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 fond de Tiroir

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Daisuke
Cracky
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeLun 17 Jan 2011 - 10:50

La forêt des Roches Cageots

Le village de Noval se trouvait dans le fond d'une vallée, le long d'une rivière. Sur un plateau, non loin, s'élevait une forêt où personne n'entrait. Elle était à l'écart de la route qui traversait le village, reliant deux grandes villes. Depuis toujours, les enfants du village observaient ces arbres assez grands pour porter la voute du ciel, assez large pour servir de maison à la famille des Lapins, assez espacés pour que trois personnes s'y promènent de front. De mémoire, tous les enfants de Noval avaient observé la forêt, aucun n'y étaient jamais entré. Même les bûcherons évitaient les lieux et préféraient couper les arbrisseaux des bosquets voisins, plutôt que les arbres de la forêts des Roches Cageots.

Une peur ancestrale poussaient les villageois à éviter soigneusement les lieux, les Mulots, les Lapins, les Coqs, les Oies les Chats, les Dindons, les Faisans, les Souris, les Musaraignes, même la famille des Chiens, tous les habitants maintenaient une distance d'une trentaine de mètres entre la forêt et eux, et les habitants des villes voisines respectaient cette distance, parce qu'eux même craignaient cette forêt. De légendes en parlaient dans la région, la disant remplie d'être terribles et terrifiants, qui avaient des griffes comme des bras et des dents comme des pioches. On disait que ses fruits une fois ingérés se transformaient en couteