l’emprise d’Yggdrasil.
– Que vouliez-vous dire en parlant du vrai Gennai ?
– Celui que vous avez vu n’a fait que prendre mon apparence. C’est pour cela qu’il m’a capturé, et qu’il a capturé Ken et ses amis.
– À quoi vous référez-vous ? demanda Yamato.  
– Le digimon qui a tendu un piège à Daisuke et ses amis est le plus fidèle serviteur d’Yggdrasil. Mais contrairement à d’autres digimons, il ne possède plus de corps stable. C’est pourquoi, pour venir dans le monde digital et sur Terre, il avait besoin d’un corps d’emprunt. Il s’est donc servi de mon corps et de celui de Ken, dans une image sombre de nous-mêmes. De plus, le D-3 de Ken permettait d’ouvrir un passage entre la Terre et le monde digital.
– Maintenant que je m’en souviens, dit Koushiro, Mlle Himekawa a utilisé un D-3 noir pour nous ouvrir un portail vers le digimonde. Je crois que c’était le tien, Ken.
– Elle me l’a volé quand Yggdrasil nous a fait prisonniers.
– Mais si le serviteur d’Yggdrasil n’avait besoin que de Ken, pourquoi avoir enlevé les autres digisauveurs ? demanda Sora.
– Pour utiliser leur digimon, expliqua Gennai. En possédant les digivices de Miyako, Iori, Daisuke et Ken, Yggdrasil voulait contrôler la digivolution pour s’en servir à son profit. Il n’a pas vraiment réussi. Quand Gomamon et Lillymon se sont battus contre Imperialdramon, celui-ci était bien plus petit qu’il ne l’est normalement. Yggdrasil rêve de maîtriser la digivolution, mais il en est incapable.
– Pourquoi ? demanda Koushiro. Parce qu’il n’est pas humain ?
– Parce que vous possédez quelque chose qu’il n’a pas.
– Taichi, as-tu pu libérer Wormon et les autres digimons ? demanda soudain Ken.
– Non, désolé, répondit Taichi. Vos digimons n’étaient pas avec vous dans le laboratoire.
– Alors, ils sont toujours prisonniers de ce monstre, cet Yggdrasil ! s’exclama Ken en serrant les poings.
– Il faudra les délivrer, dit Gennai.
– Mais Homeostasis n’a-t-il pas détruit Yggdrasil ? demanda Joe.
– Homeostasis n’a pas ce pouvoir, dit Gennai. Il a seulement maintenu Yggdrasil dans l’Océan des Ténèbres.
– L’Océan des Ténèbres ? murmura Hikari.
– Ce monde a été originellement conçu pour contenir Yggdrasil et l’empêcher d’accéder à d’autres mondes. Hélas, Yggdrasil est fort, et la part sombre de Meikumon l’a suffisamment renforcé pour qu’il interagisse avec le digimonde et la Terre. Mais il reste prisonnier de l’Océan des Ténèbres.
– Est-ce que … est-ce que c’est l’Océan des Ténèbres qui pleuvait sur la Terre, quand tout disparaissait, pendant la bataille ? demanda Hikari.
– Oui. Quand les mondes sont perméables avec l’Océan des Ténèbres, ils courent le risque de disparaître. C’est pour cela qu’Homeostasis l’a cerné d’un Mur de Feu.
– Attendez, dit Koushiro. Vous parlez du Mur de Feu qu’avait franchi Apocalymon, lorsque nous l’avons combattu il y a six ans ? C’est ce Mur de Feu qui ferme l’Océan des Ténèbres ?
– Oui.  Apocalymon venait de l’Océan des Ténèbres et avait été créé par Yggdrasil.
– Et le serviteur d’Yggdrasil qui a fait prisonnier nos amis ? Lui aussi venait-il de l’Océan des Ténèbres ?
– Oui.
– Savez-vous de qui il s’agit ?
– Hum … je n’en suis pas sûr.

  Koushiro fronça les sourcils : Gennai ne le savait-il réellement pas, ou leur cachait-il quelque chose ? À cet instant, un digimon se matérialisa dans la chambre d’hôpital. Tous reconnurent le chien à corne de rhinocéros vêtu d’une cape rouge : Hackmon, l’envoyé d’Homeostasis. Il s’adressa à Gennai :

– Homeostasis m’a averti que tu étais libre. Merci, humain, de l’avoir sauvé, remercia-t-il Taichi en inclinant la tête. Homeostasis voudrait que tu rentres dans le digimonde, poursuivit-il à l’attention de Gennai.
– Vous servez Homeostasis, Gennai ? demanda Takeru.
– Oui. J’ai pour mission de préserver l’équilibre du digimonde. J’allais rentrer, dit-il à Hackmon. Mais ces enfants méritaient quelques explications. Vous devez rester prudents, dit-il aux digisauveurs. Homeostasis est puissant, mais Yggdrasil l’est plus encore. Son serviteur peut être partout. Une dernière chose : le reboot du monde digital a de nouveau synchronisé le temps réel et le temps du digimonde. Par conséquent, une journée là-bas est équivalente à une journée ici.

  Sur ces mots, il disparut, et Hackmon avec lui. À cet instant, la porte de la chambre coulissa et une infirmière passa la tête :

– La visite est terminée. Je vais vous prier de sortir, s’il vous plaît.
– Ne t’inquiète pas, Ken, dit Taichi. On te tient au courant de tout.
– Merci, les amis.

  Au moment de sortir, Hikari s’approcha de Ken.

– Tu te sens bien ?
– Très honnêtement, je ressens beaucoup d’émotions à la fois. Le soulagement que les autres n’aient rien … de la colère d’avoir été trompé par Mlle Himekawa, et que nos digimons soient toujours prisonniers … de l’incompréhension quant aux plans du serviteur d’Yggdrasil. Mais aussi de l’espoir, car Yggdrasil est toujours dans l’Océan des Ténèbres. Il ne peut plus nous atteindre pour le moment.
– L’Océan des Ténèbres, murmura Hikari, pensive.
– Je crois que c’est parce que j’y suis allé que j’ai repris conscience avant les autres.
– Que veux-tu dire ?
– J’ai déjà dû lutter pour me libérer du mal par le passé … j’imagine que ça m’a renforcé ? Les autres n’ont pas eu à subir cette terrible épreuve, mais maintenant, ils doivent se battre beaucoup plus fort pour vaincre ce sommeil dans lequel Yggdrasil nous a plongés.
– Je comprends. Ne t’inquiète pas, ils se réveilleront. J’en suis sûre. Repose-toi bien, dit-elle en quittant la chambre.

**********************************************************************************

  Tous les Enfants Élus sortirent de l’hôpital, pensifs. Les mains enfoncées dans ses poches, Yamato marmonna :

– Je ne sais pas si je suis content de savoir que Gennai travaille pour Homeostasis. Après tout, Homeostasis était prêt à lancer le reboot du monde réel. Est-ce que Gennai aurait laissé faire ça ?
– C’est bien possible, acquiesça Koushiro, très sérieux. Mais il nous a toujours aidés jusqu’à présent. Je pense que c’est une bonne chose qu’il soit de nouveau libre.
– Maintenant que Ken et le vrai Gennai sont hors de portée d’Yggdrasil, cela signifie-t-il que le serviteur d’Yggdrasil va cesser de prendre son apparence ? demanda Sora.
– Selon toute vraisemblance, dit Koushiro.  Cependant, Gennai nous a dit de nous tenir sur nos gardes. Nous devrons bientôt retourner dans le monde digital. Depuis notre dernier voyage là-bas, je cherche à mettre au point un portail qui puisse nous permettre de passer d’un monde à l’autre sans utiliser de D-3. Je retourne travailler dessus.
– Koushiro ! Tu ne veux pas te reposer un peu ?
– Pas maintenant. On ne sait pas ce qui nous attend.
– Fais au moins une sieste ! s’exclama Joe.
– J’essaierai, dit-il en souriant.

  Les autres décidèrent de rentrer chez eux. La nuit avait été éprouvante, et ils avaient besoin de sommeil. Au moment de se séparer, Taichi dit à Meiko :

– Je te raccompagne chez toi ?
– Si tu veux, dit-elle, gênée.

  Hikari avisa son frère, puis Meiko. Elle comprit. Ce n’était pas le moment de s’interposer.

– Takeru, est-ce que je peux venir chez toi ? lui demanda-t-elle. Je ne veux pas être seule.
– Bien-sûr, lui répondit-il avec un sourire en posant une main sur son épaule.
– Taichi, je vais avec Takeru, lança-t-elle à son frère.
– D’accord, prends soin de toi. À plus tard ! lança-t-il à ses amis. Koushiro, au moindre problème, appelle-moi !
– Ça marche.

  Taichi et Meiko se mirent en marche. Un brouillard diffus enveloppait le soleil de l’aube, comme si sa lumière filtrait à travers un voile de lin. Meiko avançait en silence. Au bout d’un moment, Taichi lui dit :

– Comment tu te sens ?
– Un peu … vide. Je suis soulagée que tout ça soit terminé. Que Mei ne souffre plus. Et en même temps … je voudrais tellement me dire que tout ça n’a été qu’un terrible cauchemar. Me réveiller et retrouver ma petite Mei près de moi …

  Elle s’arrêta, des sanglots la secouèrent. Elle retira ses lunettes pour essuyer ses yeux. Les verres étaient trempés.

– Donne, dit Taichi en tendant la main vers elle.

  Il prit les lunettes et les essuya avec un coin de sa chemise, puis les rendit à Meiko :

– Tiens.
– Merci.
– Je sais ce que tu ressens. Meikumon était la deuxième personne qui nous a quittés, aujourd’hui.
– M. Nishijima était un bon professeur. Il a veillé sur nous.  
– J’avais déjà vu des digimons disparaître, mais jamais un être humain mourir. Moi aussi, je voudrais me réveiller en me disant que tout ça n’était qu’un cauchemar.

  Taichi serra les poings, son front se plissa. Meiko baissa les yeux.

– Je comprends, dit-elle. Je pense qu’il nous faudra du temps pour surmonter tout ça.
– J’imagine. En tout cas, je voulais te dire que … tu peux compter sur moi si tu en ressens le besoin.

  Meiko sourit, reconnaissante malgré la tristesse qui inondait son âme :

– Merci beaucoup.

  Ils terminèrent le chemin en silence. Quand ils arrivèrent au pied de l’immeuble, ils se saluèrent de la main. Puis Meiko regagna son appartement, tandis que Taichi regagnait le sien.

**********************************************************************************

  Koushiro était passé au supermarché avant de retourner à son bureau : il avait acheté du thé oloong et de la nourriture pour les digimons. Puis, il s’était mis au travail. Il devait absolument mettre au point ce portail. Mais la bataille contre Ordinemon les avait tous épuisés, et même s’il se résistait à l’admettre, il tombait de sommeil. Alors que l’après-midi avançait, la fatigue eut raison de lui. Il s’écroula sur son clavier.

  La nuit tomba. Tous les Enfants Élus avaient passé leur journée à dormir. Koushiro fut soudain réveillé par le bip de sa boîte mail. Il se redressa, passa une main sur son visage las, frotta ses yeux encore lourds.

– Koushiro, un nouveau mail ? fit une voix qu’il connaissait bien.

  Il se tourna vers l’écran qui donnait sur la salle digitale qu’il avait créée pour les digimons : tous leurs compagnons, après un repas et plusieurs heures de sommeil, s’étaient de nouveau digivolvés en forme disciple. C’était Tentomon qui avait parlé à Koushiro : il sortit de l’écran et s’approcha de son ami en volant.

– De qui vient ce message ?
– Je ne sais pas. Le destinataire est masqué.

  Méfiant, Koushiro procéda à une analyse.

– Le mail ne comporte pas de virus.
– Alors, ouvre-le.

  Koushiro cliqua sur le mail. À mesure qu’il lisait le message, il sentit son sang s’accélérer dans ses veines. Dès qu’il eut lu la dernière ligne, il ouvrit son portable et composa un numéro :

– Taichi ?  Passe prendre Meiko chez elle et rendez-vous dans vingt minutes au bord de la mer, face au pont où Meikumon a disparu. Je vous expliquerai.

  Il composa ensuite le numéro de Yamato, de Sora, de Joe, de Mimi, et pour finir de Takeru :

– Takeru ? Hikari est toujours chez toi ?
– Oui. Elle dort.
– Rejoignez-moi dans vingt minutes au bord de la mer, face au pont où Meikumon a disparu. Les autres sont déjà en route. Dépêchez-vous, c’est très important.

  Takeru raccrocha et regarda la pendule de la cuisine : huit heures du soir. Sa mère n’était pas encore rentrée du travail. Il prit un post-it et écrivit : « Nous avons encore des choses à régler avec les digimons. Ne t’inquiète pas, tout ira bien. » Puis, il alla ouvrir la porte de sa chambre : il avait laissé son lit à Hikari et avait pris le sofa. Il s’assit près d’elle et lui murmura :

– Hikari ?

  La jeune fille ouvrit lentement les yeux.

– Koushiro vient de nous appeler. Ça semble important. Comment tu te sens ?
– Mieux, même si j’ai une étrange impression.
– Quelle impression ?
– Une sorte de pressentiment. Il ne m’a pas quitté depuis la mort de Meikumon.
– Ne t’inquiète pas, Yggdrasil est retenu pour le moment.
– Mais combien de temps mettra-t-il à se régénérer ?
– Ne penses pas à ça. Viens, dit-il en lui tendant la main avec un sourire.
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MessageSujet: Re: Digimon Tri. 7ème Partie - Révélations   Digimon Tri. 7ème Partie - Révélations Icon_minitimeDim 11 Aoû 2019 - 13:04

Coucou ! Voilà les chapitres 2 et 3 de ma fanfic Smile


Chapitre 2


 Un quart d’heure après que Koushiro avait reçu ce mail d’appel au secours, tous les Enfants Élus se retrouvèrent sur la berge face au pont détruit par Ordinemon. Koushiro avait fait sortir tous les digimons de la salle des serveurs. Taichi et Meiko arrivèrent les derniers.

– Koushiro ! s’exclama Taichi. Qu’est-ce qu’il se passe ?
– Je viens de recevoir un email étrange. Je me suis d’abord demandé si ce n’était pas un virus, car l’émetteur était masqué. Mais après avoir procédé à quelques analyses, j’ai eu la certitude qu’il était sain.
– Qu’est-ce qu’il dit ? demanda Joe.
– C’est un appel au secours, dit-il en tournant l’écran vers eux.

 Tous purent lire distinctement le mail : « Ce message est destiné aux Enfants Élus. Je sais qui vous êtes, et ce que vous avez fait pour le monde digital. Je suis votre allié, mais j’ai besoin de votre aide. C’est une question de vie ou de mort. J’ouvrirai un passage vers le digimonde dans exactement trente-minute à compter du moment où vous ouvrirez ce message, là où vous avez vaincu Ordinemon. Je vous attendrai. »

– Et si c’était un piège ? se méfia Yamato.
– Je ne crois pas, dit Koushiro. En creusant un peu, j’ai découvert que ce message émanait de la même source – ou, tout du moins, du même groupe de sources – que le mail qui contenait la prophétie pour la digivolution ultime.
– Tu veux dire … que c’est la même personne qui envoyé les deux mails ?
– Je le crois.
– Ne devrions-nous pas contacter Gennai avant d’aller dans le digimonde ? fit Sora.
– Je crains que nous n’en ayons pas le temps, dit Koushiro en regardant sa montre. Le portail devrait apparaître d’une minute à l’autre.
– Je ne crois pas que celui qui nous a écrit soit dangereux, dit soudain Hikari.
– Comment tu peux en être aussi sûre ? demanda Taichi.
– Je le sens.
– Bon, alors allons-y ! s’exclama Mimi.

 Au même instant, un immense portail se pixélisa alors devant eux, ouvrant un passage vers le monde digital. Koushiro se releva, rangea son ordinateur portable :

– Prêts ?
– Prêts ! acquiescèrent ses amis.

  Ils s’élancèrent alors à travers le portail, et dès que le dernier d’entre eux l’eut franchi, il se referma. Ils atterrirent sur une plage près d’une mer gelée. Comme dans le monde réel, il faisait nuit dans le monde digital. Seules les étoiles du ciel leur apportaient une faible clarté. Les yeux des adolescents durent s’habituer à l’obscurité. Ils distinguèrent d’abord une grande forme devant eux. Elle s’avança dans la lumière des trois lunes du digimonde, et tous purent alors la voir distinctement.
 C’était un grand tigre blanc aux rayures indigo. Sa tête était couverte d’un grand masque de métal bleu qui laissait voir deux paires d’yeux rouges, l’une au-dessus de l’autre. De chaque côté de ce masque saillaient deux piques indigo presqu’aussi longues qu’un bras. Ses pattes avant étaient recouvertes par deux protections en métal bleu sur lesquelles se détachait un kanji blanc. Il portait des anneaux à pointes de fer sur ses pattes arrière et à l’extrémité de sa queue. Trois larges épines noires suivaient sa colonne vertébrale. Ce qui impressionna le plus les Enfants Élus, cependant, furent les douze digi-sphères d’un jaune éclatant qui faisaient cercle autour de son abdomen, telle une ceinture flottante de lumière. Il se dégageait de ce grand digimon une aura de puissance et de majesté.

À ses pieds était étendu le corps d’un être humain, qui paraissait sans vie. Les yeux de Taichi s’écarquillèrent brusquement :

– Sensei !

 En effet, tous reconnurent M. Nishijima. Taichi se précipita près de lui. Les autres le suivirent en courant. M. Nishijima portait les mêmes blessures que lorsque Taichi l’avait vu pour la dernière fois, mais il ne saignait plus. Il était inconscient. Joe s’agenouilla près de Taichi, s’inclina et approcha son oreille du nez de M. Nishijima :

– Il respire.

 Dans le cœur de Taichi, une lumière d’espoir s’alluma. Joe se redressa, prit le poignet de M. Nishijima et chercha le pouls.

– Le pouls est filant, j’ai du mal à le sentir. Il est en état de défaillance circulatoire. Il a perdu trop de sang. Il faut le ramener dans le monde réel pour le conduire à l’hôpital si on veut avoir une chance de le sauver.
– Tu as raison, acquiesça une voix grave au-dessus de lui.

 Tous relevèrent la tête. Le tigre blanc les dévisageait de ses quatre yeux rouges en amande.

– Koushiro, qui est-ce ? demanda Takeru.

 Koushiro alluma son ordinateur et ouvrit son analyseur. Quand il lui révéla l’identité du digimon, il ouvrit de grands yeux :

– Incroyable ! C’est … Baihumon ! L’une des quatre Bêtes Sacrées du digimonde !
– Tu veux dire … comme Azulongmon ? comprit Takeru.
– C’est exact, approuva Baihumon. Alors qu’Azulongmon protège la région de l’est du monde digital, je protège l’ouest. Vous devez savoir qu’Azulongmon, ainsi que les deux autres Bêtes Sacrées du digimonde, Xuanwumon et Zhuqiaomon, ont de nouveau été emprisonnés par les Ténèbres.
– Tu parles … d’Yggdrasil ? demanda Koushiro.
– Oui. Ils auront besoin de vous pour se libérer.
– Mais toi, comment t’es-tu libéré ? demanda Sora.
– J’ai pu le faire car je devais protéger Daigo.
– Daigo … tu veux dire … M. Nishijima ? dit Koushiro, surpris.
– C’est toi qui l’as sauvé de l’explosion du laboratoire ? demanda Taichi.
– Oui. Mais nous n’avons pas le temps de parler. Vous devez vous hâter. Ramenez Daigo dans votre monde, et sauvez-le.  

 Les digi-sphères de Baihumon s’illuminèrent alors, et le portail vers le monde réel se rouvrit.

– Allons-y, dit Taichi.

 Avec précaution, Taichi et Yamato prirent M. Nishijima par les aisselles, tandis que Joe le soulevait par les pieds. Lentement, ils repassèrent l’ouverture qui les ramènerait vers leur monde. En un instant, ils étaient revenus sur les rives d’Odaiba.

– J’appelle une ambulance, dit Joe en sortant son téléphone portable.

 Cinq minutes plus tard, les ambulanciers arrivaient. La nuit facilitait la circulation, et ils furent en peu de temps aux urgences. Des médecins prirent tout de suite M. Nishijima en charge. Les Enfants Élus demeurèrent dans la salle d’attente. Quelques minutes passèrent, et le médecin urgentiste ressortit brusquement :

– Vous ! dit-il aux adolescents. Est-ce vous qui avez amené l’homme aux multiples fractures ?
– C’est bien nous, acquiesça Joe.
– Qui êtes-vous pour lui ?
– Nous sommes … ses élèves, dit Sora.
– Savez-vous s’il a de la famille ? Il ne portait aucun papier sur lui.
– Nous … nous l’ignorons, répondit Yamato.
– Nous devons absolument la contacter. Cet homme a perdu énormément de sang, il a besoin d’une transfusion d’urgence si nous voulons qu’il survive. Le problème est qu’il a un groupe sanguin très rare : AB négatif. Nous ne possédons pas de ce groupe sanguin dans nos réserves, mais peut-être qu’un membre de sa famille a le même.

 Les Enfants Élus se regardèrent, alarmés. Ils ignoraient complètement si M. Nishijima avait de la famille à Tokyo.

– Si l’un d’entre nous avait le même groupe sanguin, réfléchit Joe, nous pourrions proposer au médecin de donner notre sang. Mais ce n’est pas possible pour moi : je suis A positif.
– Moi aussi, dit Sora.
– Moi aussi, dit Mimi.
– Vous autres, l’un de vous est-il O négatif ? leur demanda Joe. Les O sont donneurs universels pour tous les autres groupes sanguins, à condition d’avoir le même rhésus.
– Désolé, je suis O positif, dit Koushiro.
– Mon frère et moi sommes B positif, dit Takeru.
– Attendez ! s’exclama Hikari. Taichi et moi sommes AB négatif !
– Hikari, comment tu sais ça ? s’exclama Taichi.
– Quand j’ai dû aller à l’hôpital à cause de ma pneumonie, il y a dix ans, on m’a dit mon groupe sanguin. Maman m’a dit que nous avions tous le même dans la famille et qu’il était très rare.
– Mais alors … on peut sauver M. Nishijima ! s’exclama Taichi.

 Il s’avança vers le médecin :

– Docteur, attendez ! J’ai le même groupe sanguin que cet homme, et je suis d’accord pour que vous lui transfusiez mon sang.
– Vous êtes de sa famille ?
– Non.
– Vous êtes majeur ?
– Heu … non.
– Il me faut l’autorisation de vos parents.

 Taichi échangea un regard affolé avec ses amis : le temps passait, et M. Nishijima était peut-être sur le point de mourir. Il revit le visage ensanglanté de son professeur, le garrot de fortune qu’il s’était fait avec sa veste. Il s’était sacrifié pour le sauver, dans ce laboratoire infernal. C’était à lui maintenant de l’aider. Taichi sentit l’angoisse le saisir. Il se mit en colère :

– Docteur, vous avez besoin d’un donneur de sang ! Je suis prêt à vous aider, alors que voulez-vous de plus ? Vous l’avez dit vous-même, ce groupe sanguin est extrêmement rare. Vous ne trouverez pas d’autre donneur à temps. Vous allez regarder cet homme mourir parce que je ne suis pas majeur ?

 Le médecin le dévisagea. Sa mâchoire se contracta, il sourcilla, hésitant. Taichi le fixait, déterminé, poings serrés.

– Bon, venez avec moi, lui dit-il. Tenez, mettez ce masque chirurgical.  Il faut faire vite !
– Taichi ! s’exclama Sora.  
– Non, nous ne devons pas aller avec lui pour ne pas transporter de bactéries ! s’exclama Joe en la retenant. Tout ce qu’on peut faire maintenant, c’est attendre.

 Le médecin amena Taichi jusqu’au bloc opératoire où les médecins s’occupaient des blessures M. Nishijima. La porte du bloc s’ouvrit et deux médecins poussèrent un brancard où était étendu le professeur. Un masque à oxygène lui couvrait le nez et la bouche.

– Nous avons drainé le sang et suturé les plaies, mais il lui faut une transfusion au plus vite, dit le chirurgien avant de retourner dans le bloc.
– On s’en occupe, dit l’autre docteur. Suis-moi, mon garçon, dit-il à Taichi.

 Ils firent rouler le brancard jusqu’à une chambre proche équipée pour la transfusion. Deux lits parallèles s’y trouvaient. Ils couchèrent M. Nishijima sur l’un, tandis que le docteur dit à Taichi :

– Allonge-toi ici et remonte ta manche droite.

 Le médecin désinfecta la zone qu’il allait piquer, puis plaça l’aiguille du transfuseur. Il relia le tube au cell saver, machine capable de récupérer directement le sang pour le centrifuger et le réinjecter. De l’autre côté, deux médecins préparait M. Nishijima. Taichi ne quittait pas des yeux son professeur. « Accrochez-vous, Monsieur … » pensait-il. « Vous m’avez sauvé la vie, c’est à moi de vous sauver. Je ne vous laisserai pas mourir. » Il serra le poing fermement, et son sang fut expulsé au cell saver. Et lentement, il alla réalimenter les veines de M. Nishijima.

**********************************************************************************

  Les adolescents s’étaient installés dans la salle d’attente pour patienter. La nuit avançait, et ils ne voyaient toujours pas Taichi reparaître. Koushiro avait sorti son ordinateur, et dans la salle, on n’entendait presque que le pianotement de ses doigts sur le clavier.

– C’est très long, dit Hikari d’une voix tendue. Ça va faire presque trois heures qu’il est là-bas.
– M. Nishijima avait perdu beaucoup de sang, dit Joe. Un litre, peut-être plus. Une transfusion doit se faire lentement, c’est pour cela que ça prend du temps.
– Mais … ils vont prendre un litre de sang à Taichi ? demanda Yamato. Je veux dire … c’est pas dangereux ?
– Ils lui en prendront sans doute un peu moins, dit Joe. Sinon, c’est Taichi qui pourrait tomber dans les pommes. En espérant que ce qu’il donnera à M. Nishijima lui permette de guérir.
– Meiko ? fit Agumon en s’approchant de la jeune fille. Tout ira bien pour Taichi, n’est-ce pas ?

 Meiko sursauta, surprise qu’Agumon s’adresse à elle. Elle lui sourit et lui dit, d’une voix qui se voulait rassurante :

– Je suis sûre que oui. Taichi est fort. Mais il aura sans doute faim en sortant, alors il faudra peut-être que tu lui laisses ta part pour une fois !
– Pas de problème ! Pour Taichi, je ferai n’importe quoi. Mais, dis-moi, Meiko …
– Oui ?
– Est-ce que je pourrai quand même avoir à manger moi aussi ?
– Hi hi, évidemment ! dit-elle en riant.

 Une infirmière sortit alors dans la salle d’attente et s’approcha du groupe.

– Votre ami a terminé sa transfusion. Il se repose à la cafétéria. Vous pouvez aller le voir si vous voulez.
– Et notre professeur ? demanda Takeru.
– Il est encore inconscient. Mais la transfusion a réussi : il est hors de danger.

 Un grand sourire illumina le visage des Enfants Élus. Ils rejoignirent Taichi à la cafétéria.

– Grand frère ! s’exclama Hikari. Comment te sens-tu ?
– Un peu étourdi. Je crois qu’on m’a prélevé plus que la normale. Mais c’était pour la bonne cause. Les médecins m’ont dit de ne pas trop me forcer, de manger et de boire.
– Je crois qu’on a tous besoin de manger, dit Mimi. Pourquoi ne pas aller se chercher un plateau chacun à la cafétéria ?
– Vu l’heure, ce doit être fermé depuis longtemps, dit Joe. Il va être minuit.
– Mais il reste les machines ! s’exclama Mimi en se lançant à leur assaut. Qui veut quoi ?

 Ils dévalisèrent les distributeurs automatiques de tous les onigiris qui s’y trouvaient. Agumon regarda le sien, comme s’il hésitait à le manger. Il s’approcha finalement de Taichi et lui tendit :

– Taichi ! Tiens, Meiko m’a dit que tu aurais besoin d’une double ration aujourd’hui.
– Agumon … merci, vraiment. Mais tu sais, avec tout ce que tout le monde a déjà partagé avec moi, je vais exploser si j’avale une bouchée de plus ! Fais-moi plaisir, prends-le. Tu n’as encore rien mangé, c’est toi qui va t’évanouir si ça continue !
– Bon, si tu insistes … dit Agumon en contemplant son onigiri. Bon appétit !

 Et il fourra le triangle de riz tout entier dans sa bouche. Koushiro avait à peine touché à son sandwich, mais gardait son ordinateur ouvert sur ses genoux.

– Koushiro, qu’est-ce que tu fabriques ? demanda Mimi.
– Je voulais vérifier quelque chose. C’est bien Baihumon, ou plutôt, les Quatre Bêtes Sacrées qui nous ont envoyé la prophétie de la digivolution ultime. Comme s’ils savaient que c’était possible …
– Moi, ça ne me surprendrait pas, dit Tentomon. Après tout, ce sont les sphères d’Azulongmon qui nous ont permis de nous sur-digivolver  pendant notre tour du monde pour éliminer les Tours Noires, il y a trois ans. Les Quatre Bêtes Sacrées doivent savoir beaucoup de choses sur la digivolution.
– C’est vrai, mais … il y avait quelque chose d’étrange avec Baihumon. Vous avez remarqué qu’il connaissait M. Nishijima ? Qu’il l’appelait par son prénom … comme si … comme s’ils se connaissaient ?

 Tous hochèrent la tête, perplexes. Il n’y avait plus personne dans la cafétéria. Taichi alla demander des nouvelles à l’infirmière de l’accueil. Il revint en secouant la tête :

– Il n’est toujours pas réveillé.
– Il est probable qu’il ne se réveille pas avant demain, dit Joe, une main sur le menton.
– On devrait peut-être rentrer chez nous pour dormir un peu ? proposa Sora.
– Bonne idée, approuva Mimi en baillant. Je tombe de fatigue !
– Même avec la sieste qu’on a faite ? ironisa Palmon.
– Oh, tu peux râler ! Tu étais bien contente de la faire avec moi !
– Sora a raison, approuva Takeru. Ça ne nous fera pas de mal.
– Je vais rester ici, dit Taichi.
– Taichi, tu es sûr ? demanda Hikari en prenant Tailmon dans ses bras. Tu dois te reposer.
– On m’a préconisé d’éviter tout effort physique. En restant ici, je ne risque rien.
– Je vais rester avec toi.
– Non, Hikari, tu es fatiguée, rentres à la maison. Ne t’inquiète pas pour moi, je t’assure.
– Bon, si tu es sûr de toi …
– Je … je vais rester moi aussi, dit Meiko.

 Tous se tournèrent vers elle, surpris.

– Pour être franche, je … je n’ai pas envie d’être seule chez moi, avoua-t-elle.
– D’accord, soupira Yamato, donc rendez-vous demain, c’est ça ?
– C’est ça, approuva Taichi. Je vous appelle dès que M. Nishijima se réveille.

 Ils se saluèrent, puis se séparèrent.

– Il y a une salle de repos par-là, avec des fauteuils confortables, dit Taichi à Meiko. Tu veux y aller ?
– D’accord.

 Ils s’y rendirent et s’assirent sur les sièges inclinés. Taichi ne tarda pas à s’endormir, Agumon à ses côtés. Meiko resta assise à contempler le ciel étoilé. Elle ne parvenait pas à trouver le sommeil. Finalement, elle se leva et erra dans les couloirs de l’hôpital. Il y régnait un silence absolu : elle n’entendait que le son étouffé de ses pas. La lumière verte des issues de secours conférait une atmosphère étrange à l’hôpital, comme si le temps y était suspendu. À travers les vitres des chambres, elle devinait des enfants, des vieillards, des femmes, des hommes. Certains devaient être très malades. Peut-être y en avait-il qui allaient mourir ? Souffraient-ils ? Meikumon avait-elle souffert quand elle avait disparu ? Qu’avait-elle ressenti ? Il avait semblé à Meiko que la connexion entre elles s’était évanouie quand Meikumon s’était transformée en Ordinemon. Qu’elle avait perdu ce qui la reliait à sa partenaire digimon. Était-ce le destin de Meikumon de disparaître ? Était-ce mieux ainsi ? Aurait-il pu en être autrement ?
 Elle s’arrêta soudain devant une chambre où un garçon ne dormait pas : c’était Ken Ichijouchi. Il tourna la tête à ce moment et la reconnut lui aussi. Il lui fit signe d’entrer. Elle poussa la porte coulissante et pénétra dans la chambre. Ils se dévisagèrent. Meiko se dit qu’il devait avoir l’âge d’Hikari et de Takeru.

– Tu es Meiko Mochizuki, n’est-ce pas ?
– O… oui. Et toi, tu es Ken Ichijouchi ?  
– Oui. Nous n’avons pas vraiment été présentés, hier.
– Tu venais d’échapper à Yggdrasil, et tu avais besoin de repos. C’est bien normal.
– Tu es la partenaire de Meikumon, n’est-ce pas ?
– Oui, enfin … je l’étais. Meikumon s’est transformée en Ordinemon et menaçait de détruire la Terre. Elle possédait en elle une donnée d’Apocalymon, dont Yggdrasil se servait comme balance en faveur du mal.
– Je sais. Koushiro m’a expliqué.
– Alors, tu sais que … que nous n’avons pas eu le choix ? Nous … nous l’avons sacrifiée pour sauver l’humanité, et …

 Les poings de Meiko se serrèrent, sa gorge se noua.

– … et je n’ai rien pu faire pour la sauver.

 Ken la dévisagea gravement. Il baissa les yeux vers son drap et dit :

– Tu sais, Meiko, on ne se connait pas vraiment. Mais, crois-le ou non, je sais ce que tu ressens.
– Comment … comment peux-tu le savoir ?
– Tu as entendu ce qu’a dit Gennai ? Le plus fidèle serviteur d’Yggdrasil a pris son apparence et la mienne pour se matérialiser dans le monde digital et dans le monde réel. Tu as sans doute vu que l’apparence qu’il prenait de moi est différente de celle que j’ai aujourd’hui ? Cette apparence, c’est celle que j’arborais quand j’étais l’Empereur des digimons. À l’époque, parce que j’étais seul et malheureux, j’ai laissé les ténèbres entrer en moi. J’ai laissé Yggdrasil gagner, et j’ai fait du mal à beaucoup de digimons. Surtout à mon partenaire, Wormon. Quand je me suis aperçu de mon erreur, c’était trop tard. Wormon s’est sacrifié pour me sauver. Il est mort, et longtemps, j’ai cru qu’il ne renaîtrait jamais sous forme de digi-œuf. Je me suis détesté, haï pour tout le mal que j’avais commis. J’avais maltraité Wormon, je ne l’avais pas protégé alors qu’il est mon partenaire. J’avais été un monstre, et je pensais que personne ne pourrait me voir autrement. J’avais été un obstacle pour les Enfants Élus, un fléau pour le digimonde. Il m’a fallu du temps avant de comprendre que je devais tourner la page du passé si je voulais redevenir meilleur. Pendant longtemps, je ne me suis pas accepté. Et … quand je te vois, quand je t’ai vue hier, j’ai su que tu ressentais exactement la même chose.

 Meiko fixait Ken, tremblante. À cet instant, les larmes coulèrent sur ses joues, elle secoua la tête, et lâcha tout ce qu’elle avait sur le cœur depuis des semaines :

– Oui, c’est vrai. Tu as raison ! Je me sens tellement coupable de ne pas avoir pu sauver Meikumon ! De ne pas l’avoir mieux protégée d’Yggdrasil ! De ne pas avoir pu aider mes amis, parce que mon digimon se déchaînait ! Combien de fois me suis-je sentie … inutile, faible ! Pas à la hauteur de ce que mes amis attendaient. Pas à la hauteur de ce que Meikumon espérait de moi. Je crois que si elle est morte, c’est ma faute. Ma faute, parce que je n’ai pas pu empêcher de renaître le mal qui était en elle ! Je me déteste, je me déteste !

 Meiko tomba à genoux, impuissante, les larmes coulant sur ses joues. Ken la regardait, et dans son regard il lisait la même douleur que celle qu’il avait éprouvé trois ans auparavant. D’une voix calme, il dit :

– Tu oublies une chose, Meiko Mochizuki. Si elle ne t’avait pas rencontrée, Meikumon se serait peut-être déchaînée plus tôt. Quoi que tu penses, tu l’as sauvée. Toutes ces années que tu as passées avec elle avant d’arriver à Tokyo, tu l’as sauvée.
– Pour finalement la laisser mourir ? s’exclama-t-elle en relevant la tête. Je ne suis qu’un monstre !
– Ce n’est pas vrai. Tu n’es pas responsable du fait que Meikumon possédait en elle des données d’Apocalymon.
– Alors, elle était destinée à disparaître depuis sa naissance, c’est ça ? Mais dans ce cas, à quoi servais-je ? Pourquoi ai-je été choisie comme Enfant Élue ?
– Je crois … que rien entre nous et les digimons n’est fait au hasard. Après avoir cessé d’être l’Empereur des digimons, je ne comprenais pas non plus comment j’avais pu être choisi. Pourtant, quand j’ai retrouvé Wormon, j’ai su. J’ai su qu’une force, qu’une raison qui me dépassait faisait que j’avais été choisi. Pas pour sauver la Terre, ou le digimonde, mais d’abord pour Wormon. Et je crois que cela est valable pour toi et Meikumon. Ce n’était pas un hasard, même si aujourd’hui tu n’en perçois pas le sens. Mais tu ne dois pas laisser ton cœur s’assombrir. Tu as le droit de pleurer, et de te pardonner, aussi. S’il reste quelque chose de Meikumon dans le monde digital, ou dans ton cœur, ce n’est qu’en faisant renaître la lumière en toi que tu la verras.
– Tu crois … tu crois sincèrement que c’est possible ?
– Je le pense.

 Meiko essuya ses larmes et observa Ken. Il y avait un tel calme, une telle sagesse dans son regard, alors que son cœur à elle n’était que révolte et souffrance. Pourrait-elle un jour être comme lui ?

– Tu sais, moi aussi je m’inquiète pour Wormon, dit finalement Ken. Je n’ai aucune nouvelle de lui et j’espère qu’Yggdrasil ne lui aura pas fait de mal. Mais tant qu’il est dans mon cœur, je sais que je pourrai toujours l’aider.
– Je … j’aimerais pouvoir me dire la même chose pour Meikumon.
– Tu dois le croire.

 Meiko sentit les plaies de son âme moins douloureuses tout à coup, comme si l’espoir y renaissait. Elle se releva et s’inclina face à Ken :

– Merci. Merci beaucoup, Ken Ichijouchi.
– Tu as dormi ?
– Non, pas encore.
– Tu veux rester ici ?
– Heu ... d’accord. Merci beaucoup.

 Elle s’assit sur un fauteuil près du lit de Ken, retira ses lunettes, et s’endormit rapidement.
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MessageSujet: Re: Digimon Tri. 7ème Partie - Révélations   Digimon Tri. 7ème Partie - Révélations Icon_minitimeDim 11 Aoû 2019 - 13:15

Chapitre 3


  Quand Taichi se réveilla, il était près de sept heures du matin. La salle de repos et les couloirs de l’hôpital commençaient à reprendre vie. Des médecins et des infirmières circulaient pour prodiguer les premiers soins de la journée aux malades. Taichi se redressa et avisa le siège où se trouvait Meiko la veille : elle n’y était plus. Où pouvait-elle être allée ?

– Agumon ?
– Mmm ? marmonna-t-il en se réveillant. Quoi ?
– Tu as vu Mei ?
– Hum … non. Mais j’ai faim.

  Taichi se leva et alla acheter un petit-déjeuner à Agumon. Puis ils parcoururent les couloirs : Taichi vit soudain Meiko sortir d’une chambre. C’était celle de Ken.

– Mei ? Je me demandais où tu étais passée, je m’inquiétais de ne pas te voir.
– Je suis désolée. J’ai discuté avec Ken Ichijouchi cette nuit. Il … je crois qu’il comprend ce que je peux ressentir. Cela m’a fait du bien d’en parler avec quelqu’un.

  Taichi se renfrogna un peu, sans bien savoir pourquoi. Peut-être parce qu’il aurait préféré que Meiko se confie à lui. Mais au fond, elle avait raison : Ken devait être mieux placé que lui pour la comprendre.

– Je suis content si cela t’a aidé. Ken a connu des heures sombres lui aussi. Mais il a réussi à retrouver la lumière en lui, et c’est ça le plus important.
– Oui. J’espère que j’y arriverai aussi.
– J’en suis persuadé. En tout cas, si tu éprouves à nouveau le besoin d’en parler, je … je t’écouterai, dit-il en rougissant légèrement.
– Mer … merci, répondit-elle, gênée, en rougissant également.

  Taichi détourna le regard. Il toussa pour reprendre contenance :

– Bon, je vais voir si M. Nishijima s’est réveillé.
– D’accord. Je vais seulement prendre un chocolat et j’arrive.
– Taichi, est-ce que je peux aller avec Meiko prendre un deuxième chocolat ? demanda Agumon.
– Bien-sûr, rit Taichi. À tout de suite, tous les deux.  

  Taichi remonta les couloirs jusqu’à la chambre de M. Nishijima. Quand il arriva, le professeur dormait toujours. Une infirmière devait être déjà passée, car il ne portait plus de masque à oxygène. Sa respiration était redevenue régulière. Taichi s’assit sur une chaise, sans bruit, et ferma les yeux. « Quel silence », pensa-t-il. Dix minutes passèrent. Tout à coup, Taichi perçut un léger mouvement. Il rouvrit les yeux et vit que M. Nishijima venait d’ouvrir les siens. Le regard du professeur balaya la chambre avant de se poser sur Taichi. L’adolescent vit un faible sourire se dessiner sur son visage.

– Taichi … murmura-t-il. Je suis content de te voir.
– Monsieur … moi aussi, je suis content.  

  À cet instant, la porte de la chambre s’ouvrit : Meiko et Agumon entrèrent, une tasse de chocolat à la main chacun.  

– Désolée, il y avait la queue, et … M. Nishijima ! s’exclama Meiko, joyeuse. Vous êtes réveillé ! Taichi, ça a marché !
– De quoi parle-t-elle ? demanda M. Nishijima à Taichi.
– Eh bien … marmonna Taichi, gêné.
– Taichi vous a donné son sang, car il était le seul de nous tous à avoir le même groupe que vous, Monsieur, expliqua Mei. Je vais appeler les autres pour les prévenir ! Je reviens !

  Meiko prit son téléphone et sortit, suivie d’Agumon. Dès que la porte se fut refermée, M. Nishijima se redressa :

– C’est vrai, Taichi ? Tu as … fait ça pour moi ?
– Vous aviez fait plus que ça pour moi dans ce laboratoire, Monsieur.
– Merci … Taichi.

  Ils se dévisagèrent, longtemps. Chacun lut dans les yeux de l’autre du respect, de la reconnaissance, et même … de l’amitié.

   Une demi-heure plus tard, les Enfants Élus se trouvaient tous réunis dans la chambre de M. Nishijima. Ils étaient heureux du retour parmi eux de leur professeur.

– On s’est inquiété ! s’exclama Sora, rassurée.
– Pour être honnête, on s’est demandé si on arriverait à temps, dit Joe.
– Enfin, maintenant, vous avez meilleure mine ! se réjouit Mimi.
– C’est vrai, vous nous avez fait peur, acquiesça Takeru.
– Ne parlez pas si fort, dit M. Nishijima en riant. Il ne vaut mieux pas que les médecins vous entendent, car ils feraient une syncope s’ils voyaient combien de visiteurs je reçois dans ma chambre en ce moment !
– C’est sûr que neuf adolescents et huit digimons, c’est … discret, ironisa Yamato.

  Tous rirent. Seul Koushiro demeurait sérieux. Il s’approcha du lit du professeur :

– M. Nishijima, puis-je vous poser une question ?
– Vas-y.
– Nous avons pu vous sauver car nous avons été appelés par un digimon. Pour être exact, l’une des Quatre Bêtes Sacrées du digimonde. Je crois que c’est lui qui vous a sauvé de l’explosion du laboratoire. Il semblait vous connaître. Il vous a appelé par votre prénom.

  M. Nishijima sourit.

– Il y avait si longtemps que je n’avais pas senti sa présence … Je pensais que nous avions perdu tout lien, mais quand il m’a protégé, j’ai ressenti … exactement la même chose que lorsque je l’ai rencontré pour la première fois.
– Que voulez-vous dire ?
– Avant de devenir une Bête Sacrée, Baihumon était … mon partenaire digimon.

  Les Enfants Élus en restèrent bouche bée.

– Mais … mais dans ce cas, si vous aviez un partenaire digimon …, balbutia Koushiro.
– Vous êtes … dit Joe, sans parvenir à terminer sa phrase.
– Un Enfant Élu ? lâcha Taichi.

  M. Nishijima les considéra d’un regard affectueux :

– Oui, j’ai fait partie des cinq premiers Enfants Élus.

  La nouvelle fit l’effet d’un choc sur les adolescents. Taichi ne lâchait plus des yeux ce professeur auquel il avait sauvé la vie et qui se révélait avoir un lien plus fort avec eux que tout ce qu’il avait imaginé.

– Vous voulez dire, dit Takeru, que vous avez fait partie des premiers digisauveurs dont nous a parlé Gennai ?
– Oui.
– Qui étaient les autres ? demanda Koushiro.
– Eh bien, parmi eux, il y avait Maki Himekawa, que vous connaissez tous.
– Mlle Himekawa a été une Enfant Élue ? s’exclama Sora.
– Une Enfant Élue ? s’offusqua Mimi. Alors qu’elle s’est jointe à Yggdrasil ? Quelle traîtresse !
– Il ne faut pas la juger sans savoir … Hime a beaucoup souffert, et j’aurais dû l’aider davantage. Je le regrette aujourd’hui.
– Qui étaient les trois autres digisauveurs ? demanda Yamato.
– Ils s’appelaient Eiichiro Minami, Ibuki Hokubu et Shigeru Higashi.
– S’appelaient ? répéta Koushiro.
– Ils sont morts.  

  Une ride s’était creusée au front de M. Nishijima, et la douleur avait envahi son regard. Un silence glacé tomba sur la chambre.

– Morts ? répéta Hikari dans un souffle.
– Vous voulez vraiment que je vous parle de tout ça ? dit M. Nishijima avec un sourire forcé. Je préfèrerais avoir quelque chose de plus gai à vous raconter …

  Comme les adolescents restaient muets, M. Nishijima soupira et dit :  

– Bon d’accord. Il est normal que vous souhaitiez savoir.
– Quand êtes-vous allés dans le digimonde pour la première fois ? demanda Koushiro.  
– La première fois, nous avions entre dix et douze ans. Hime était la plus grande. Moi, j’avais un an de moins qu’elle. Eiichiro et Ibuki avait le même âge que moi, Shigeru était plus jeune. Nous fréquentions la même école, tous les cinq. C’est là que nous nous étions rencontrés. Hime était la plus joyeuse d’entre nous, elle inventait toujours de nouveaux jeux, parfois non sans risques. Elle n’avait peur de rien.

  M. Nishijima sourit, à mesure qu’il se rappelait les escapades dans lesquelles Hime les avaient tous entraînés. Combien de fois étaient-ils rentrés chez eux leur pantalons troués ou plein de terre, parce qu’elle les avait persuadés qu’en haut de la colline boisée au-dessus de l’école se trouvait un monde magique ? Ils avaient beau jouer, quand elle les guidait, il avait l’impression qu’elle y croyait vraiment. Et quand les autres en avaient assez, il était souvent le seul à rester avec Hime, et à imaginer toutes ces fées et ces fantômes avec elle.

– Eiichiro était un ami fidèle et intègre, poursuivit-il. Il détestait les mensonges et la trahison, et veillait toujours à être poli et respectueux. Il avait trois frères dont il prenait grand soin. Son père était militaire et ne rentrait pas souvent à la maison, alors il assumait beaucoup de choses chez lui. Il rêvait d’être cuisinier. D’ailleurs, il était gourmand ! Ibuki était toujours en train de lire un nouveau livre. Elle dévorait tout ce qui lui passait sous la main. Je crois qu’elle s’intéressait à tout, et elle était plutôt douée en mathématiques et en langues. Quand nous étions petits, elle parlait déjà anglais, et quand nous sommes arrivés au lycée, elle avait commencé le français et l’espagnol. Elle avait toujours une anecdote à nous raconter. Elle adorait partager ses connaissances avec nous, et était très inventive. Combien de fois avons-nous fait des expériences qui ont raté ! C’était aussi une fille très attentionnée. Chaque fois que l’un de nous avait une baisse de moral, elle était toujours là pour nous. Comme si tout ce qu’elle lisait l’aidait à nous comprendre. Shigeru était le plus réfléchi de nous tous. Le plus posé aussi, sans doute, même s’il était le plus jeune. Il était d’une grande sensibilité, et était toujours sincère. Il haïssait la cruauté, l’égoïsme, le mal en général. Je crois que lorsque nous étions enfants, il ne comprenait pas comment la méchanceté pouvait exister. Et puis, en grandissant, il a dû faire face à la réalité … et ce fut difficile pour lui de l’accepter. Pourtant, je crois que cette désillusion l’a rendu plus fort, parce qu’il a su garder l’espoir en lui malgré l’adversité. Il aurait fait n’importe quoi pour nous.
– Et vous, comment étiez-vous ? demanda Mimi, curieuse.
– Moi ? rit M. Nishijima. À cet âge, j’avais des rêves plein la tête, tout me paraissait possible. Je n’avais pas peur de grand-chose, ce qui faisait qu’avec Hime nous étions souvent les moteurs du groupe. À cette époque, je crois que je voulais être poète ou inventeur. Je suis devenu professeur, ce n’est pas tout à fait la même chose. Mais j’ai gardé ce désir d’aider les autres, surtout les plus jeunes. J’aurais tout fait pour mes amis.  
– Comment avez-vous été amené à entrer dans le digimonde ? demanda Takeru.
– La première fois, nous ne l’avions pas choisi. C’était un soir de printemps, nous rentrions d’une des expéditions qu’Hime avait organisée. Alors que nous redescendions la colline pour rentrer chez nous, le sol s’est ouvert … et nous a aspirés.  
– Pourquoi avez-vous été appelés dans le digimonde ? demanda Taichi.
– Nous ne l’avons pas su tout de suite … un peu comme vous, je suppose ?
– C’est vrai qu’en arrivant dans le digimonde, on ne savait rien, se rappela Joe. Et je me demande si on en sait beaucoup plus aujourd’hui.
– Quoi qu’il en soit, nous y avons rencontré nos partenaires digimons.
– Baihumon ? fit Takeru.
– À l’époque, mon digimon était un simple Bearmon. Mais ce fut l’ami le plus proche que j’ai jamais eu. Nous ne savions pas très bien où nous avions atterri. Nous avons été attaqués par de méchants digimons, et nous avons pu faire se digivolver nos partenaires. Ce n’est qu’en parlant avec de bons digimons que nous avons compris qui étaient nos véritables ennemis.
– Et qui était-ce ? demanda Sora.
– Les Maîtres de l’Ombre.
– Les Maîtres de l’Ombre ? s’écrièrent les adolescents en chœur.
– La bataille que nous avons livré contre eux fut terrible … et nous aurions perdu, sans l’intervention d’Homeostasis.
– Homeostasis ? répéta Koushiro. Vous le connaissiez ?
– À l’époque, j’ignorais que c’était lui qui avait pris possession d’Hime pour nous parler. Pour vaincre les Maîtres de l’Ombre, il a choisi quatre d’entre nous avec nos digimons, et a fait d’eux les quatre Bêtes Sacrées du monde digital : Azulongmon pour la région de l’est, Xuanwumon pour la région du nord, Zhuqiaomon pour la région du sud, et Baihumon pour la région de l’ouest. Il nous a choisi Shigeru, Ibuki, Eiichiro, moi …
– Et pas Mlle Himekawa et son digimon ? fit Hikari.
– Quand nos digimons ont pris la forme des Bêtes Sacrées, ils ont tous visé le digimon d’Hime. Ils l’ont détruit pour accéder à sa puissance et la fusionner avec la leur. Ainsi, ils ont pu vaincre les Maîtres de l’Ombre, au prix de ce sacrifice.
– C’est horrible …, murmura Takeru.  
– C’était la volonté d’Homeostasis ? demanda Koushiro.
– Je le crois. À partir de ce jour-là, Hime ne fut plus jamais la même. Elle ne s’est jamais remise de la perte de son partenaire. Elle a perdu son optimisme, son entrain, et s’est renfermée sur elle-même. Son digimon ne pouvait pas renaître sous forme de digi-œuf. C’est pour cela qu’elle a parié sur le reboot. C’était le seul moyen de ramener à la vie Bakumon. Même si pour cela, elle a dû s’allier avec le mal, dit M. Nishijima, la voix brisée. J’aimerais tant l’avoir aidée, l’avoir comprise. Je me demande où elle se trouve maintenant.  
– Et après cette bataille, les Maîtres de l’Ombre ont disparu ? demanda Joe. Pourtant, nous les avons affrontés, nous aussi …
– Je le sais. Mais à ce moment-là, nous pensions les avoir éliminés définitivement. Le sacrifice avait été grand. Nous avions la certitude que les Bêtes Sacrées protégeraient désormais le monde digital, et quand nous avons dû nous séparer d’eux, nous avions confiance en l’avenir. Mais nous nous étions trompés. Six ans après cette première aventure, les Maîtres de l’Ombre revinrent dans le digimonde.
– Comment est-ce possible ? demanda Koushiro.
– Je ne sais pas. En tout cas, quand ils sont réapparus dans le monde digital, ils avaient franchi un Mur de Feu.
– Un Mur de Feu ? répéta Yamato. Gennai ne nous a-t-il pas dit qu’il s’agissait de ce qui entourait l’Océan des Ténèbres, où est enfermé Yggdrasil ?
– Si, acquiesça Joe. Cela signifierait-il que les Maîtres de l’Ombre proviendraient de l’Océan des Ténèbres ?
– C’est fort possible, dit Koushiro. Si Yggdrasil les a ramenés à la vie, cela expliquerait qu’ils soient revenus dans le monde digital.
– La première chose qu’ils firent après avoir passé le Mur de Feu fut de livrer bataille aux Bêtes Sacrées, continua M. Nishijima. Et malheureusement, elles perdirent, et furent emprisonnées. Dès qu’ils ne furent plus menacés par les Bêtes Sacrées, les Maîtres de l’Ombre poursuivirent leur vrai but : trouver un portail vers le monde réel pour détruire les êtres humains.
– C’est étrange, cette obsession pour détruire la Terre, songea Koushiro. C’était déjà le plan de Vandemon, et celui qui prend l’apparence de Gennai semble affirmer que c’est aussi la volonté d’Yggdrasil. Et si tous les mauvais digimons étaient commandés par Yggdrasil pour envahir le monde réel ?
– C’est une hypothèse très raisonnable, dit Yamato.
– Mais est-il possible de détruire Yggdrasil ? demanda Joe.
– Voilà une bonne question, murmura Koushiro.

  M. Nishijima les observait se concerter, réfléchissant avec eux.

– Si c’est possible, nous n’y sommes jamais parvenus avec mes amis, dit-il. Les Maîtres de l’Ombre ont fini par localiser le portail qu’ils recherchaient. Il se trouvait …
– Dans un château, non ? fit Taichi.  C’est là qu’il était quand Vandemon l’a utilisé.
– À mon époque, il se trouvait dans un désert rocheux. Voyant que les Maîtres de l’Ombre mettaient en péril l’équilibre des deux mondes, Homeostasis nous a appelés de nouveau dans le digimonde, nous les cinq premiers Enfants Élus. C’était il y a dix ans. J’avais à peu près le même âge que vous.

  Il les dévisagea tous, comme s’il tentait de se rappeler ces années lointaines.

– Nous ne comprenions pas très bien pourquoi Homeostasis nous demandait de nouveau notre aide. Nous n’avions plus de contact avec nos partenaires digimons, et cela faisait six ans que nous n’avions pas remis les pieds dans le monde digital. De plus, les Bêtes Sacrées avaient été emprisonnées, et aucun de nous ne savait comment les libérer. Quant à Hime, elle n’avait plus de partenaire. Mais les envoyés d’Homeostasis nous firent comprendre que nous étions leur dernière chance. Nous devions empêcher les Maîtres de l’Ombre de passer dans le monde réel. C’était notre devoir, alors nous y sommes allés. Homeostasis avait rassemblé de bons digimons prêts à se battre pour défendre le monde digital. Il nous demanda de nous battre à leurs côtés. Peut-être imaginait-il que nous pourrions les faire évoluer ? Mais chacun d’entre nous n’est partenaire que d’un seul digimon.

   Meiko serra ses bras contre elle en songeant à Meikumon.

– Dans les rangs d’Homeostasis se trouvait déjà un digimon puissant que nous avons revu il y a peu de temps.
– Jesmon ? devina Mimi.
– Oui. Malgré tout, les digimons qui se battaient à nos côtés peinaient contre ceux que les Maîtres de l’Ombre avaient réunis. Nous avions du mal à protéger le portail qui menait au monde réel. Piedmon se battait contre Jesmon, et il avait le dessus. Nous n’avons pas pu empêcher qu’un digimon de l’armée des Maîtres de l’Ombre passe le portail. C’est le premier digimon qui entra dans le monde réel.
– Une seconde, l’interrompit Koushiro. Vous avez bien dit que tout cela s’est passé il y a … dix ans ?
– Oui, acquiesça M. Nishijima, voyant qu’il comprenait. À cette époque, vous aviez entre quatre et huit ans, et vous viviez …
– Dans le quartier des terrasses d’Hikarigaoka ! Ce digimon qui est entré dans le monde réel, ne serait-ce pas …
– Parrotmon ? comprit Taichi.
– Oui, c’était lui.

  Les adolescents se dévisagèrent : cette nuit-là, alors qu’ils étaient encore petits, ils avaient vus leur premier digimon : Parrotmon. Taichi avait permis à Agumon, lui-aussi venu du monde digital, de se digivolver en Greymon pour repousser Parrotmon dans le digimonde. Tous les autres enfants avaient assisté au combat des deux digimons, et savaient que c’était en partie pour cela qu’ils avaient été choisis pour être des Enfants Élus. Mais ils n’avaient jamais soupçonné que les premiers digisauveurs menaient alors un terrible combat contre les Maîtres de l’Ombre.  

– Nous ignorions alors ce qu’il s’était passé dans le monde réel, dit M. Nishijima, mais Parrotmon fut renvoyé dans le monde digital. Au même instant, une horrible créature s’est alors matérialisée dans le face à nous : c’était Apocalymon.
– Oui, Gennai nous en avait parlé ! se rappela Joe. Il nous avait dit que les premiers Enfants Élus avaient déjà lutté contre lui !
– Il disposait d’une force destructrice terrifiante, supérieure même à celle de Meikumon lorsqu’elle s’est déchaînée.
– Et aujourd’hui nous savons pourquoi, dit Sora. Meikumon gardait en elle une part des données d’Apocalymon.
– Sa puissance était au-delà de tout ce que nous pouvions imaginer. L’armée d’Homeostasis fut balayée. Apocalymon lança une attaque contre nous. J’ai voulu protéger Hime et nous fumes blessés tous les deux. Il était trop fort, et sans les Bêtes Sacrées nous étions impuissants. Nous le savions. Et je peux vous assurer que ce jour-là, j’ai cru que c’était la fin …

  M. Nishijima s’interrompit, brusquement submergé de souvenirs. Des souvenirs si forts qui ramenèrent à la vie tout ce qu’il avait ressenti dans cette bataille effroyable. Il sentait la chaleur des explosions lancées par Apocalymon et les Maîtres de l’Ombre, le sable qui lui piquait les yeux, la douleur lancinante de sa jambe cassée, les déflagrations lui déchirant les tympans, cette pluie noire et froide comme le désespoir qui tombait du ciel et faisait tout disparaître. Il serrait Hime contre lui. Elle saignait abondamment du bras gauche. Soudain, il avait distingué Eiichiro, Ibuki et Shigeru dans la tempête de poussière. Ils s’étaient placés devant eux pour les protéger. Apocalymon avait alors lancé une ultime attaque.
  À cet instant, le corps de leurs amis s’était illuminé et la terre avait tremblé. Le sol s’était fissuré, et les trois Bêtes Sacrées qui avaient jadis été leurs partenaires avaient été libérées. Elles s’étaient placées devant les Enfants Élus et les avaient protégés. Daigo avait alors relevé la tête et avait aidé Hime à se redresser.

« Hime, je dois faire comme eux, murmura-t-il. Je dois les aider.

  Quand il s’était tourné vers elle, il s’était rendu compte que des larmes de rage coulaient le long de ses joues :

– Je ne peux pas vous aider, Daigo. Megadramon s’est déjà sacrifié … il est mort, et ça n’a servi à rien ! Rien ! Vous ! avait-elle crié en brandissant le poing vers le ciel, en appelant Homeostasis. Pourquoi n’avoir choisi que quatre Bêtes Sacrées ? Pourquoi nous avoir rappelés dans le monde digital alors que vous nous avez pris nos partenaires ? Ne sommes-nous que vos pions ? Si seulement Bakumon était encore là, je pourrais aider mes amis … Homeostasis, je vous hais !

  Daigo, déchiré, l’avait fixée. Il avait tenté de se redresser, mais sa jambe le faisait trop souffrir. Il avait crié de douleur et était retombé au sol. À cet instant, Shigeru s’était tourné vers lui :

– Mes amis, n’ayez pas peur. Nous vous protégerons avec nos partenaires digimons. Nous savons désormais pourquoi nous sommes les Enfants Élus. Nous l’avons toujours su, mais il nous a fallu retrouver la mémoire. Un jour, vous le saurez, vous aussi.
–  Vous devez garder vos forces, continua Ibuki en se tournant à son tour vers eux. Pour continuer de lutter contre les Ténèbres après nous.
–  Après vous, que voulez-vous dire ? s’écria Daigo. »  

  À cet instant, la puissance d’Apocalymon avait explosé. Les corps cernés de lumière aveuglante d’Eiichiro, Ibuki et Shigeru s’étaient dissous pour aller nourrir les forces des trois Bêtes Sacrées. Daigo et Hime avaient vu leurs amis mourir pour les sauver et sauver les deux mondes. Leur puissance avait contenu les attaques des Maîtres de l’Ombre et les avait repoussés dans l’Océan des Ténèbres, pour les y enfermer. Puis cette lumière avait été dirigée vers Apocalymon. De toutes leurs forces, les Bêtes Sacrées avaient tenté de le renvoyer vers l’Océan des Ténèbres. Apocalymon avait résisté. Au moment où il basculait vers l’Océan, il avait ouvert le sol du digimonde : les Bêtes Sacrées y avaient été précipitées mais réussirent, juste à temps, à vaincre Apocalymon.

  M. Nishijima releva la tête vers les adolescents et termina :

–  Je crois que juste avant de disparaître, les Bêtes Sacrées purent nous projeter dans le portail qui menait au monde réel, Hime et moi. C’est la dernière fois que je suis allé dans le monde digital avant d’y retourner avec vous.
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Digimon Tri. 7ème Partie - Révélations Empty
MessageSujet: Re: Digimon Tri. 7ème Partie - Révélations   Digimon Tri. 7ème Partie - Révélations Icon_minitimeSam 21 Déc 2019 - 16:02

Coucou ! Cela fait longtemps que je n'ai pas posté ici, voici le chapitre 4 de l'histoire ! Smile N'hésitez pas à laisser des commentaires sur vos ressentis Smile


Chapitre 4

  Un long silence suivit les dernières paroles de M. Nishijima. Les adolescents fixaient le vide, encore sous le choc des révélations que leur professeur venait de leur faire. Apprendre que trois des premiers digisauveurs étaient morts pour sauver les deux mondes les avait ébranlés.

– Je suis vraiment désolée pour vos amis, Monsieur, dit finalement Hikari.
– Je souhaiterais qu’il n’y ait plus jamais de sacrifices comme celui-ci, murmura M. Nishijima. Même si je sais que c’était nécessaire.
– Monsieur ? fit Koushiro. Est-ce que … est-ce que je peux vous poser une dernière question ?
– Je t’en prie.
– Je croyais … je croyais qu’un digimon ne pouvait pas survivre à la mort de son partenaire humain. C’est Gennai qui m’avait dit ça, un fois. Comme les Bêtes Sacrées ont-elles pu continuer à exister après le sacrifice d’Eiichiro, d’Ibuki et de Shigeru ?
– Quand Homeostasis a fait de nos partenaires digimons des Bêtes Sacrées, quelque chose en elles a changé. Elles étaient toujours nos partenaires, mais elles n’étaient plus exclusivement cela. En devenant les gardiens du digimonde, elles ne dépendaient plus de nous pour vivre. Si j’étais mort dans ce laboratoire, Baihumon existerait toujours.
–  Mais il vous a sauvé parce que vous êtes son partenaire, dit Takeru avec un sourire.
–  Même si je changeais de forme, dit Patamon à Takeru, je continuerai de te protéger !

   M. Nishijima sourit, en regardant Patamon. Puis, tout à coup, la tête lui tourna. Il porta une main à son front.

– Vous avez besoin de vous reposer, dit Taichi.
– Parler de tous ces évènements vous a sans doute fatigué, dit Sora. Nous allons vous laisser.
– Oui, je pense que c’est plus raisonnable. Mais tenez-moi au courant, et surtout, dîtes-moi si Baihumon reprend contact avec vous.
– C’est promis, acquiesça Koushiro.

  Quand ils sortirent de l’hôpital, le soleil brillait haut dans le ciel. Il ne devait pas être loin de midi. Taichi releva la tête vers le bâtiment :

– Vous auriez deviné, vous ? Que M. Nishijima était l’un des premiers Enfants Élus ?

  Les autres secouèrent la tête en signe de dénégation.

– Tout ce qu’ils ont vécu, dit Koushiro, pensif.
– Et tout ce qu’ils ont perdu … murmura Yamato. Ça n’a pas dû être facile.
– J’aimerais beaucoup que M. Nishijima revoit Baihumon, dit Mimi.
– Et moi, j’aimerais bien qu’on réussisse à libérer les autres Bêtes Sacrées, et les digimons de Ken, Davis, Yolei et Cody, dit Takeru.
– Dès que j’aurais mis au point un portail qui nous permette d’aller du monde réel au monde digital à notre guise, nous nous y rendrons, leur assura Koushiro. De toute façon, pour le moment, il n’y a pas d’urgence. Yggdrasil n’a pas donné signe de vie, donc c’est qu’il est toujours bien retenu par l’Océan des Ténèbres.
– Quand se revoit-on ? demanda Sora.
– Eh bien, réfléchit Mimi, puisqu’Yggdrasil nous laisse un peu de répit, pourquoi ne pas profiter de nos vacances ? Je sais que nous ne venons pas de passer des jours très drôles. Mais justement, c’est pour cela qu’il faut nous ressaisir !
– Elle a raison, approuva Taichi. Si nous ressassons trop, nous ne verrons pas l’été passer !
– C’est vrai, je vais enfin avoir du temps pour bosser mes examens, soupira Joe.
– Oh, ne sois pas si pessimiste ! s’exclama Mimi. Et puis, avec ce que nous venons de vivre, nous avons bien le droit de nous reposer un peu !
– J’y pense, dit Takeru, ce n’est pas ce samedi le feu d’artifice de Sumidagawa ?
– Oh, oui, c’est vrai ! s’exclama Sora. Ça m’était complètement sorti de l’esprit ! Pourquoi ne pas y aller tous ensemble ?
– Oh, oui, très bonne idée ! approuvèrent les autres.
– On pourrait faire un pique-nique, le midi, avant d’y aller le soir, proposa Meiko.
– Ça me paraît bien, dit Yamato.
– Alors, faisons ça, conclut Taichi. Rendez-vous samedi ! En attendant, reposez-vous bien !

  Ils se saluèrent et tous se séparèrent, leur digimon sur leurs talons.

**********************************************************************************

  Quand Joe arriva chez lui, il n’y avait personne. Il posa son sac à dos près du bureau, et avisa la pile de livres qui s’y trouvait. De merveilleux jours en perspective … Il ouvrit son téléphone pour regarder l’heure. C’est alors qu’il s’aperçut qu’il avait reçu une dizaine de message. Il les ouvrit, et à mesure qu’il les lisait, sa figure s’allongeait.

– Joe, qu’est-ce qu’il y a ? demanda Gomamon. Tu en fais une drôle de tête.
– C’est … c’est ma copine.
– Alors … elle existe vraiment ?
– Arrête de dire des bêtises ! Elle m’a laissé toute une liste de messages.
– Ah. Et qu’est-ce qu’elle te dit ?

  Joe grimaça. Plus il progressait dans sa lecture, plus les messages dénotaient de l’impatience. « Joe, je n’arrive pas à te joindre. Où es-tu ? » « J’ai essayé d’appeler sur le fixe, chez toi, on m’a dit que tu n’étais pas là. » « Cela fait trois jours que j’essaye de t’appeler, pourquoi ne réponds-tu pas ? » « Qu’est-ce que je t’ai fait pour que tu m’ignores à ce point ? » « Je viens encore de passer un quart d’heure à essayer de te joindre. À croire que tu es dans un autre monde. Je te préviens, la prochaine fois, si tu n’es pas là, c’est moi qui ne répondrai plus au téléphone. »

– Ah, là, là, qu’est-ce que je fais maintenant ? s’écria-t-il. Avec la lutte contre Ordinemon et notre voyage dans le digimonde, j’avais complètement oublié d’avertir Chisako !
– Chisako ? fit Gomamon. C’est comme ça qu’elle s’appelle ?
– Oui ! Ah, comment je vais réparer cette bourde ?
– Appelle-là et explique-lui les choses simplement.
– Simplement ? bondit Joe, sa voix montant d’un cran dans les aigus. Tu veux que je l’appelle et que je lui dise : « Bonjour Chisako, excuse-moi de ne pas t’avoir contacté plutôt, mais tu sais la connexion est assez mauvaise dans le monde digital, et ayant dû éviter une destruction de la planète, j’ai eu l’esprit légèrement occupé » ?
– Ben … il y a du vrai, dans tout ça.
– Mais tu es fou ! Si je lui dis ça elle ne me parlera plus pendant des semaines !
– Pourtant, il faudra bien lui dire la vérité. Et puis, tu ne voulais pas me présenter à elle ?
– Je ne sais pas si c’est le moment le plus judicieux … oh, et puis zut, je l’appelle !

  Il composa le numéro. La sonnerie se répéta dans le vide. Personne ne décrocha. « Vous êtes bien sur le portable de Chisako Tamura. Je ne suis pas disponible pour le moment. Laissez-moi un message, et je vous rappellerai. »

– Chisako, c’est moi, Joe. Je suis vraiment désolé de ne te répondre que maintenant. Je peux tout t’expliquer. Rappelle-moi, s’il te plaît.

  Il raccrocha et poussa un long soupir. Il avisa de nouveau la pile de livres sur son bureau. Décidément, les révisions allaient devoir attendre …

**********************************************************************************

  Koushiro arriva chez lui vers une heure de l’après-midi. Sa mère étendait le  linge sur le balcon. En voyant son fils arriver, elle lâcha sa chemise, se précipita vers lui et le prit dans ses bras. En effet, si les autres étaient rentrés chez eux depuis la bataille contre Ordinemon, Koushiro était demeuré à son bureau, et n’avait pas donné de nouvelles à ses parents depuis la nuit où ils avaient tous dormi au lycée.

– Koushiro, tu es rentré ! Tu n’as rien ? Tout s’est bien passé ?
– Maman, tu m’étouffes, dit-il en riant, gêné. Je vais bien, tu peux être rassurée.
– J’ai eu peur pour toi ces derniers jours, tu sais. Cette créature sur le pont d’Odaiba était vraiment terrifiante.

  Elle vit que l’expression de son fils s’était assombrie.

– Je sais, Maman. On l’a vaincue. Mais si nous avons été capables de battre Ordinemon, nous n’avons pas su sauver Meikumon. Je me dis encore que c’est en partie ma faute. J’aurai dû trouver une solution.
– Tu ne dois pas te culpabiliser. Vous avez fait de votre mieux. Tentomon ! s’exclama-t-elle en le voyant derrière Koushiro. Comment vas-tu ?
– Bien, je vous remercie Mme Izumi.
– Vous devez avoir faim, tous les deux ! Je vous prépare quelque chose ?
– Si cela ne vous dérange pas, Mme Izumi, ce sera avec plaisir, dit Tentomon courtoisement.

  Alors que Koushiro était sur le point de rentrer dans le salon, sa mère se pencha au balcon et dit :

– Koushiro, est-ce que tu connais cette jeune fille, en bas ? Cela va faire près de vingt minutes qu’elle est là, et qu’elle regarde en direction de notre appartement.

  Koushiro se retourna : il distingua en effet une fille, devant son immeuble, aux cheveux châtain foncé coupés au carré. Elle portait un short orange et un tee-shirt jaune, et paraissait regarder dans leur direction. Pourquoi restait-elle là ?

– Non, désolé, je ne la connais pas, dit-il en rentrant dans l’appartement.

  Intrigué, il alla jusqu’à sa chambre et entrouvrit la fenêtre. De là, il pouvait voir la jeune fille. Elle venait de se détourner et repartit vers la route. Koushiro haussa les sourcils. Il se demanda si elle fixait réellement son appartement ou s’il se faisait des idées.  

**********************************************************************************

   Quand Meiko ouvrit la porte de son appartement, une bonne odeur de riz flottait dans l’air. La table était mise, et sa mère regardait la télévision. Meiko fut surprise : à côté de sa mère, son père lisait le journal. Elle ne l’avait pas revu depuis la mort d’Ordinemon. Quand il vit sa fille, M. Mochizuki se leva. Sur son visage endurci se lisait la peine.

– Je suis désolé, Meiko. Ta mère m’a dit pour Meikumon.

  Sa fille le dévisagea longuement, sans rien dire. Finalement, elle murmura :

– J’aurai voulu faire plus pour elle. Mais c’était la seule solution pour tous vous protéger.
– Je sais. C’est aussi ce que nous avait dit Hackmon à M. Nishijima et moi.
– Hackmon était venu vous voir ?
– Oui, pour nous avertir qu’Homeostasis comptait éliminer Meikumon. Mais j’ai pensé … j’ai voulu croire jusqu’au bout que vous trouveriez une autre solution.
– J’aurais bien aimé, moi aussi, trouver une alternative.
– Ta mère m’a dit que tu étais à l’hôpital avec tes amis ? Pour voir les enfants qui sont revenus du monde digital ?
– Pas seulement. M. Nishijima nous avait suivi dans le monde digital, et a failli mourir là-bas. Mais son partenaire digimon l’a sauvé, et nous avons pu le ramener dans notre monde à temps pour qu’il soit pris en charge à l’hôpital. Nous attendions qu’il se réveille.
– Alors … il est vivant ? Je n’avais plus aucune nouvelle de lui. Tu dis que son digimon l’a sauvé ? C’est extraordinaire …
– Tu le savais ? Qu’il était l’un des premiers Enfants Élus ?

  Meiko fixait son père, stupéfaite. Il acquiesça.

– Et pour Mlle Himekawa, tu étais au courant aussi ?
– Oui. Sais-tu où elle se trouve ? Le Bureau n’a plus de contact avec elle depuis des jours.
– Je n’en sais rien. Aucun de nous ne le sait. Pourquoi tu ne m’as jamais parlé de tout ça avant ?  
– Notre unité est secrète et devait justement veiller à ce que vous, les nouveaux Enfants Élus, ne viviez pas la même chose que les premiers. Et puis … je suis ton père. Je voulais te protéger.

  À cet instant, Meiko lut dans les yeux de son père une émotion qu’elle n’y voyait que rarement : de l’affection. Elle cilla :

– Excuse-moi, papa. J’ai été particulièrement tendue ces jours-ci. La disparition de Meikumon est très dure pour moi.
– Je sais. Comment va M. Nishijima ?
– Il va bien. Il se remet de ses blessures.
– Je passerai le voir.
– Ça lui fera plaisir. Bon, je vais me reposer. Je n’ai pas très faim, désolée.
– Meiko, attends ! dit sa mère en se levant. Je sais que tu es encore soucieuse, mais j’ai une bonne nouvelle : Sakae est arrivée !
– Sakae ? Ah bon ? Elle vient pour les vacances ?
– Elle a trouvé un stage chez un maître verrier reconnu de Tokyo. Elle est arrivée hier soir mais tu étais déjà partie. Elle est allée prendre l’air, elle ne devrait pas tarder.

  En effet, un quart d’heure plus tard, Meiko entendit frapper à la porte de sa chambre. La poignée pivota et la tête de sa sœur passa par l’embrasure :

– Coucou !
– Sakae ! Je suis contente de te voir.

  Âgée d’un an de moins que Meiko, Sakae était de taille moyenne, mince et à la peau légèrement halée. Sa chevelure châtain foncé, volumineuse et coupée au carré, s’égayait en mèches rebelles sur son front et le long de ses tempes. Elle avait des yeux d’un bleu très sombre, presque marin. Elle portait un short orange et un tee-shirt jaune.

– Maman m’a dit que tu avais trouvé un stage à Tokyo ? dit Meiko.
– Oui, acquiesça Sakae en s’agenouillant face à elle. Je commence demain. Ça va me changer de l’internat. Et toi, ton intégration au lycée s’est bien passée ?
– Oui …

  Un silence gêné s’installa alors entre elles. Meiko savait ce que Sakae allait lui dire, mais elle n’avait pas envie d’en parler. Finalement, sa sœur leva les yeux vers elle :

– Pourquoi tu ne m’as pas appelée ? Quand j’ai su par la télévision ce qui se passait, quand j’ai vu Meikumon, j’ai voulu te rejoindre. Mais le temps que je réserve un train, que j’arrive ici … Tu aurais dû me prévenir.  
– Ça n’aurait rien changé, Sakae.
– Qu’est-ce que tu en sais ? J’en ai assez d’être la dernière au courant ! J’ai toujours été écartée dès qu’il s’agissait de Meikumon ou des digimons. Papa non plus ne me disait jamais rien.
– Peut-être parce qu’il voulait te protéger.  
– Je ne suis plus une enfant. Je n’ai pas besoin d’être sans cesse protégée. J’ai l’impression qu’à partir du jour où tu as rencontrée Meikumon, lorsque nous vivions à Tottori, on ne m’a plus laissée en savoir davantage sur les digimons. Pourtant, laquelle de nous deux s’y est intéressée en premier ? Quand Parrotmon est apparu sur Terre, alors que je n’avais que six ans, je regardais tous les jours toutes les nouvelles aux informations qui en parlaient. Tout ça m’intriguait, mais toi, ça t’importait peu. Jusqu’à ce que tu rencontres Meikumon.

  Meiko releva la tête vers sa sœur, et son regard était devenu noir et dur comme le granit.

– Tu crois que cela a été facile pour moi d’être la partenaire de Meikumon ? De la voir se déchaîner, faire du mal aux autres digimons ? De tenter de détruire la Terre ? Tu crois que ça a été facile d’accepter que pour sauver les deux mondes, mon digimon devait disparaître ? Si tu penses que c’est un privilège d’être une Enfant Élue, alors tu te trompes. C’est un fardeau.

  Sakae dévisagea sa sœur, prenant brusquement conscience qu’elle venait d’être injuste avec elle. Dans le regard sombre de Meiko se lisait une indicible douleur. Confuse, Sakae se reprit :

– Excuse-moi. Je n’aurais pas dû m’emporter. Je sais que c’est difficile pour toi … et pour tes amis aussi, j’imagine.
– Oui …
– Tout ce que je souhaiterais, c’est … pouvoir t’aider plus souvent. Tu es ma sœur, et je voudrais que les digimons puissent nous réunir plutôt que nous séparer. Quand Meikumon est apparue à Tottori, quand tu es revenue avec elle à la maison, j’ai ressenti quelque chose en la voyant. Mais je n’ai jamais su expliquer quoi. Et parfois, j’avais l’impression de la comprendre mieux que toi … mais ça n’a pas duré longtemps, car je suis ensuite partie dans ce collège spécialisé en arts appliqués. Je ne rentrais que pour les vacances. Pourtant, tu sais, il m’arrivait souvent de rêver …
– Oui, tu m’en as déjà parlé. Tu rêvais du monde digital, c’est ça ?
– Oui. J’en ai parlé une fois à Papa. Il m’a dit que le monde digital pouvait être dangereux et que je devais cesser d’y penser. Alors, je n’ai rien dit … mais je continue de faire ces rêves, de temps en temps.
– Tu sais, Sakae … Yggdrasil, qui voulait envahir la Terre, a été renfermé dans l’Océan des Ténèbres, un monde parallèle au monde digital conçu pour l’emprisonner. Le danger est écarté, alors je voudrais … cesser de penser à tout ça pendant quelques jours.
– Hum … Je comprends.

  Sakae remonta ses genoux contre sa poitrine et les entoura de ses bras. Elle voulait voir Meiko sourire, alors elle changea de sujet :

– Et tes amis, comment sont-ils ? Parles-moi d’eux.
– Tu veux dire … les autres Enfants Élus ? Ils ont été très gentils avec moi. Très attentionnés. Ils ont su me réconforter quand j’étais désespérée. Ce sont de bonnes personnes.
– J’aimerais bien les rencontrer.
– Eh bien … à vrai dire, samedi, nous faisons un pique-nique le midi avant d’aller voir le feu d’artifice de Sumidagawa.
– Vous allez voir le feu d’artifice de Sumidagawa ! Ce doit être magnifique ! Je n’ai encore jamais vu de feux d’artifice à Tokyo.
– Justement, tu pourrais venir. Et ça me ferait plaisir de te présenter mes amis.
– C’est vrai, je ne vous dérangerais pas ?
– Non, pas du tout ! Ils sont très accueillants.
– Alors … c’est d’accord ! J’espère que je leur ferai une bonne impression …

**********************************************************************************

  Quand Taichi ouvrit les yeux, il n’osa même pas regarder son réveil. Il devait être plus de dix heures du matin. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas aussi bien dormi ! Il s’habilla et passa dans le salon : Hikari avait appris à Tailmon à jouer au go, et Agumon les regardait.

– Bonjour, grand frère ! le salua-t-elle. Je me demandais quand tu te lèverais !
– C’est les vacances, non ? Il reste du petit-déjeuner ?
– Sur la table.
– Du petit-déjeuner ? J’arrive ! fit Agumon.
– Mais Agumon, tu as déjà mangé il y a une heure à peine ! s’exclama Tailmon.
– Oui, mais rien que de vous regarder autant réfléchir devant ce jeu, moi ça me donne faim ! répliqua-t-il en s’attablant à côté de Taichi.  
 
  Alors que le jeune homme terminait son café, on sonna à la porte. Il se leva et alla ouvrir : Yamato, mains dans les poches, se tenait sur le seuil, Gabumon à ses côtés.

– Salut. Je te dérange pas ?
– Eh bien …
– Ne me dis pas que tu viens juste de te lever ?
– Comment as-tu deviné ?
– Je te jure, toi alors … Ça te dit d’aller se promener un peu ?
– Maintenant ?
– Sauf si t’as autre chose à faire.
– J’avale une dernière tartine et j’arrive !

  Prestement, Taichi termina son petit-déjeuner et enfila ses chaussures. Gabumon remarqua alors Tailmon et Hikari en train de jouer, et Agumon qui les regardait.

– Dîtes-moi, à quoi jouez-vous ?
– Au go, lui répondit Hikari avec sourire. Tu veux jouer ?
– Avec plaisir !
– Gabumon, tu vas jouer à ce truc compliqué ? s’étonna Agumon.
– Il y en a qui pensent à autre chose qu’à s’empiffrer, rétorqua Tailmon.
– Nous pouvons faire un autre jeu si nous jouons tous ensemble, proposa Hikari.
– Oh, oui, c’est une bonne idée ! approuva Agumon.
– Hikari, ça t’embête de garder Gabumon et Agumon ? demanda alors Taichi.
– Non, pas du tout ! J’ai une bonne idée de jeu. À tout à l’heure, grand frère !

  Taichi et Yamato prirent le chemin de la mer. En ce mois de juillet, le soleil pesait lourd sur leurs épaules, l’air sentait la chaleur. La lumière matinale rendait les trottoirs éclatants, et on devinait un début d’effet de mirage sur les routes goudronnées. Les voitures circulaient déjà en grand nombre, le bruit des moteurs et de la vitesse soulevant l’air chaud. Yamato était étrangement silencieux. Au bout d’un moment, Taichi lui dit :

– Alors, vas-y. Dis-moi pourquoi tu voulais me voir.
– J’ai dit que c’était pour une raison en particulier ?
– Non, mais ça se voit sur ta figure.

  Yamato rougit.

– Tu sais, le feu d’artifice de samedi … ben, j’aimerais bien inviter une fille à dîner avec moi, après.
– Une fille ? C’est qui ? Je la connais ?

  Yamato resta silencieux.

– Si tu ne dis rien, c’est que je la connais ! dit Taichi, triomphant.
– Le problème, c’est que … je ne sais pas comment lui proposer.
– Et tu me demandes ça à moi ?
– Ben … je ne savais pas à qui demander. C’est trop la honte de demander des conseils à Takeru pour ce genre de choses, alors qu’il est plus jeune que moi. Je me suis dit que t’aurais peut-être une idée.
– Dis-moi, cette fille … c’est pas Sora ?

  Yamato rougit de plus belle.

– Je le savais ! s’exclama Taichi.
– Elle fait toujours tellement attention aux autres … mais finalement, je ne sais pas trop ce qui lui plaît à elle. Je ne veux pas la mettre mal à l’aise.
– C’est sûr qu’avec cette assurance, tu vas la convaincre de sortir avec toi …
– Arrête de te moquer de moi !
– Bon, bon, calme-toi. Sora est une fille, et toutes les filles aiment les marques d’attention …
– Bravo, tu en connais d’autres des généralités dans ce goût-là ?
– Oh, ça va. Tu devrais peut-être l’inviter avant le jour j, genre la veille du feu d’artifice ?
– Et comment je fais ? Je me pointe chez elle et je lui demande, comme ça, directement ?
– Ben … pourquoi pas ? Elle appréciera sans doute que tu aies fait l’effort. Si tu attends qu’on soit tous réunis, elle risque d’être gênée.
– Hum … ouais. T’as raison.
– Et puis, repère le restaurant à l’avance, et réserve-le, parce qu’avec la foule qu’il y aura à Sumidagawa samedi soir, tout va être plein. En plus, comme elle toujours en train de tout organiser pour tout le monde, elle sera contente que tu prennes les choses en main.
– Pas bête.

  Un sourire éclaira le visage de Yamato. Il donna une tape sur l’épaule de Taichi :

– Merci, Taichi. Je vais suivre tes conseils.
– De rien.

  Yamato sembla hésiter un instant, puis, avec une expression narquoise, dit à Taichi :

– Et toi, tu ne veux inviter personne après le feu d’artifice ? Du genre … Meiko ?

  Cette fois, ce fut au tour de Taichi de virer à l’écarlate.

– Qu’est-ce que … qu’est-ce que tu insinues ? dit-il, étouffant à moitié.
– Oh, rien. Y’a qu’à voir comment tu la regardes. Si vraiment elle te plaît, il faudra bien que tu te décides. Si tu attends qu’elle fasse le premier pas, t’es un homme mort, Taichi.  
– Tu crois que j’en suis incapable ?
– Chiche !
– Ok, on verra ça.

  Les deux amis rentrèrent vers midi chez Taichi. Gabumon venait de gagner sa deuxième partie.

– Bravo, Gabumon, tu es fort ! s’exclama Tailmon.
– C’est vrai ! renchérit Hikari.
– Il suffisait simplement de réfléchir un peu, dit-il en rougissant légèrement.
– Gabu, on rentre ? lança Yamato.
– J’arrive !

  Au moment où Yamato saluait Hikari, Tailmon et Agumon, Taichi leva un pouce et lui dit :

– Bonne chance !

  Yamato acquiesça de la tête, encore peu convaincu. Taichi referma la porte.

– Qu’est-ce que voulait Yamato ? demanda Hikari à son frère.
– Un avis … mais ce sont des trucs de garçons.
– Ah oui, vraiment ? fit-elle avec un petit rire. Bon, moi je me suis levée tôt, donc je vais manger un peu.
– D’accord, moi je vais m’entraîner au foot. Tu veux venir, Agumon ?
– Avec plaisir ! Enfin une activité qui fasse travailler plus les muscles que le cerveau !

  Taichi mit ses baskets, un short et un tee-shirt de sport, attrapa son ballon, puis, avec Agumon, ils prirent le chemin  du stade l’école. Il restait ouvert en été, avantage qui permettait à Taichi de s’entraîner quand il le souhaitait. Sitôt arrivé, il sortit le ballon et dit Agumon :

– Prêt ? Tu dois me faire des passes !

  Il lança aussitôt le ballon, qu’Agumon frappa de sa patte droite pour la renvoyer. Taichi lui renvoya du pied droit, et Agumon répliqua d’un coup de tête. Taichi s’arrêta avec un sourire :

– Tu sais Agumon, normalement on ne peut pas utiliser les mains au foot …
– Hum … fit Agumon en examinant ses pattes. Mais ce ne sont pas des mains, ça ! Ça ne compte pas !
– Ah, ah ! Bon, comme tu veux ! De toute façon, tu ne vas pas jouer en compétition, hein ! Prêt ?
– Prêt ! répliqua Agumon en levant les pattes.

  Et Taichi renvoya la balle d’un puissant coup de pied.
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MessageSujet: Re: Digimon Tri. 7ème Partie - Révélations   Digimon Tri. 7ème Partie - Révélations Icon_minitimeLun 30 Déc 2019 - 19:54

Chapitre 5

  Sora était étendue sur son lit, le regard vague. Elle fixait le plafond, sans le voir. Son esprit était absorbé par ses pensées.

– Sora ! s’exclama Piyomon en se penchant soudain au-dessus d’elle. À quoi penses-tu ? Depuis deux jours, tu es ailleurs, et nous ne sommes sorties que pour faire les courses. Il y a quelque chose qui ne va pas ?

  Sora ne répondit pas tout de suite. Finalement, elle se redressa, plia les jambes en tailleur et dit :

– Tu sais Piyomon, après avoir entendu le récit de M. Nishijima, je me suis posé beaucoup de questions. Ça a dû être terrible pour lui et Mlle Himekawa de perdre leurs amis. Je sais qu’Yggdrasil reste une menace, et qu’il peut réapparaître. Nous sommes les nouveaux Enfants Élus, et nous sommes responsables de ce monde. Je sais qu’il n’y a que nous qui puissions le faire. Mais depuis quelques jours, j’ai peur …
– Peur de quoi ?
– De te perdre, de perdre l’un de nos amis …
– Je te protégerai toujours, et tous les autres digimons feront de même ! Il ne vous arrivera jamais la même chose qu’aux trois premiers Enfants Élus.
– Oui, mais … si nous y étions obligés ? Si un sacrifice était nécessaire ?
– Non, les sacrifices ne sont jamais nécessaires !

  Sora fronça les sourcils, baissa les yeux vers le sol.

– Tu te rappelles, Piyomon, que tu m’as demandé un jour comment je voyais mon avenir ?
– Oui ! Y as-tu réfléchi depuis ?
– Je crois que je commence à y penser. L’année prochaine, je serai en dernière année de lycée. Puis je partirai faire mes études, et avec les autres, nous serons séparés. Alors, je devrais peut-être ne pas trop attendre pour exprimer ce que je ressens …
– Ce que tu ressens ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
– Eh bien … eh bien, je veux dire que … que j’éprouve certains … sentiments, pour un garçon, dit-elle en rougissant.
– C’est vrai, Sora ? Tu aimes quelqu’un ?
– Ne dis pas ça si fort !
– Et qui est celui qui fait battre ton cœur ? Taichi ?
– Non, tu es folle ! Taichi est mon ami d’enfance, il est comme un frère pour moi. Non, celui pour qui j’éprouve des sentiments, c’est … Yamato.
– Yamato !
– Chuut ! Mais … je ne sais pas trop comment le lui dire. Il est si réservé.
– Toi aussi, Sora, tu es réservée dans tes sentiments.
– C’est vrai, mais Yamato … je crois le comprendre assez bien, mais j’ai peur de me tromper. Et s’il ne ressentait rien pour moi ?
– Il est attentionné envers toi, même s’il ne l’exprime pas avec des mots. Je l’ai remarqué plusieurs fois. Tu devrais faire ce que te dictes ton cœur ! Pourquoi ne l’invites-tu pas à dîner après le feu d’artifice, samedi ? Ce serait très romantique !
– C’est que … j’ai tellement peur d’être maladroite.
– Ce n’est qu’en essayant que tu le sauras vraiment !
– Tu dis … l’inviter à dîner ? Oui, ça pourrait être une bonne idée … Mais comment vais-je faire pour lui demander ? Je ne sais pas comment l’aborder !  
– Tu pourrais demander conseil à quelqu’un qui connaît bien Yamato.

  Sora parut réfléchir à cette idée. Finalement, elle sourit et prit Piyomon dans ses bras.

– Piyomon, c’est une très bonne idée !

**********************************************************************************

  Ce ne fut que vers deux heures de l’après-midi que Taichi et Agumon rentrèrent chez eux, exténués et affamés. Alors que Taichi ouvrait la porte de l’appartement, il avertit :

– C’est moi ! Hikari, tu es là ?
– Ah, grand frère ! Il y a quelqu’un pour toi !
– Ah oui, qui est-ce ? dit-il en passant le seuil.  

  Hikari était assise à la table du salon, et en face d’elle se trouvait … Sora !

– Bonjour Taichi, j’espère que je ne te dérange pas, dit-elle.
– Tiens, Sora … dit Taichi, entre le malaise et le rire. Qu’est-ce qui t’amène, dis-moi ?
– Je voudrais te parler en privé, si ça ne t’embête pas …
– Euh … pas de problème. Viens, on va dans ma chambre.  

  Il ouvrit la porte de sa chambre pour y laisser entrer Sora. Avant d’y pénétrer à sa suite, il adressa un regard à sa sœur. Celle-ci lui dit avec un sourire goguenard :

– Onii-chan, je crois que Sora aussi veut savoir des trucs de garçons … je vous laisse, je sors avec Tailmon et Piyomon !

  Taichi soupira avec une moue, puis entra dans la chambre. « Pourquoi fallait-il que ça tombe encore sur moi ? »
  Il s’agenouilla face à Sora, qui paraissait gênée.

– Alors, dis-moi ce qui t’embête.
– Si tu commences comme ça, je ne dirais rien.
– Bon, ne le prends pas comme ça ! C’est juste que … c’est bien la première fois que tu viens me voir pour un truc personnel. D’habitude, tu ne dis rien à personne quand ça te concerne.
– Je sais, mais … cette fois, j’ai besoin d’un conseil. Tu es mon meilleur ami, Taichi.  

  Taichi cilla, touché de cette marque de confiance. Il se radoucit :

– Je t’écoute. Qu’est-ce qui ne va pas, Sora ?
– J’ai réfléchi à plusieurs choses, ces derniers jours … ce que nous a dit M. Nishijima … une conversation que j’avais eue il y a quelques temps à Piyomon … Toi et les autres, vous êtes mes amis les plus chers. Je ne veux pas vous perdre. On ne sait pas ce qui peut nous arriver.
– Nos partenaires nous protègent, Sora, tu ne dois pas penser à des choses aussi tristes !
– Je sais. Mais, il y a aussi quelqu’un à qui j’aimerais dire la vérité sur les sentiments que j’éprouve pour lui …
– Attends une minute, tu veux dire que tu es … amoureuse, Sora ?

  Elle hocha la tête, rouge comme une pivoine.

– Et … je le connais, ce garçon ? ajouta Taichi.

  Nouveau hochement de tête.

– Ce ne serait pas … Yamato, par hasard ?

  Les yeux de Sora s’agrandirent, ses joues virèrent au vermillon. Elle se tortilla sur elle-même :

– Co… comment tu le sais ? C’est si évident que ça ?
– Non, c’est juste … une intuition ! s’exclama Taichi en agitant les mains.
– Je voudrais bien lui avouer ce que j’éprouve. J’avais pensé que nous pourrions dîner ensemble, samedi, après le feu d’artifice … qu’est-ce que tu en penses ?
– Après le feu d’artifice, hein ? … Quelle idée originale…
– Qu’est-ce que tu dis ?
– Non, rien, je marmonne tout seul … et tu sais comment tu vas l’inviter ?
– Eh bien, pas vraiment, c’est pour ça que je suis venue te voir.  

  « Ben voyons », songea Taichi. « Ils sont incroyables, ces deux-là … »

– Je me suis dit que comme il est assez pudique sur ses sentiments, il apprécierait que je lui demande la veille du feu d’artifice …
– Vraiment ? Tu pourrais peut-être attendre le jour du pique-nique ? Il viendra peut-être te chercher chez toi …
– Pourquoi ferait-il ça ? Il te l’a dit ?
– Non, c’est juste une hypothèse …
– J’ai tellement peur d’être maladroite, et de faire quelque chose qui lui déplaise.

  « Non, mais vraiment, comment peuvent-ils croire qu’ils ne se comprennent pas l’un l’autre ? » se disait Taichi intérieurement. « Ils agissent exactement pareil ! ». Il se pencha vers Sora et lui sourit :

– Ne t’inquiète pas, Sora, quoi que tu fasses, je suis sûr que ça plaira à Yamato !
– Tu en es certain ? C’est toi qui le connais le mieux.
– J’en suis sûr ! Attends le jour du pique-nique et va le voir chez lui pour le lui demander.

  Sora sourit. Elle semblait reprendre confiance en elle. Elle se releva :

– Merci, Taichi. Ça m’a fait du bien d’en parler.
– Si j’ai pu t’aider, alors je suis content ! Tu veux manger quelque chose ?
– Non, merci, j’ai déjà déjeuné. Je vais rentrer chez moi !

  Quand ils sortirent de la chambre, Hikari n’était pas encore rentrée.

– Je lui envoie un message, dit Taichi. Eh ben, elle est rapide, elle vient de me répondre ! Elle est au parc, avec Tailmon et Piyomon.
– D’accord, je vais les rejoindre ! Merci, Taichi !

  Sora dévala les marches de l’immeuble de Taichi. Celui-ci la suivit du regard, avec un sourire. Il remarqua alors une silhouette au rez-de-chaussée, au niveau des boîtes aux lettres. Il reconnut Meiko, qui relevait le courrier. Celle-ci aperçut Sora, leva la tête vers les étages et vit Taichi. Ce dernier rougit et la salua maladroitement de la main. Elle lui répondit par le même geste, et disparut à l’intérieur de l’immeuble.

  Sora arriva dans le parc où Piyomon et Tailmon faisaient les cochons pendus aux arbres. Hikari les regardait d’en bas et riait.

– Sora ! dit-elle en la voyant arriver. Alors, que t’a dit Taichi ?
– Il m’a rassurée ! Je ne m’attendais pas à ce qu’il me parle d’une manière assurée. Comme s’il avait déjà eu le temps d’y réfléchir … bizarre. En tout cas, il m’a dit de ne pas m’inquiéter et de rester naturelle.
– Il a raison. Je pense qu’il faut laisser les choses se faire d’elles-mêmes. Yamato est réservé, mais pas insensible. Et … je suis sûre que tu sauras percevoir ce qui lui plaît. Tu as beaucoup de qualités, Sora, et tu sais ce que tu veux … Tout va bien se passer, tu verras !
– Merci, Hikari. C’est gentil de t’être occupé de Piyomon. Piyomon, tu viens ?
– J’arrive !
– À samedi, Hikari !
– Oui, à samedi !  

**********************************************************************************

  Joe attacha ses lacets, mit son portable dans sa poche, prit son sac à dos et se leva.

– Joe, où vas-tu ? lui demanda Gomamon.
– Chisako ne m’a toujours pas répondu depuis hier. Je vais la voir.
– Est-ce que je peux venir avec toi ?

  Joe avisa son digimon, hésitant. Il ne savait pas si emmener Gomamon avec lui était la meilleure chose à faire. Finalement, il soupira : Gomamon était son partenaire digimon, et il l’avait toujours aidé. Peut-être l’aiderait-il encore cette fois-ci ?

– D’accord, dit-il en ouvrant son sac à dos. Rentre là-dedans.

  Il referma la fermeture éclair, mit la lanière sur son épaule et sortit. Après une demi-heure de transports en commun dans la chaleur moite de juillet, il parvint enfin au pied de l’immeuble de Chisako. Là, il sentit son estomac se contracter, et une brusque envie de faire demi-tour. « Reprends-toi, Joe, et sois un homme », se dit-il. Il prit son courage à deux mains et monta les escaliers. Il arriva finalement devant la porte, et, le cœur battant, appuya sur la sonnette. Des pas se firent entendre et la porte s’ouvrit. Gomamon avait entrouvert la fermeture éclair du sac à dos et pouvait ainsi scruter ce qui se passait à l’extérieur.  Il vit alors une jolie jeune fille apparaître sur le seuil de l’appartement, à peu près du même âge que Joe. Elle avait de longs cheveux bouclés caramel et de petits yeux noisette. Son nez retroussé lui donnait un air jovial, et quelques tâches de rousseurs parsemaient ses joues. La surprise se peignit sur son visage à la vue de Joe.

– C’est toi …
– Bonjour, Chisako. Je suis désolé de ne pas avoir répondu à tes messages. Je t’ai appelé hier, mais tu n’as pas répondu.
– Je … je sais.
– Tu l’as … fait à dessein, c’est ça ?
– Oui …
– Je me suis inquiété. Je suis désolé pour ces jours-ci. J’ai quelque chose d’important à te dire. Tu as … tu as cinq minutes ? Je t’en prie.

  Chisako croisa les bras, réticente. Finalement, elle laissa Joe entrer chez elle. Ils rendirent au salon.

– Tu veux boire quelque chose ? lui demanda-t-elle.
– Heu … oui. Merci.

  Elle revint en posant sur la table une carafe d’orangeade d’un geste un peu sec. Elle remplit deux verres puis s’assit face à Joe, bras croisés et silencieuse. Joe savait qu’il lui revenait de faire le premier pas. Il prit une grande inspiration :

– Je … je suis désolé, Chisako. Je suis désolé pour toutes les fois où je ne t’ai pas répondu ces quatre derniers jours. J’aurais dû te prévenir. Tu … tu as vu les informations ?
– Pourquoi tu me demandes ça ? s’étonna Chisako.
– Tu as … sans doute vu les dégâts à Odaiba ?

  Chisako cilla. À la stupeur de son regard s’était mêlée l’inquiétude.  

– Joe, où veux-tu en venir ?
– Des monstres sont apparus en ville depuis près d’un mois. Tu sais qu’on les appelle des digimons ?
– C’est ce qu’ils ont dit à la télévision.
– Nos deux mondes ont été mis en danger par un digimon appelé Meikumon. Elle s’est transformée en Ordinemon, la créature qui était au pont d’Odaiba avant-hier.
– Cette chose horrible …
– Elle aurait annihilé toute la planète, mais nous avons pu l’en empêcher.
– Nous ? Joe, de quoi tu parles ? Tu me fais peur.
– Avec des amis, nous avons été choisis pour avoir un partenaire digimon afin de défendre le monde digital et la Terre des menaces de méchants digimons. Récemment, nous avons découvert que celui qui voulait détruire la Terre se nommait Yggdrasil. Pour l’instant, il est hors d’état de nuire.
– Tu es en train de me dire … que tu as quelque chose à voir avec tout ce qui s’est passé ces derniers jours ?
– Oui. Parce que je suis un Enfant Élu. Je ne te l’ai pas dit tout de suite, car c’était un secret. Peu de gens sont au courant de qui nous sommes. Mais je tiens à toi Chisako, et je veux que tu connaisses la vérité. Si je n’ai pas pu te répondre, ces jours-ci, c’est parce que j’ai dû aller dans le monde digital et lutter contre Ordinemon.
– Et ça t’aurais tué de m’appeler ne serait-ce qu’une fois pour m’avertir ?
– Ce n’est pas parce que je ne t’ai pas appelée que je ne pensais pas à toi. Tout ce que je fais dans le digimonde, et sur Terre, je le fais aussi pour nous. Pour que nous vivions dans un monde en paix. Tu comprends ?  

  Mais Chisako ne voulait rien entendre. Elle ne parvenait toujours pas à accepter ce que Joe venait de lui dire. Comment ce jeune homme si calme, qu’elle avait rencontré à la bibliothèque, pouvait-il avoir quoi que ce soit en commun avec les monstres qu’elle avait vu à la télévision ? Comment avait-il pu le lui cacher aussi longtemps ? Elle fixait Joe, avec la sensation d’avoir été trahie. Oui, il lui avait menti, et toute la confiance qu’elle avait placé en lui vacilla. Elle l’aimait, mais en cet instant, elle le détestait tout autant. Son regard se durcit. Elle se leva de sa chaise, mit les mains à plat sur la table, et dit d’une voix sourde de colère :

– Joe, sais-tu ce que mon frère est à l’hôpital depuis trois jours ?
– Quoi ? Que lui est-il arrivé ?
– C’est la faute de tes soi-disant amis digimons ! L’un d’entre eux l’a si violemment frappé qu’il a le bras droit et la hanche cassés ! Joe, je ne te reconnais plus ! Comment peux-tu être ami avec ces digimons ? Ce ne sont que des monstres !
– Ce n’est pas vrai ! s’écria alors Gomamon en jaillissant du sac de Joe et en sautant sur la table. Nous ne sommes pas des monstres ! Nous avons défendu votre monde ! Comment peux-tu parler à Joe de cette manière ?  

  Cette fois, la colère de Chisako s’était muée en terreur. Elle fixait Gomamon, épouvantée.

– Joe, qu’est-ce … qu’est-ce que c’est ?
– Chisako, je … balbutia Joe, qui se s’attendait pas à l’intervention de Gomamon. Je te présente mon partenaire digimon, Gomamon. Ne t’effraye pas, je t’en prie.
– Que je n’aie pas peur ? Après ce qu’ils ont fait à mon frère ?
– Je ne suis pas comme les serviteurs d’Yggdrasil ! rétorqua Gomamon.
– C’est vrai, acquiesça Joe, Gomamon m’a sauvé la vie plusieurs fois !
– J’aiderai toujours Joe ! renchérit Gomamon. Et jamais je ne ferai de mal à quelqu’un ! Moi, je suis un bon digimon !
– Pourtant, vous vous ressemblez tous ! répliqua Chisako. Comment puis-je te faire confiance, Joe ? Depuis le début, tu m’as caché tout ça !
– Chisako, c’était pour ne pas t’impliquer ! Tu sais, ce n’est pas facile tous les jours d’être un Enfant Élu. Avec mes amis, nous avons passé des moments difficiles. Si je ne t’ai rien dit jusqu’à présent, c’était pour te protéger.
– Je ne te crois pas ! Si tu ne m’as rien dit, c’est parce que tu savais que tu avais des activités dangereuses ! Franchement, Joe, je pensais que tu étais quelqu’un de plus raisonnable. Comment veux-tu que je te fasse confiance maintenant ?
– Mais, Chisako …
– N’insiste pas ! Je ne veux plus te voir ! Sors de chez moi, laisse-moi tranquille !
– Chisako, écoute-moi seulement …
– Joe, si jamais on m’avait demandé d’être partenaire d’un digimon, j’aurais refusé ! C’est bien trop dangereux !
– Mais, je n’ai pas décidé tout ça ! J’ai été choisi Chisako ! Je ne pouvais pas refuser !
– Si, tu pouvais ! Tu aurais dû privilégier tes études, ta vie d’adulte, notre relation ! Au lieu d’être avec ce digimon ! s’écria-t-elle en désignant avec mépris Gomamon.  

  Cette fois, ce fut au tour de Gomamon d’être choqué. La tristesse se lut dans son regard. Il sauta de la table et dévisagea Chisako :

– J’avais hâte de te connaître, parce que quand Joe parlait de toi, il avait l’air heureux. Maintenant, je me demande pourquoi j’ai tellement désiré te rencontrer. Joe, je t’attends dehors.
– Gomamon !

  Joe, déchiré, fixa son partenaire digimon quitter l’appartement, puis reporta son regard sur Chisako. Elle le fusillait du regard.

– Chisako, essaye de comprendre. Gomamon est un être vivant, et mon partenaire. Je ne peux pas l’abandonner.
– C’est faux ! C’est moi ta partenaire !
– Ce n’est pas aussi simple.
– Tu n’es plus un enfant, Joe. Je croyais qu’entre nous tu voulais que ce soit du sérieux ?
– Et je le veux toujours ! Mais j’ai besoin que tu me comprennes.
– Et toi ? Tu cherches à me comprendre ?
– Je sais ce que tu ressens. Tu as peur, alors tu es agressive pour te défendre. Mais Gomamon ne te fera jamais de mal. Et je serai toujours là pour toi.

  Joe tendit la main vers elle, mais Chisako s’écarta. Elle ferma les yeux, sans desserrer les poings.

– Pardonne-moi, Joe. Mais aujourd’hui, tu as brisé ma confiance. Je préfère que nous ne nous voyions pas pendant un temps.
– Chisako …
– Je ne reviendrai pas sur ma décision.

  La peine embua le regard de Joe. Vaincu, il quitta l’appartement. Gomamon, le regard triste et plein de ressentiment, se trouvait sur le palier. Joe le prit délicatement dans ses bras :

– Viens, Gomamon. Rentrons.

**********************************************************************************

  Joe envoya voler son sac contre le mur de sa chambre. Il tomba à genoux et frappa ses cuisses de ses poings avec rage.

– Chisako …
– Joe … dit Gomamon en s’approchant de lui. Tu sais, sa petite-amie, elle n’a rien compris. Franchement, tu as vu comment elle m’a regardé ? On aurait dit que je n’étais qu’une vieille chaussette à ses yeux !
– Je … je sais …, haleta Joe, les yeux embués de larmes. J’aurais tellement voulu que tout ça se passe autrement … Qu’elle me comprenne, qu’elle soit heureuse de te voir … Je suis tellement désolé, Gomamon ! Je suis en colère, et en même temps j’ai de la peine … et je ne sais pas quoi faire …

  Joe retira ses lunettes et essuya ses yeux.

– En tout cas, je trouve ça bien qu’elle ne te parle plus pour le moment, répliqua Gomamon. Comme ça, elle arrêtera de te faire des reproches !
– Ne dis pas ça ! Si nous ne nous parlons plus, comment allons-nous nous réconcilier ?
– Franchement, je ne sais pas si elle en a envie.
– Ce regard, qu’elle m’a lancé … c’est comme si elle me demandait de choisir entre elle et toi … et je ne veux pas choisir, Gomamon !

  De nouvelles larmes coulèrent le long des joues de Joe. Il déplia son lit et s’y étendit, désespéré. Gomamon monta sur le matelas et se blottit à côté de lui. Il ne voulait pas voir Joe si malheureux.
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MessageSujet: Re: Digimon Tri. 7ème Partie - Révélations   Digimon Tri. 7ème Partie - Révélations Icon_minitimeMar 17 Mar 2020 - 18:41

Bonjour à tous ! Quitte à être confinés, autant en profiter pour poster ici la suite de ma fanfic ! Smile Voici deux chapitres qui mêleront feux d'artifices, un brin de romance, le retour de l'Océan des Ténèbres et une première apparition d'Yggdrasil Wink Bonne lecture !


Chapitre 6


  En ce jour de feux d’artifices, les rues de Tokyo avaient commencé à se remplir de foule dès le petit matin.
   Face à sa penderie, Meiko mit une jupe devant elle, puis une autre, dubitative. Sakae entra à ce moment dans la chambre, en peignoir de bain. Elle vit Meiko reposer une jupe, en prendre une autre, hésiter à nouveau.

– Ouh là, là, le choix a l’air difficile ! rit-elle en voyant sa sœur en plein dilemme vestimentaire.
– Laquelle me va le mieux ?
– Tu vas mettre ça avec quoi ?
– La chemise blanche sur mon lit.

  Sakae avisa la chemise, classique au possible. Comme Meiko était conventionnelle ! Elle s’approcha de l’armoire de sa sœur : elle en tira une robe mauve avec des manches à volants et des motifs de fleurs bleu pâle.

– Et cette robe, qu’est-ce que tu en penses ?
– Oh, celle-là … je l’avais acheté avec Mimi … Mais je n’ai jamais osé la porter !
– Pourquoi ? Elle est mignonne ! Et elle ira avec la couleur de tes yeux !
– Tu crois ?
– Essaye-là !

  Meiko passa dans la salle de bain se changer. Pendant ce temps, Sakae sécha ses cheveux, puis tâcha de diminuer un peu leur volume et leurs ondulations par un brossage patient. Elle enfila un pantacourt blanc, un chemisier bleu-vert qu’elle rentra dans son pantalon et dont elle retroussa les manches. Puis elle cintra sa taille d’une ceinture bordeaux. À cet instant,  Meiko rentra dans la chambre. Le mauve de la robe rehaussait les nuances violettes de ses yeux et mettait en valeur ses longs cheveux noirs. Sakae sourit :

– Je le savais. Tu es très jolie.
– Vraiment ? Ça ne fait pas … trop féminin ?
– Justement ! C’est ça qui fait bien sur toi. Tu vas avoir dix-sept ans, il faut t’y faire, nous ne sommes plus des petites filles !
– Si tu le dis … Toi aussi, tu es très bien. Tu sais toujours quoi porter pour te mettre en valeur.
– Il suffit de savoir combiner les couleurs … et je passe beaucoup de temps à y réfléchir en peignant ! Ensuite, ce n’est qu’une question d’imagination !

  Meiko sourit. Elle reconnaissait bien là sa sœur.

– À quelle heure retrouvons-nous tes amis ? demanda Sakae.
– Pour midi au parc à Odaiba. Nous y pique-niquerons avant d’aller le soir au feu d’artifice de Sumidagawa.
– Nous amenons quelque chose à manger ?
– Sora m’a dit qu’elle allait cuisiner, mais je pensais faire du crabe et du bœuf de Tottori … Je ne pense pas que mes amis n’en aient jamais mangé à Tokyo.
– C’est une très bonne idée ! Je peux aller faire les courses si tu veux !
– Merci, je vais préparer les condiments !

  Meiko passa dans la cuisine, tandis que Sakae attrapait un sac de course. Au moment de sortir, Sakae se retourna vers sa sœur et l’observa. Une jolie jeune fille en fleurs. Elle leva un pouce :

– T’es vraiment trop belle, sœurette !

  Meiko sourit : elle se sentit soudain plus confiante, et éplucha ses échalotes avec plus d’entrain.

**********************************************************************************

  Yamato tournait en rond dans sa chambre. Il fulminait contre lui-même. Suivant les conseils de Taichi, il avait appelé la veille pour réserver une table dans un restaurant branché qu’il avait repéré, près du lieu où serait tiré le feu d’artifice de Sumidagawa. Puis, prenant son courage à deux mains, il avait mis une chemise bleu ciel, un pantalon noir et avait pris la direction de l’appartement de Sora. Mais plus il progressait dans sa route, plus il sentait ses forces l’abandonner. Il s’était finalement arrêté à mi-chemin. Il s’était demandé ce qu’il faisait là. Il avait eu la sensation d’être un idiot. Sora n’accepterait jamais d’aller dîner avec lui. Découragé, il avait regagné son appartement, pour ensuite se le reprocher toute la nuit. À présent, le jour s’était levé et il n’avait toujours rien fait. Si cela continuait comme cela, il allait tout simplement rappeler le restaurant pour annuler la réservation …

– Yamato, qu’est-ce qu’il t’arrive ? demanda Gabumon en entrant dans la chambre. Depuis hier soir, tu es bizarre … Tu as l’air énervé, mais contre toi-même … Tu n’arrives pas à jouer un air à la guitare ?
– Non, ce n’est pas ça …

  Gabumon le fixait, devinant plus qu’il ne comprenait ce qui agitait son ami.

– Tu sais, Yamato, la première fois que je me suis digivolvé, j’ignorais que je pouvais le faire. Ce n’est qu’en essayant, en ayant confiance en toi et en moi-même que j’ai compris que je pouvais arriver. Je pense que c’est un constat qui est valable dans toutes les situations de la vie : il faut avoir confiance en soi et en les autres pour réussir quelque chose. Surtout si c’est une chose qu’on n’a jamais faite.

  Yamato s’arrêta brusquement de faire les cent pas. Il releva la tête vers Gabumon, le dévisagea, incrédule. Gabumon lui sourit. Et, à ce moment, Yamato lui sourit aussi :

– Merci, Gabumon. Tu es un véritable ami.

  Il renfila sa chemise bleu ciel, son pantalon noir, passa la chaîne qu’il avait l’habitude de porter autour du cou. Puis il mit des chaussures élégantes et se coiffa. Enfin, il ouvrit la porte de sa chambre et lança à son digimon :

– Gabu, en route ! J’ai quelque chose d’important à faire !

**********************************************************************************

  Sora entendit le four sonner alors qu’elle sortait de la douche.

– Aaah, viite ! s’exclama-t-elle en s’enveloppant dans une serviette.

  Elle sortit en courant de la salle de bain et arrêta le four. Ouf, un peu plus et ils n’auraient rien eu à manger au pique-nique ! Elle jeta un œil à la pendule au-dessus de la cuisine : onze heures. Yamato n’était pas venu … L’intuition de Taichi ne s’était pas avérée. Après tout, c’était bien normal. Taichi avait dit lui-même que ce n’était qu’une intuition, et rien de plus. Mais Sora avait espéré que cela se réalise. Tant pis, elle s’armerait de courage et irait elle-même !

  Elle passa dans sa chambre et sortit la robe jaune à fleurs rouges qu’elle avait choisi de porter la veille. Elle l’enfila, puis passa une dernière fois dans la salle de bain pour se mettre des boucles d’oreilles et se maquiller légèrement.

– Piyomon, es-tu prête ?
– Oui, Sora !
– Essaye de trouver un grand cabas pour emmener le pique-nique !
– J’en ai un !

  Sora sortit de la salle de bain, plaça les sushis, sashimis et autres denrées dans des tupperwares et les fourra dans son sac.

– Allez, on va être en retard !

  Elle courut jusqu’à la porte, retira ses chaussons et enfila de petits escarpins rouges qu’elle avait acheté en rentrant de chez Taichi, deux jours auparavant. Elle se retourna vers Piyomon :

– Je suis bien ?
– Parfaite ! Tu plairas forcément à Yamato comme ça !
– Bon, alors allons-y ! dit-elle en souriant.  

  Elle ferma la porte, descendit les escaliers et prit la direction de l’appartement de Yamato. Le soleil était à son zénith, irisant de lumière l’armature métallique du pont d’Odaiba. Sora marchait d’un pas résolu : était un peu anxieuse de voir la réaction de Yamato, mais le simple fait de s’être décidée à sauter le pas la rassurait. Alors qu’elle avait fait près de la moitié du chemin, elle aperçut soudain une silhouette dans le sens inverse venir vers elle. Ses yeux s’écarquillèrent de stupéfaction quand elle reconnut Yamato. Désarçonnée, elle s’arrêta. Ce fut à ce moment que Yamato la reconnut lui aussi. Il se figea net. Pendant une minute qui leur parut très longue, ils demeurèrent à dix mètres l’un de l’autre.

– Sora, va le voir ! l’encouragea Piyomon.
– Yamato, tu ne vas rester ici, si ? fit Gabumon à son partenaire.

  Aussi rouges et troublés l’un que l’autre, Sora et Yamato se rejoignirent. Un silence gêné s’installa entre eux, aucun n’osant affronter le regard de l’autre. Sora finit par dire :

– Je ne m’attendais pas à te voir ici. Où allais-tu ?

  Elle hésita, releva la tête vers Yamato, et rencontra alors ses yeux bleus, pâles et graves. Elle cilla. Lui aussi. D’une voix maladroite, il dit :

– Ben, en fait … je … j’allais chez toi.
– Qu … quoi ? Tu venais … me voir ?
– Oui.  
– Pour … pourquoi ?
– Eh bien … je voulais te demander si … est-ce que ça te dit que … qu’on aille dîner ensemble au restaurant après le feu d’artifice de Sumidagawa ?

  Sora en resta bouche bée de surprise. Les yeux ronds comme des soucoupes, elle ne quittait plus Yamato des yeux.

– Tu … voulais m’inviter à dîner ? dit-elle d’une petite voix.
– Oui … mais si tu ne veux pas, je comprendrai … enfin, je veux dire que …
– Je voulais justement te proposer la même chose !

 Yamato releva la tête vers Sora, et la dévisagea, ébahi :

– C’est vrai ?
– Oui !

  Les joues empourprées de Yamato et de Sora devinrent encore plus roses. Ils se sourirent.

– Alors, c’est d’accord ? dit Yamato, en se passant une main sur la nuque, encore gêné. Parce que … j’ai déjà réservé le restaurant.

  Les yeux de Sora se mirent à briller.

– Ce sera avec plaisir.

  Ils se dévisagèrent à nouveau. Yamato trouva Sora très jolie dans cette robe jaune à fleurs rouges, avec ces petits talons et ces boucles d’oreilles. Il lisait sur son visage qu’elle était encore surprise, flattée de sa demande aussi, et heureuse. Sora devinait que derrière le sourire gêné de Yamato se cachait une joie immense. Venir la voir ainsi avait dû lui demander beaucoup de courage. Elle ne put s’empêcher de s’attarder sur son élégance, sobre, à son image : pantalon noir et chemise bleu ciel. Le col entrouvert laissait voir la chaîne qu’il avait l’habitude de porter, mais aussi sa peau pâle.

– Alors … on rejoint les autres pour le pique-nique ? dit-elle finalement.
– Oui … bonne idée. Tu as l’air d’avoir préparé de bonnes choses dans ton sac !

  Ils rougirent de nouveau, et se mirent en route.  

  Quand ils arrivèrent au parc où ils s’étaient donné rendez-vous, Taichi, Hikari, Mimi et Koushiro étaient déjà là avec leurs digimons. Le soleil filtrait à travers les feuillages arbres, essaimant des tâches de lumière sur la pelouse. À cette heure chaude de la journée, il faisait bon être à l’ombre. En voyant Yamato et Sora arriver ensemble, Taichi sourit.

– Bonjour tout le monde ! lança Sora.
– Tu apportes la nourriture ? lança Agumon.
– Oui !
– Je sens déjà la bonne odeur d’ici ! dit Mimi.

  Tandis que Sora sortait une nappe de son sac pour installer les victuailles, Taichi s’approcha de Yamato :

– Alors ?
– Si je te disais ce qu’il s’est passé, tu ne me croirais pas …
– Va savoir, répliqua-t-il avec un clin d’œil. Elle t’a dit oui ?

 Yamato acquiesça d’un signe de tête. Puis il donna un coup de coude à Taichi :

– Et toi, alors ? Tu as vu Meiko ?
– Ben, pas encore, elle n’est pas arr…
– Bonjour ! lança alors une voix.

  Les garçons se retournèrent : Meiko s’avançait dans leur direction. Taichi demeura un instant interdit : elle portait une robe mauve vaporeuse dont les manches à volant laissaient deviner ses épaules blanches. C’était la première fois qu’il la voyait dans une tenue aussi féminine. Yamato le fixait, amusé. Ils s’aperçurent alors qu’elle était accompagnée d’une jeune fille qu’aucun d’entre eux n’avaient jamais vu.

– Quelqu’un qu’on ne connaît pas ! s’inquiéta Tailmon.
– Palmon, mets-toi derrière ce buisson ! lança Mimi à son digimon.
– Piyomon, rentre dans le panier à pique-nique ! fit Sora.
– Vite, Koushiro, ouvre ton ordinateur pour qu’on puisse s’y cacher ! s’exclama Tentomon.

  Alors que Koushiro s’exécutait et que tous les digimons s’affolaient, Meiko lança :

– Non, n’ayez pas peur ! Sakae connaît le digimons !

  Tous suspendirent leur geste et se retournèrent, surpris. Meiko s’approcha d’eux, confuse :

– Excusez-moi. Je ne voulais pas vous effrayer. J’aurais dû vous prévenir que j’amenais Sakae avec moi … mais je voulais vous faire la surprise !
– Sakae ? fit Mimi.
– Oui. Je vous présente Sakae, ma petite sœur. Elle étudie en internat dans un lycée professionnel de Kanazawa, c’est pourquoi elle n’est pas arrivée à Tokyo en même temps que moi. Mais pour les vacances, elle a trouvé un stage par ici.
– C’est super, ça te permet de voir ta famille, dit Sora.
– Oui, acquiesça Sakae. Je vous remercie de m’accepter parmi vous pour ce pique-nique. Meiko m’a dit beaucoup de bien de vous tous.
– Sakae a souvent vu Meikumon, dit Meiko, alors elle est habituée aux digimons.

  Cette nouvelle parut faire plaisir à Tailmon, Tentomon, Agumon, Piyomon, Gabumon et Palmon qui se rapprochèrent. Sakae les regarda tous tour à tour, humains et digimons, et finit par dire :

– Est-ce que … est-ce que je peux vous demander vos noms ?

  Sora se leva et se chargea des présentations des adolescents :

– Moi, c’est Sora. Je suis en première dans la classe de Meiko. Voici Taichi et Yamato, qui sont également dans notre classe, Hikari, qui est au collège et qui est la sœur de Taichi, et pour finir, Mimi et Koushiro qui sont en seconde dans le même lycée que nous.

  Agumon débuta ensuite la présentation des digimons :

– Moi, c’est Agumon, et je suis le partenaire de Taichi.
– Gabumon, je suis le partenaire de Yamato.
– Tentomon, je suis le compagnon de Koushiro.
– Moi c’est Piyomon, je suis la partenaire de Sora.
– Et moi c’est Palmon, je suis la meilleure amie de Mimi !
– Je m’appelle Tailmon, je suis la partenaire d’Hikari, termina Tailmon en sautant sur les genoux de son amie.
– Ravie de tous vous rencontrer, dit Sakae en s’inclinant.

  Koushiro dévisageait attentivement Sakae. Dès qu’il l’avait aperçue, il savait qu’il l’avait déjà vue quelque part. Il s’était alors rappelé de la jeune fille qu’il avait distinguée du haut de son balcon, quelques jours auparavant. Oui, c’était bien elle. Ainsi, c’était la sœur de Meiko ? Pourquoi donc était-elle venue jusque devant son immeuble ? Intrigué et circonspect, il n’osa pas lui adresser la parole. Il se rendit compte qu’elle aussi semblait avoir été surprise de découvrir qu’il faisait partie des amis de sa sœur et avait évité son regard dès son arrivée.

– Meimei, je n’y crois pas ! s’exclama alors Mimi. Tu as mis la robe qu’on avait achetée ensemble !
– À vrai dire … c’est Sakae qui m’a encouragée à la mettre.
– Tu as bien fait ! dit Mimi à Sakae. Elle est trop mignonne dedans ! D’ailleurs, j’adore la manière dont tu t’habilles toi aussi !
– C’est gentil ! Mais je crois que finalement, j’aurais dû mettre quelque chose de moins salissant … le blanc sur de l’herbe, ça va être terrible ! dit-elle en riant.

  Son rire était frais et franc, et mit à l’aise les autres adolescents. Meiko et Mimi aidèrent Sora à installer tout ce qu’elle avait préparé pour le pique-nique sur la nappe.

– Chouette, on va pouvoir manger ! s’exclama Agumon.
– Non, pas encore, dit Hikari. Il manque Takeru.
– C’est vrai, et Joe aussi ! renchérit Mimi.
– Yo, tout le monde !

  Les adolescents se retournèrent et distinguèrent Takeru les rejoindre, sous le soleil. En short vert, polo corail et casquette noire, il était facilement reconnaissable. Patamon le suivait en volant. Takeru était également accompagné de deux autres silhouettes.

– Ken ! s’exclama Hikari.
– M. Nishijima ! ajouta Taichi en se levant.

  Ken avait bien meilleure mine que la dernière fois qu’ils l’avaient vu à l’hôpital. M. Nishijima se déplaçait avec précaution, mais il semblait avoir retrouvé de la vitalité.

– Ken m’avait appelé hier soir pour me dire qu’il pouvait sortir aujourd’hui de l’hôpital, dit Takeru. Je lui ai donc proposé de se joindre à nous pour le pique-nique. Et quand je suis passé à l’hôpital ce matin, j’ai vu que M. Nishijima rentrait aussi chez lui. Alors, je n’ai pas pu m’empêcher de lui proposer de nous accompagner.  
– Et je t’en remercie, dit M. Nishijima. Cela ne m’enthousiasmait pas trop d’être seul chez moi.
– J’espère qu’on aura assez à manger … dit Sora, préoccupée.
– Mais nous aussi nous avons apporté quelque chose ! s’exclama Sakae. Pas vrai, Meiko ?
– Oui … nous avons fait du bœuf et du crabe à la mode de Tottori ! Nous nous sommes dit que vous n’en aviez sans doute jamais goûté.
– Du bœuf et du crabe ? dit Takeru. Ça a l’air très bon !
– Ken, comment te sens-tu ? demanda Sora.
– Mieux, merci. J’ai vraiment bien récupéré ces jours-ci.
– Et comment vont Cody, Yolei et Davis ?
– Toujours inconscients, soupira Ken. Mais leur état est stable.
– Et vous M. Nishijima, comment vous sentez-vous ? demanda Taichi.
– Eh bien, hormis le fait que j’ai un nombre inouï de côtes cassées, tout va bien ! Je ne peux pas faire de mouvements brusques, alors ne me faîtes pas trop rire !
– Promis ! assura Taichi avec un sourire. Cette fois, tout le monde est là, non ?
– Il manque toujours Joe, dit Hikari.
– C’est vrai, ça, où est-il passé ? dit Mimi. Je vais l’appeler !  

  Elle composa le numéro et attendit. Aucune réponse.

– Pfff, il ne décroche pas …
– Peut-être qu’il a décidé de réviser ? émit Koushiro.
– Mmm … c’est bizarre, tout de même. Il avait dit qu’il viendrait.
– Il va peut-être finir par voir que tu l’as appelé, dit Sora. En attendant, je crois que nous pouvons commencer. Il est déjà 13h.
– À table ! s’écria Agumon.

  Ils commencèrent à se répartir la nourriture. Meiko guetta la réaction de ses amis lorsqu’ils se servirent du bœuf et du crabe à la mode de Tottori.

– Humm, Meiko, c’est délicieux ! la félicita Sora. Nous n’avons pas de saveurs de ce type à Tokyo !
– C’est trop trop bon ! s’extasia Agumon. J’en veux encore !

 Taichi se leva et se rapprocha de Meiko :

– Ils ont raison. C’est délicieux. Je peux t’en redemander, s’il te plaît ?

 Meiko rougit et resservit Taichi. Après le repas, ils décidèrent de se reposer un peu à l’ombre des arbres. La température était agréable, et le pique-nique avait été copieux. Takeru se tourna vers Ken :

– Alors, qu’est-ce que ça fait d’être à nouveau dehors ?
– Beaucoup de bien. J’avais l’impression de ne plus avoir senti la chaleur du soleil depuis bien longtemps.
– Voir la lumière est important, acquiesça Hikari.

  Elle caressa la tête de Tailmon qui dormait contre ses jambes et ferma les yeux. Koushiro avait ouvert son ordinateur portable, Tentomon à ses côtés. Sora avait pris Piyomon contre elle, et s’était adossée au même arbre que Yamato. Gabumon s’était blotti près de ce dernier. Taichi s’était allongé sur l’herbe mains derrière la tête et avait fermé les yeux. Agumon ronflait près de lui. Meiko et Mimi discutaient à voix basse, Palmon les écoutant attentivement. M. Nishijima s’était aussi adossé à un arbre, appréciant la douceur de cette journée d’été et savourant le simple fait d’être toujours vivant. Quand Hikari rouvrit les yeux, elle remarqua que Sakae avait sorti un carnet et un crayon et qu’elle s’était mise à griffonner.

– Sakae, qu’est-ce que tu fais ?

  Koushiro tourna la tête et, discrètement, observa Sakae. La jeune fille releva le regard vers Hikari avec un sourire.

– Je vais te montrer.

  Elle se leva et s’approcha d’Hikari, de Takeru et de Ken. Elle ouvrit le carnet et tous trois restèrent bouche bée : elle avait commencé à dessiner tous les digimons de chacun des Enfants Élus.

– Whouah, tu es drôlement douée, fit Takeru.
– Takeru a raison, renchérit Ken. La ressemblance est frappante, et tu maîtrises très bien la perspective.
– Moi, ce qui m’impressionne, c’est la manière dont tu saisis leur expression, dit Hikari, admirative. Pourquoi as-tu choisi de représenter nos digimons ?
– C’est que je n’en ai jamais eu autant sous les yeux ! répondit Sakae, enthousiasmée. Quand j’étais petite, je ne voyais que Meikumon. Mais chacun de vous a un partenaire. Ce doit être magique.
– C’est vrai, confirma Takeru en caressant le dos de Patamon qui s’était lové dans ses genoux en tailleur. C’est un lien très fort.
– Je vous envie, dit Sakae. Même si je sais que ça peut être très difficile aussi. Meiko évite de parler de Meikumon ces jours-ci. Cela lui fait trop mal encore je pense.
– Oui, c’est normal, dit Hikari, compatissante.
– C’est le dessin que tu étudies à Kanasawa ? demanda Takeru à Sakae.
– Pas exactement. J’apprends le soufflage et la peinture du verre. Pour faire des vases, des objets, mais aussi des vitraux. C’est un art qui vient d’Occident et dans lequel je voudrais me spécialiser. Le stage que j’ai trouvé à Tokyo se passe dans l’atelier d’un maître verrier reconnu qui a appris l’art du vitrail en Europe. Mais pour souffler le verre et le peindre, j’ai besoin de savoir dessiner.
– Ça doit être fascinant, dit Hikari, émerveillée.

  Sakae lui tendit son carnet et l’invita à le feuilleter. Hikari fit défiler les pages. Sur l’une d’elle, Sakae venait de brosser à grand trait un feuillage transpercé par les rayons du soleil.

– Cette image est très poétique, murmura Hikari.

  Elle continua de tourner les pages et fut surprise des suivantes : Sakae avait esquissé les profils de Mimi, Sora, Takeru et le sien.

– Tu … tu nous as dessinés ? fit Hikari en rougissant.
– C’est très réussi, commenta Ken.
– J’ai vraiment cette expression-là ? demanda Takeru.
– Oui, exactement ! confirma Hikari avec un sourire. Je trouve que Sakae est forte pour saisir les caractères !  

  Hikari tourna encore une page, sur laquelle un dessin était encore suspens : malgré tout, tous reconnurent Koushiro. Les traits étaient plus nets, plus appliqués, comme si Sakae avait davantage pris de temps pour ce portrait-ci.

– Eh bien, celui-là aussi est très ressemblant, fit Takeru. Koushiro !

  Koushiro détourna vivement le regard pour qu’ils ne s’aperçoivent pas qu’il les épiait.

– Tu devrais venir voir, c’est vraiment toi ! insista Takeru.
– Non … non merci ! Je suis occupé pour l’instant.

  Sakae fixa Koushiro.

– Koushiro un passionné d’informatique ? demanda-t-elle.
– Oui, c’est ça, confirma Ken. Il peut paraître un peu réservé, mais c’est quelqu’un de très intelligent.

  Sakae reporta son regard sur Koushiro, et fronça les sourcils, comme si elle cherchait à voir quelque chose en lui qui n’était pas visible au premier abord.

  Mimi regarda l’heure sur son téléphone et marmonna :

– Joe n’a toujours pas rappelé … Bizarre …
– Il travaille peut-être encore ? suggéra Meiko.
– Mouais … un samedi ? J’essaye de le rappeler.

  Mimi composa de nouveau le numéro, et tomba une fois de plus sur la messagerie.

– Y a un truc qui cloche, dit-elle. Il ne va quand même pas rater le feu d’artifice … Bon, je vais le chercher !
– Tu es sûre, Mimi ? demanda Meiko.
– Oui, ne t’inquiète pas, je vais réussir à le faire sortir de chez lui ! Si je ne suis pas revenue pour la fin de l’après-midi, on se retrouve au feu d’artifice ! D’accord ?
– D’accord.
– À tout à l’heure tout le monde ! lança-t-elle à la cantonade. Tu viens, Palmon ?
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MessageSujet: Re: Digimon Tri. 7ème Partie - Révélations   Digimon Tri. 7ème Partie - Révélations Icon_minitimeMar 17 Mar 2020 - 18:45

Chapitre 7


  Quand Mimi arriva au pied de l’immeuble de Joe, elle essaya de l’appeler une dernière fois. Il ne décrocha pas.

– Bon, tant pis, fit-elle en commença à monter les marches.

  Elle arriva devant son appartement, et sonna. Ce fut la mère de Joe qui vint lui ouvrir.

– Bonjour Madame, je viens voir Joe. Je suis une de ses amies, et nous l’attendions pour un pique-nique, mais il n’est pas venu. Alors, je me demandais s’il était ici.
– Oh … eh bien, oui, il est ici. Dans sa chambre. Mais ça fait près de deux jours qu’il n’est pas sorti.
– Il travaille ?
– Je ne sais pas … je ne crois pas.

  La mère de Joe fit entrer Mimi dans l’appartement et lui indiqua où se trouvait la chambre de son fils. Mimi s’en approcha et toqua doucement.

– Qui est là ?

  Mimi poussa la porte et entra. Joe, qui était étendu sur son lit, se redressa. Gomamon était à ses côtés.

– Coucou ! C’est moi ! fit Mimi.
– Mimi ?
– Mimi ! s’exclama Gomamon.
– Gomamon ! s’exclama Palmon.
– Mimi, qu’est-ce que tu fais ici ? demanda Joe.
– Eh bien, je sais que tu es soucieux de tes études et pas très gourmand, mais quand même, de là à rater un pique-nique avec tes amis, j’ai trouvé ça inquiétant … alors je suis venue voir comment tu allais.
– Ah, le pique-nique ! J’avais complètement oublié … on est déjà samedi ?
– Eh oui ! Mais dis-moi, tu en fais une tête. On dirait que tu n’as pas dormi depuis trois jours.
– C’est à peu près ça.
– Hein ?! Mais pourquoi ?

  Joe adressa un regard en biais à Mimi, hésitant. Mimi sentit son cœur se serrer : dans les yeux de Joe, elle avait lu la douleur qui l’habitait.

– Je me suis disputé avec ma copine, lâcha finalement Joe.
– Ta copine ? Alors, elle existait vraiment ?
– Mimi ! la gronda Palmon.
– Désolée ! Je voulais dire … à propos de quoi vous êtes-vous disputés ?

  Joe fronça les sourcils, la mâchoire contractée et les yeux embués.

– Je ne lui avais encore jamais parlé de Gomamon ou du monde digital … ni du fait que nous sommes les Enfants Élus. Je pensais qu’elle l’accepterait. Qu’elle serait heureuse de connaître Gomamon. Mais ce n’est pas du tout comme ça que ça s’est passé …
– Comment elle a réagi ?
– Son frère a été blessé par un des digimons d’Yggdrasil pendant que nous luttions contre Ordinemon … Alors, maintenant, elle pense que tous les digimons sont mauvais.
– Elle a tort ! s’exclama Mimi en brandissant un poing serré.
– Comment voulais-tu que je lui fasse comprendre ? Elle ne voulait rien entendre. Elle m’a dit que j’avais trahi sa confiance en lui cachant que j’étais un Enfant Élu, et quand Gomamon a voulu me défendre, elle a …
– Elle m’a regardé comme si j’étais une vieille chaussette ! compléta Gomamon.
– C’est vrai ? s’exclama Palmon. Elle a fait ça ?
– Oui ! Et elle a refusé d’écouter Joe.
– Je pense qu’elle a eu peur, dit Joe. C’est normal après ce qui est arrivé à son frère. Mais j’aurais cru qu’elle m’écouterait, que je pourrais la raisonner.

  Mimi pinça les lèvres, réellement peinée. Elle vint s’asseoir au bord du lit, près de Joe, et posa les mains sur ses genoux. Ils restèrent ainsi quelques minutes en silence. Finalement, Mimi dit :

– Quand on est en colère, ou qu’on est effrayé, on dit ou l’on fait des choses qu’on ne dirait pas ou qu’on ne ferait pas normalement. Tu te rappelles la première fois que tu es allé dans le digimonde ?
– Assez bien, oui, dit Joe avec un sourire. J’avais peur de tout.
– Exactement. Parce que c’était nouveau pour toi, pour nous tous. Moi aussi j’avais peur, et je ne voulais qu’une chose, c’était rentrer chez moi. Nous n’étions pas très matures ni très débrouillards en ce temps-là. Mais peu à peu, nous avons appris à surmonter nos peurs. Parce que nous avions nos partenaires digimons, oui, mais surtout parce que nous étions tous devenus amis et que nous pouvions compter les uns sur les autres. C’est ça qui nous a rendu plus fort, et qui nous a permis de comprendre les digimons. Avec ta copine, c’est pareil. Les digimons, c’est quelque chose de nouveau pour elle. Mais si vous avez confiance l’un dans l’autre, vous surmonterez vos peurs. Si elle a confiance en toi, tu pourras lui apprendre à ne plus craindre les digimons.

  Joe médita les paroles de Mimi. Elle avait raison : maintenant qu’il repensait à sa dispute avec Chisako, il se dit qu’elle avait réagi exactement de la même manière que lui la première fois qu’il était arrivé dans le monde digital. Avec de la peur, et pour la contrer, une tendance à vouloir tout rationnaliser pour mieux contrôler une situation qui lui échappait. Au fond, ce qu’il devait réussir était simple et compliqué à la fois : il devait aider Chisako à surmonter sa peur en ayant confiance en lui, et en elle-même. S’il était parvenu, elle pouvait y parvenir.

– Tu as raison, acquiesça-t-il. C’est contre la peur qu’il faut lutter. C’est la peur qui nous rend vulnérable ou mauvais.
– Oui. C’est comme avec Meikumon.

 Le front de Joe se plissa.

– Comment va Meiko ?
– Elle a beaucoup de courage, plus qu’elle n’y paraît. Mais j’imagine ce qu’elle peut ressentir.
– Oui. Moi aussi.
– C’est pour ça que tu ne dois pas laisser la peur envahir ta copine. Mais pour ça, tu as besoin de Gomamon !
– Hein ? fit celui-ci.
– Oui, elle a raison ! dit Joe à son partenaire. Tu te rappelles quand j’ai gravi le Mont de l’Infini, quand nous nous sommes rencontrés dans le digimonde la première fois ? Je ne voulais pas que tu me suives, mais tu l’as comme même fait. Et c’est cette nuit-là qui nous a rendus complice pour toujours.
– Oui, je m’en rappelle. Je t’ai suivi parce que je savais qu’on pouvait être amis.
– Tout à fait. Tu as persévéré. Je dois faire pareil avec Chisako. Mais il faut que tu sois avec moi. Tu es mon partenaire digimon, et elle est la fille que j’aime. Ce n’est pas en vous opposant l’un à l’autre, ce n’est pas en choisissant entre vous deux que je me réconcilierai avec Chisako. Ce n’est que si nous lui donnons une chance de te comprendre qu’elle me comprendra.
– Je viendrai avec toi, Joe. Je ferai n’importe quoi pour toi !

  Joe et Gomamon se sourirent. Puis Joe se tourna vers Mimi, et lui sourit aussi :

– Merci d’être venue, Mimi.
– De rien. Dans le monde digital, c’est toi qui me remontais le moral. Maintenant, c’est mon tour !
– Est-ce que tu crois que les autres sont encore au parc ?
– Vu l’heure, je pense qu’ils sont déjà en route pour le feu d’artifice. Mais si on se dépêche, on peut les rejoindre !
– Alors, allons-y !

**********************************************************************************

  Maki Himekawa ouvrit lentement les yeux. Elle était étendue sur du sable mouillé, et sentait le reflux d’une eau glacée lui tremper les jambes. Elle se redressa, hagarde. Où était-elle ? Elle ne se rappelait de rien, sinon qu’elle avait été assaillie par les vagues de cet océan sombre, et qu’elle avait dérivé … Elle pensait se noyer, mais elle avait échoué sur une plage étrange. Elle devinait qu’elle ne se trouvait plus dans le monde digital. Dans ce monde ci, seul le noir et le gris existaient. L’eau qui lui gelait les chevilles avait une couleur de ténèbres. Tout au bout de la plage, un phare projetait une lumière obscure sur la baie. Elle avait perdu ses chaussures et sa veste. Elle se releva : ses pieds s’enfoncèrent dans le sable glacial. Elle serra contre elle ses bras que les manches courtes de son chemisier gris ne protégeaient plus. Elle sentait seule, vide, abandonnée. Le ressentiment étreignait son cœur.

– Bakumon, pourquoi n’es-tu pas à mes côtés ? murmura-t-elle.

  Une larme roula sur sa joue. Elle remarqua alors une cascade d’eau noire, en haut d’une falaise qui surplombait la plage. Son lit chutait de la falaise jusqu’au rivage où il creusait un sillon pour se déverser dans l’océan. En haut de la cascade se dressait une immense pagode noire. Elle semblait en ruines. Pourtant, Maki se sentait attirée par elle. Elle remonta la plage, puis gravit la falaise. Les pierres saillantes égratignèrent ses pieds et ses mollets à maintes reprises. Quand elle parvint en haut de l’escarpement, elle se trouvait face à l’entrée de la grande pagode sombre. Des lampes de lumière noires se balançaient au-dessus de l’entrée et sifflaient dans le vent solitaire. Maki s’approcha de l’entrée de la pagode. À cet instant, une silhouette humaine se matérialisa devant elle.

– Gennai ! s’exclama-t-elle en reconnaissant l’homme vêtu de noir.
– Comme nous nous retrouvons, Maki, susurra-t-il. Mais ici, je n’ai pas besoin de cette ridicule apparence d’emprunt.

  La silhouette de Gennai se pixélisa et changea alors de forme. Maki écarquilla les yeux en le reconnaissant :

– Vous ! Vous êtes …
– Tu croyais que tu avais à faire au véritable Gennai ? Le véritable Gennai n’est qu’un incapable … tout juste bon à me prêter son image !

  Elle voulut reculer, il l’attrapa par le bras avec un sourire carnassier :

– Eh bien, Maki ? Tu veux déjà nous quitter ? Pourtant, tu vas être bien traitée ici, mieux que tu ne l’as jamais été dans le monde digital …

  La silhouette tendit le bras vers la porte de la pagode, qui s’ouvrit. Il tira Maki à l’intérieur, bien qu’elle se débatte. Quand ils furent dans le vestibule, la porte se referma brutalement et Maki fut plongée dans le noir. Elle ne sentait que la main puissante qui lui serrait le bras. Dans cette obscurité, la peur l’envahit de manière grandissante.

– Maki Himekawa ! tonna soudain une voix.

  Elle tourna la tête dans toutes les directions, sans rien voir. Elle sentit quelque chose la frôler, comme un tissu glacé. Elle sursauta, son cœur battant la chamade.

– Qui est là ? cria-t-elle.

  De la lumière grise envahit alors l’atmosphère. Maki découvrit qu’au lieu du vestibule, elle se trouvait à présent dans une immense salle de pierres aussi noires et brillantes que l’onyx. Tout au fond de cette salle, sur un piédestal de glace, flottait une sphère bleu pâle dont la consistance rappelait celle de l’eau.

– Maki Himekawa !

  La voix émanait de la sphère. Celle-ci se déforma alors, s’étira, se façonna. Le liquide qui semblait la constituer se cristallisa et donna lieu à une étrange créature, qui rappelait la forme humaine. La partie inférieure de son corps avait l’aspect d’une grande goutte d’eau inversée : en lieu et place des jambes, du cristal partait de sa taille pour se courber et former une pointe là où auraient dû se trouver ses pieds. Son buste semblait fait du même cristal, et des bras blancs comme la neige sortaient de cette étrange armure. Deux pointes s’élançaient à l’horizontale pour couvrir ses épaules, tandis qu’une troisième enveloppait sa tête à la manière d’un casque de glace. Sous ce casque, une longue chevelure blanche tombait presque jusqu’au bas du corps de la créature. Elle encadrait un visage pâle, et des lèvres aussi exsangues que celles des morts. Mais surtout, deux très grands yeux gris la dévisagèrent, aussi polis et brillants que le mercure liquide.

  Maki aurait été incapable d’assigner un genre à cette entité androgyne. Elle songea qu’il y avait de la beauté dans cet être, de la majesté. Mais aussi une froideur terrible, inhumaine. Et une amertume incommensurable. Elle ressentait exactement la même chose. La voix puissante résonna de nouveau, sans que les lèvres de la créature ne se meuvent. Elle s’adressa à celui qui tenait toujours Maki par le bras :

– Lâche-la.

  Celui-ci s’exécuta, un peu à contrecœur. Maki se dégagea de son emprise, et se rapprocha de l’étrange apparition.

– Qui êtes-vous ?
– Tu sais qui je suis.

  Elle le dévisagea longuement. L’être soutint son regard.

– Vous êtes … Yggdrasil, n’est-ce pas ?

  Il acquiesça.

– Oui. Je savais que tu trouverais le chemin de mon royaume. Je t’attendais, Maki Himekawa.

  Maki, à mesure qu’elle fixait Yggdrasil, sembla retrouver la mémoire. Elle se rappela pourquoi elle avait collaboré avec lui, pourquoi elle était venue dans le monde digital. Elle se souvint de Bakumon, et alors la colère en elle se déchaîna :

– Vous m’avez menti ! Le reboot ne m’a pas permis d’être réunie avec Bakumon ! Il était vivant, oui, mais sans aucun souvenir !
– Je t’ai garanti que tu le reverrais, mais tu ne m’as pas demandé de lui rendre la mémoire …
– Ne vous moquez pas de moi !
– Tu savais qu’un reboot te ramènerait ton partenaire, et je désirai le lancer. Nous avons collaboré à cette même fin, je ne peux pas faire davantage pour toi.
– Je croyais que vous étiez plus puissant. Mais apparemment, Homeostasis doit être encore plus fort que vous.
– Comment oses-tu dire cela ?
– Homeostasis n’est-il pas le dieu du digimonde ? N’est-il pas supérieur à vous ?

  Les yeux de mercure la dévisagèrent avec plus de froideur qu’aucun regard humain n’était capable de le faire. Maki sentit la peur lui tordre l’estomac. Yggdrasil écarta les bras, et une intense lumière noire envahit la pièce, si puissante que Maki dut se cacher les yeux.

– Homeostasis, supérieur à moi ? Mais j’ai été créé bien avant Homeostasis ! J’étais le dieu du digimonde !

  Maki rouvrit les yeux, tremblante, et releva la tête vers Yggdrasil.

– Vous étiez le dieu du digimonde ? Qui vous a créé ?

  La question parut irriter Yggdrasil, comme s’il la jugeait impertinente.

– Je l’ignore. Mais qui qu’il fut, ou quoi qu’il fut, il n’a plus jamais rien fait pour le monde digital ensuite. Sans moi, le digimonde n’existerait pas ! Sans moi, il n’aurait jamais surgi de la mer quantique !
– Vous voulez dire que … que vous … avez créé le monde digital ?
– Je l’ai créé à partir de la matière informe qui préexistait à tout. Je l’ai créé lui, et bien d’autres univers encore … je suis le Démiurge de tous ces mondes ! s’exclama-t-il levant les bras au ciel. Mais un jour, Homeostasis a été créé à son tour. Il a voulu me voler le monde que j’avais créé et me remplacer en tant que dieu des digimons ! Comment lui qui n’avait rien créé pouvait-il s’arroger ce droit ? Par quel orgueil s’imaginait supérieur, ou même égal à moi ? Homeostasis n’est qu’une vile entité qui au nom de l’harmonie être prêt à employer la violence ! Ne vous a-t-il pas utilisés pour servir ses plans ?
– De qui parles-tu ?  
– De vous, les humains ! De toi et de tes amis, qui avez été choisi par Homeostasis comme « Enfants Élus » ! Élus pour quoi ? Pour être ses jouets !
– Tu te trompes ! Nous devions sauver le monde !
– C’est ce qu’il vous a dit. Mais en es-tu bien sûre ? Ne comprends-tu donc pas que vous n’étiez que des pions dans sa stratégie ?
– Pourquoi aurait-il fait une chose pareille ?  
– Parce qu’il souhaitait m’évincer du monde digital pour imposer son ordre à lui. Il se dit gardien de l’harmonie, alors que c’est moi qui ai maintenu l’équilibre du digimonde pendant si longtemps … Il a fait de moi le monstre que tout le monde pense que je suis ! Et pour m’éliminer, il avait découvert quelque chose que moi-même je ne comprends pas encore totalement …
– Qu’est-ce que c’est ?
– Votre capacité, humains, à influencer les digimons pour qu’ils évoluent ... Cela l’intéressait, et c’est pour cela qu’il a fait appel à vous, Enfants Élus.
– Qu’est-ce que tu insinues ?
– J’affirme qu’il vous a manipulé pour parvenir à dominer la digivolution. Son but était de créer les Bêtes Sacrées pour m’opposer un ennemi que je ne suis puisse pas combattre. Homeostasis a dénaturé ma création, les digimons, en les associant avec vous, les humains … tout en vous faisant croire que vous le faisiez pour le bien des deux mondes ! Quelle hypocrisie ! Homeostasis ne veut que le pouvoir !
– Non, je ne te crois pas … Homeostasis maintient l’harmonie …
– Alors pourquoi à chacune de ses apparitions y-a-t-il un sacrifice ? Pourquoi au lieu d’apporter la paix, il vous a apporté la mort ? Pourquoi a-t-il sacrifié Megadramon et laissé mourir Ibuki, Shigeru et Eiichiro ?

  Maki fixait Yggdrasil, déchirée, perdue. Elle revoyait Megadramon sous le feu des Quatre Bêtes Sacrées, son corps se dissoudre pour être transformé en puissance d’attaque … Elle revoyait Eiichiro, Ibuki et Shigeru se placer devant Daigo et elle, elle les voyait mourir pour se fondre dans les Bêtes Sacrées … Et si Yggdrasil avait raison ? Si Homeostasis ne les avait choisis que pour utiliser leur pouvoir ? S’il ne les avait amenés dans le digimonde que pour créer les Bêtes Sacrées afin de vaincre celui à qui il voulait usurper le digimonde ? Si réellement elle et ses amis avaient compté à ses yeux, Homeostasis les auraient-ils laissés se sacrifier ?

  Les larmes coulaient sur les joues de Maki Himekawa. Elle se prit la tête dans les mains, tomba à genoux en sanglotant. Elle avait l’impression devenir folle : tout ce qu’elle avait cru depuis qu’elle avait été désignée comme Enfant Élue n’avait été que mensonge … Tout ce qu’elle et ses amis avaient été conduit à faire dans le digimonde n’était que la stratégie d’une entité jalouse du pouvoir d’Yggdrasil … Ils avaient été joués, utilisés, manipulés … et elle y avait cru. Comment avait-elle pu être aussi naïve ? Le désespoir la prit à la gorge, refroidit tout son corps. Elle se sentait si misérable, si inutile … elle haïssait Homeostasis et se haïssait elle-même. Elle tremblait de tous ses membres.

– Maki Himekawa, dit Yggdrasil, sais-tu pourquoi Homeostasis n’a pas pu faire de Megadramon une Bête Sacrée ?
– Pour ... pourquoi ?
– Parce qu’à cet instant, tu n’as pas été capable d’influencer ton digimon pour qu’il se transforme. Et sais-tu pourquoi tu en as été incapable ? Parce qu’à ce moment, tu as cessé d’obéir à Homeostasis. À ce moment, tu as senti qu’Homeostasis ne servait pas une cause juste. À ce moment, tu as senti ma présence.

  Les larmes de Maki s’interrompirent. Elle réfléchit : elle ne se souvenait pas avoir perçu la présence d’Yggdrasil pendant cette bataille. Pourtant, en fouillant sa mémoire, elle se rappelait avoir senti cette sensation d’eau glacée qui caractérisait l’impression que produisait maintenant Yggdrasil sur elle. Oui, il avait raison, elle l’avait senti à l’intérieur de son âme ce jour-là. Cette tristesse qui l’envahissait, plus elle y pensait, plus elle était persuadée que c’était la tristesse d’Yggdrasil qu’elle avait ressenti, et qui ne l’avait jamais vraiment quittée depuis. Elle se redressa et dit à Yggdrasil :

– C’est vrai, j’ai senti votre présence. Mais pourquoi m’avoir fait venir ici ? Je suis un être humain, alors vous ne pouvez sans doute rien faire pour m’aider …
– Tu te trompes. Je t’ai fait venir ici pour que tu ne sois plus jamais utilisée par Homeostasis. Pour que tu sois estimée pour ce que tu es.
– Que veux-tu dire ?
– Tu es la seule qui puisse sentir en toi ma présence. Un garçon, il y a quelques années, avait pu parvenir à moi, puis une fille … mais leurs amis, aveuglés par Homeostasis, me les ont arrachés … Toi, tu y es arrivée. Je peux t’aider, si tu acceptes de m’aider.
– Que veux-tu de moi ?
– Je veux tu m’aides à reconquérir ce qu’Homeostasis m’a volé. C’est ta véritable chance de sauver le monde et de dessiller les nouveaux Enfants Élus qui croient faire le bien en servant Homeostasis. Mais pour y parvenir, j’ai besoin d’accéder au monde digital dont on m’a exclu.
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Digimon Tri. 7ème Partie - Révélations Empty
MessageSujet: Re: Digimon Tri. 7ème Partie - Révélations   Digimon Tri. 7ème Partie - Révélations Icon_minitimeVen 3 Avr 2020 - 10:39

Coucou ! J'ignore si quelqu'un lit cette fanfic sur ce forum, dans le doute je vous mets le chapitre 8 quand même Wink

Et je vous ajoute également un lien vers Fanfiction.net où je publie cette même histoire, si certains sont intéressés, la publication avance plus vite là-bas que sur ce forum Smile

https://www.fanfiction.net/s/13520862/1/Digimon-Tri-7e-partie-Révélation



Chapitre 8



  Joe songea qu’il n’avait jamais été autant écrasé dans un métro. Le feu d’artifice de Sumidagawa était réputé dans le monde entier et des milliers de spectateurs affluaient de tout le Japon et de l’étranger pour le voir. Résultat, ils avaient été obligés avec Mimi de laisser passer deux rames avant de pouvoir monter à bord d’un train. Le seul avantage à cette compression était que personne ne prêtait attention à Gomamon et Palmon. Enfin, après une heure de transports et un changement dans la cohue, ils émergèrent de la bouche de métro comme des noyés crevant la surface d’un océan humain. Ils reprirent haleine, mains sur les genoux :

– Ouf … j’ai cru qu’on ne sortirait jamais de là ! dit Joe avec un rire nerveux.  
– Oui … moi aussi ! confirma Mimi en riant à son tour. Il y a tellement de monde …
– Je me demande où sont les autres …
– Je vais les appeler !


  Taichi, Yamato, Sora, Koushiro, Takeru, Hikari, Meiko, Sakae, Ken et M. Nishijima avaient pris tôt le chemin de Sumidagawa pour être sûrs de trouver un emplacement pour voir le feu d’artifice. Ils avaient bien fait : le pont de Sakurabashi était à présent noir de monde. Le spectacle n’avait pas encore commencé. Soudain, le téléphone de Sora sonna.

– Allô ?
– Sora, c’est Mimi ! Où êtes-vous ?
– Sur le pont de Sakurebashi, un peu sur la gauche.
– D’accord, on arrive ! Enfin, si on parvient à se faufiler dans cette masse !
– Joe avec toi ?
– Oui !

  Mimi raccrocha.

– Ils sont sur le pont de Sakurabashi. Bon, maintenant, il faut passer à travers la foule sans se perdre de vue.
– D’accord. Gomamon, monte sur mon dos et accroche-toi. Comme ça, tu seras en sécurité !
– C’est une bonne idée, Joe ! dit Mimi. Viens Palmon, et fais pareil !

  Les digimons grimpèrent sur leurs épaules et s’y agrippèrent. Puis Joe et Mimi s’engagèrent dans la marée humaine. Ils durent jouer des coudes pour se frayer un chemin. Beaucoup de gens étaient déjà installés et rechignaient à bouger. Enfin, ils arrivèrent en vue du pont de Sakurabashi.

– Je les vois ! s’exclama Joe.

  Soudain, un mouvement de foule les bouscula. Mimi sentit Palmon glisser de ses épaules. Elle la rattrapa, mais elle fut de nouveau bousculée et perdit pied.

– Je te tiens ! dit Joe en l’agrippant par la main. Aller, on ne se lâche pas jusqu’à ce qu’on arrive !
– D’accord ! dit Palmon en étendant un sumac vénéneux pour s’accrocher à Gomamon.
  Au prix de derniers efforts, ils parvinrent à rejoindre leurs amis qui étaient accoudés à la rambarde du pont.

– C’est nous ! s’écria joyeusement Mimi.

  Tous se retournèrent et Meiko sourit :

– Mimi ! Tu as retrouvé Joe et réussi à parvenir jusqu’ici ! Tu es trop forte !
– Je sais, je sais ! dit-elle en s’inclinant comme une star applaudie.
– Joe, où étais-tu ? demanda Takeru.
– C’est une longue histoire … mais heureusement que Mimi est venue me trouver. Je vous raconterai.
– Ah, Joe, dit Meiko, laisse-moi te présenter Sakae, ma petite sœur. Elle est en internat dans un lycée d’art à Kanasawa et elle est venue sur Tokyo pour les vacances. Alors je l’ai invitée à se joindre à nous.
– Enchanté, fit Joe.
– Moi de même, dit Sakae en s’inclinant.

  Près d’eux, Koushiro ne disait rien. Il avait vu Joe et Mimi arriver en se tenant par la main, et même s’ils s’étaient très vite lâchés, il ne pouvait pas effacer cette image de son esprit. Mimi était très jolie ce soir, peut-être plus encore que d’habitude. Malgré tous ses efforts pour se mettre à la mode, Koushiro avait la sensation que le regard que posait Mimi sur lui ne changeait pas. Pourtant, avec cette chemise blanche à revers orange et ce pantalon marron, il lui avait semblé qu’il se mettait en valeur. Pourquoi était-elle réellement allée voir Joe ? Et pourquoi avait-elle mis tellement de temps à revenir avec lui ? Ils semblaient plutôt réjouis ces deux-là. Koushiro sentit une émotion étrange lui pincer le cœur et le rendre amer.

– On pensait qu’on n’arriverait pas à vous retrouver ! s’exclama Mimi. Vous êtes là depuis longtemps ?
– Presque deux heures, répondit Sora. On voulait être sûrs d’avoir une place.

  Soudain, les réverbères s’éteignirent. Un murmure d’approbation parcourut la foule : le feu d’artifice allait commencer.
  Brusquement, la première fusée explosa dans le ciel. Une immense boule rouge apparut, suivie de plusieurs blanches derrière elle : tous reconnurent le drapeau japonais. Des cris d’enthousiasme s’élevèrent du public. Les billes de poudre formaient les étoiles de feu scintillantes qui fascinaient les spectateurs. L’odeur de poudre se répandit dans l’air. De nouvelles explosions retentirent : des pivoines bleues, des chrysanthèmes verts, des palmiers jaunes surgirent dans la nuit. Les boules suivantes changeaient de couleurs : leurs étoiles étaient d’abord bleues ou violettes, puis devenaient jaunes ou orange, comme si un sort leur avait été jeté. Des cascades dorées tombèrent alors du ciel comme une pluie de météorites. Certains feux d’artifices prenaient des formes définies : ronds, fleurs, bouches souriantes, cœurs. Elles illuminaient le ciel de Tokyo, le visage des Enfants Élus et déchiraient l’air de leurs déflagrations. Celles-ci avaient dans un premier temps effrayé les digimons : ce bruit puissant leur avait rappelé les attaques de leurs ennemis et ils s’étaient tous cachés.

– Takeru ! s’était écrié Patamon en se réfugiant derrière lui.
– N’aie pas peur Patamon, ce ne sont que les explosions du feu d’artifice ! Elles ne feront de mal à personne, avait dit Takeru en posant Patamon sur sa tête.
– Sora, ce n’est pas dangereux, n’est-ce pas ? avait demandé Piyomon.
– Mais non, viens plutôt regarder, c’est magnifique !
– Agumon, sors de derrière mes jambes ! s’était exclamé Taichi en le prenant dans ses bras pour qu’il voit mieux.
– Tout va bien, Gomamon ? avait demandé Joe à son digimon toujours accroché à ses épaules.
– Oui ! C’est beau !
– Regarde, Tailmon, avait dit Hikari en hissant son digimon sur la rambarde du pont.
– Oh, toutes ces couleurs !
– On dirait une aurore boréale ! dit Tentomon.

  Rassurés, les digimons et leurs partenaires avaient alors profité du spectacle. Les billes de poudres étincelantes se reflétaient dans les pupilles des adolescents. Sora tourna la tête vers Yamato : il était concentré sur le feu d’artifice. Piyomon s’était posée sur la rambarde près de Tailmon, alors Sora se rapprocha subrepticement de Yamato. Dans l’obscurité scandée d’explosions colorées, elle chercha sa main. Yamato tressauta quand il sentit les doigts de Sora effleurer les siens. Il hésita une fraction de seconde, puis, il prit sa main pour la serrer dans la sienne. Sans se regarder, ils sourirent.
  Sakae, près de Meiko, était littéralement absorbée par les boules d’étoiles qui éclataient près des nuages de fumée qu’avaient formés les premières explosions. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas vu de feux d’artifices. Elle avait oublié la magie qui s’en dégageait. C’était comme si, pour un bref instant, les sortilèges des mondes imaginaires envahissaient le réel. Elle fixait les étoiles de couleur pour en graver la beauté et la texture dans son esprit. Si seulement elle pouvait fixer ce mouvement scintillant dans un vitrail …
  Takeru, Hikari et Ken étaient accoudés à la rambarde du pont, côte à côte, entourés de Patamon, de Tailmon et de Piyomon. À côtés d’eux, Mimi et Joe admiraient la succession de boules de feu, Gomamon et Palmon sur leurs épaules ; certaines boules remontaient après avoir explosé, à la manière des méduses, puis s’évanouissaient dans le ciel. Koushiro était lui aussi concentré sur le feu d’artifice, même si les lumières évanescentes des fusées ne pouvaient masquer la tristesse qui imprégnait son regard.
  Taichi jeta un bref coup d’œil à Meiko. Décidemment, elle était vraiment jolie dans cette robe mauve. Il se plaisait à voir ses joues, son nez, son front et ses cheveux changer de couleur à chaque nouvelle explosion. Il sourit. Au même moment, Meiko, se sentant observée, tourna la tête. Taichi rougit, déglutit, et détourna vivement le regard. Mais cette fois, il se rendit compte que c’était Meiko qui le fixait. Rougissant de plus belle, il releva la tête. Elle le dévisageait, les joues empourprées de timidité, mais avec une lueur d’assurance que Taichi voyait pour la première fois dans ses pupilles. Elle semblait heureuse. Alors, il affronta son regard, et ils se sourirent. Derrière eux, M. Nishijima avait remarqué leur manège et sourit, amusé et attendri. Taichi faisait exactement la même tête que celle qu’il avait dû faire quand Maki avait accepté de sortir avec lui, dix ans auparavant.  
  Le bouquet final éclata à cet instant. Une éruption arc-en-ciel jaillit, pour la plus grande satisfaction de la foule. Les couleurs mitraillaient de toute part, les étoiles volaient dans l’atmosphère enfumée. Puis, tout s’éteignit, tout se tut. Un tonnerre d’applaudissement s’éleva alors du public. Les Enfants Élus se regardèrent, encore émerveillés.

– C’était vraiment beau, murmura Meiko.

  Ils acquiescèrent. Derrière eux, le pont commença à se vider de ses nombreux occupants. Les digimons tombaient de sommeil. Koushiro leur proposa qu’ils dorment dans l’espace numérique qu’il avait créé pour eux : ils acceptèrent et se jetèrent dans l’ordinateur.

– Bon, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda Takeru.
– En ce qui me concerne, je crois que je vais rentrer chez moi, dit M. Nishijima en se tenant les côtes.
– Vous avez mal ? demanda Yamato.
– Jusque-là ça allait, mais je crois que j’ai vraiment besoin de me reposer maintenant. Merci de m’avoir invité à partager votre pique-nique et à aller voir ce feu d’artifice. Je vous souhaite une bonne nuit à tous.
– Bonne nuit, monsieur ! répondirent les adolescents.
– Ah, j’oubliais, dit-il en se retournant.

  Il farfouilla dans sa poche et en tira un papier plié. Il le tendit à Taichi :

– Voici mon numéro de téléphone et mon adresse, en cas de besoin.
– Merci, Monsieur. Reposez-vous bien.
– Merci.

  M. Nishijima disparut dans la foule.

– Bon, et si on allait manger une glace ? proposa alors Mimi.
– Oh oui, c’est une bonne idée ! s’enthousiasma Sakae.
– Désolé … on ne vient pas, dit Yamato en prenant Sora par l’épaule.

  Ils avaient rougi tous les deux devant le regard étonné de leurs amis.

– Nous allons … dîner ensemble, dit Sora.
– Sérieusement ? s’exclama Mimi avec un grand sourire. Vous allez au restaurant en amoureux ? J’y crois pas !
– Grand frère, tu m’avais caché ça, dit Takeru, goguenard.
– Oh, tais-toi ! répliqua Yamato en souriant.
– Profitez bien ! dit Hikari.

  Ils acquiescèrent, puis saluèrent leurs amis. Au moment de se détourner, Yamato adressa un regard en biais à Taichi : ses yeux se dirigèrent vers Meiko, et Taichi put lire sur les lèvres de Yamato « Chiche ». Son ami leva un pouce dans son dos et s’éloigna avec Sora. Taichi se sentit rougir de nouveau. Il regarda Meiko : elle était au milieu de sa sœur, de Mimi, de Koushiro, de Takeru, de Ken … inabordable. À cet instant, Hikari surprit le regard son frère. Elle prit Takeru et Ken par les épaules et dit :

– Moi, je trouve que l’idée de Mimi d’aller manger une glace est excellente. On y va ?

  Tous se mirent en route. Alors que Meiko allait les suivre, Hikari se retourna et l’arrêta.

– Je crois que quelqu’un veut te parler, dit-elle avec un clin d’œil.

  Sakae jeta un œil par-dessus son épaule et aperçut Meiko face à Taichi. Hikari se rapprocha de Sakae et lui dit :

– Ne t’inquiète pas, je facilite juste la tâche à mon frère et à Meiko.
– Tu leur … facilites la tâche ? Pourquoi ?
– Parce qu’ils ne sont pas insensibles l’un à l’autre, mais que si on ne les aide pas un peu, ils n’oseront jamais se l’avouer, dit Hikari avec un sourire.
– Tu veux dire … que ma sœur et Taichi, ils … ils se plaisent ?

  Hikari acquiesça, souriant toujours.

– Ne t’en fais pas. Mon frère est quelqu’un de bien. Il est simplement un peu maladroit. Il raccompagnera Meiko chez elle, sois sans crainte. Et puis, comme ça, nous avons l’occasion de mieux de te connaître pendant ce temps-là !

  Hikari sourit à Sakae, et celle-ci sentit dans ce sourire une bonté incommensurable. Cela lui fit chaud au cœur. Jamais elle ne s’était sentie aussi vite acceptée que dans ce groupe d’adolescents. Elle rendit son sourire à Hikari et elles rejoignirent les autres Enfants Élus qui partaient déjà en quête d’une glace.

 Taichi, ébahi, avait assisté aux manœuvres de sa sœur, et en quelques minutes, le groupe s’était éloigné, le laissant seul à seule avec Meiko. Celle-ci se retourna et rougit à nouveau. Taichi se trouva pris au dépourvu. Il bégaya :

– Le feu … le feu d’artifice était beau, pas vrai ?
– Hmm hmm …
– Tu voulais manger une glace ? Parce que … si tu en as envie, je ne voudrais pas t’en priver …
– Non, ne t’inquiète pas. De toute façon, je n’ai pas très faim.
– Alors … ça te dit que …  qu’on aille se promener ?
– Tous … tous les deux ?
– Ben, oui …

  Meiko rougit à nouveau, mais cette fois, Taichi ne lut plus seulement de la gêne sur son visage. Elle semblait contente. Quand elle lui répondit, ses yeux pétillaient :

– D’accord. Je ne connais pas encore bien Tokyo, et j’aimerais beaucoup aller dans un endroit qui me permette de mieux appréhender la ville … tu as une idée ?

  Taichi réfléchit. Soudain, il sourit et acquiesça :

– Je sais où nous allons aller.

**********************************************************************************

  Pour parvenir au restaurant que Yamato avait réservé, il devait avec Sora reprendre le métro. Malheureusement, en arrivant devant l’entrée de la gare, ils durent se rendre à l’évidence : la foule était si conséquente après le feu d’artifice qu’ils ne pourraient même pas approcher du quai. Yamato se maudit ; Sora songea qu’ils auraient dû s’y attendre.

– Est-ce que c’est vraiment loin ? demanda-t-elle. Ne peut-on pas essayer d’y aller à pied ?
– Hum … si, ce n’est qu’à trois stations de métro d’ici. Le seul ennui, c’est que j’ai peur que nous arrivions en retard par rapport à l’heure que j’avais indiquée …
– Tentons quand même notre chance, dit Sora en lui souriant.

  Ils réussirent à s’extraire de la foule, remontèrent les rues encore pleines et prirent la direction du restaurant. À mesure qu’ils progressaient, Yamato regardait l’heure sur son téléphone et sentait l’angoisse monter en lui : ils ne seraient jamais à l’heure. Ils fendirent la masse de touristes, coupèrent par des rues étroites pour éviter les artères noires de monde. Enfin, ils parvinrent à la bonne rue. Le restaurant était déjà bondé. Prenant son courage à deux mains, Yamato entra. Un serveur vint immédiatement à lui :

– Bonsoir monsieur, avez-vous réservé ?
– Oui, au nom d’Ishida.
– Je regarde cela tout de suite.

  Le serveur consulta son registre. Il releva un regard désobligeant vers Yamato :

– Monsieur, je suis désolé, mais vous êtes en retard.
– Je sais, veuillez nous excuser. Nous n’avons pas pu prendre le métro à cause des nombreuses personnes venues assister au feu d’artifice … Serait-il possible de dîner malgré tout ?
– Je suis désolé, monsieur, mais votre table a déjà été réattribuée à d’autres clients. Si vous voulez attendre la prochaine de libre, je crains que vous n’ayez au moins une heure à patienter …

  Yamato déglutit, se maudit une fois de plus. Il aurait pu s’énerver contre le serveur, mais il savait que cela ne servait à rien. Dépité et furieux, il sortit du restaurant et rejoignit Sora.

– Alors ? demanda-t-elle.
– Notre table a déjà été réattribuée, et ils n’ont plus de place.

  Yamato envoya voler un caillou de bout de sa chaussure. Il soupira :

– Je suis désolé, Sora. Je voulais te faire plaisir …

  Sora sourit et prit la main de Yamato :

– Tu m’as déjà fait très plaisir en me proposant de passer la soirée avec toi. Ne te fais pas de mauvais sang pour ce restaurant : on peut tenter d’en trouver un autre ?
– Oui, tu as raison, cherchons-en un autre.

  Mais ils eurent beau faire, tous les restaurants étaient complets. À chaque nouvel établissement qui les refusait, ils sentaient leur déception grandir. Au bout du cinquième, ils comprirent qu’ils ne réussiraient pas à dîner au restaurant ce soir-là.

– Quelle poisse, marmonna Yamato.
– Arrêtons de chercher, et trouvons plutôt un parc où nous asseoir, dit Sora.
– Mais, qu’est-ce qu’on va dîner ?
– Il me reste des sushis et des tempuras de ce midi, lui répondit-elle avec un clin d’œil.

  Alors Yamato sourit. Il décida de lâcher prise sur cette soirée qu’il voulait parfaite et qui ne correspondait pas du tout à ce qu’il s’était imaginé. Cette décision prise, il se sentit soudain beaucoup plus léger. Sora venait d’ouvrir son sac de pique-nique pour voir ce qu’il lui restait du déjeuner. Elle était belle, elle avait toujours une solution à tout.  

– Tu es vraiment une fille extraordinaire, Sora, lui dit Yamato.

  Elle sourit et ils se mirent en quête du parc le plus proche. Ils en trouvèrent un agréable près de la rivière, assez calme. Sora étendit de nouveau la nappe de pique-nique et sortit les restes de nourriture. Ils s’assirent face à face et se partagèrent les sushis et les tempuras.

– Ils sont toujours aussi bons, dit Yamato. Finalement, on est bien ici.
– Oui, c’est vrai. Et bien plus tranquilles que si l’on avait dîné au restaurant.
– Tu as raison.
– Et puis, ici, on voit le ciel.

  Yamato releva la tête : Sora avait vu juste. On voyait si bien les étoiles. Il eut alors une idée.

– Sora, est-ce que tu peux te lever s’il te plaît ?
– Euh … oui, mais pourquoi ?
– Tu vas voir.

  Il rangea tous les tupperwares dans le sac de pique-nique, secoua la nappe, puis la reposa au sol. Il s’y allongea, à droite, en laissant un espace de libre. Il étendit le bras gauche et dit :

– Tu viens à côté de moi ?

  Sora rougit, puis retira ses chaussures et vint s’étendre à côté de Yamato. Elle appuya sa tête dans le creux de son bras tendu et sourit. Elle se sentait merveilleusement bien comme ça. Elle avait brusquement confiance en elle, et dans ce que la vie pourrait lui réserver à l’avenir. Ce futur dont lui parlait Piyomon cessa tout à coup de l’effrayer. Elle avait maintenant envie de s’y lancer. Près d’elle, Yamato n’avait jamais senti une telle chaleur dans son cœur. Il avait mis du temps à croire à l’amour. Parce que ses parents s’étaient séparés alors qu’il n’était qu’un enfant, il pensait que les couples ne pouvaient pas durer. Quand il avait commencé à éprouver des sentiments pour Sora, il n’avait pas osé y céder immédiatement. Pourtant, à côté d’elle, en cet instant, il se sentait fort. Cette certitude pansait en lui cette blessure d’enfance qu’il n’avait jamais complètement soignée. Ils demeurèrent ainsi en silence dans la pénombre, aussi plein et comblés que le ciel l’était d’étoiles.
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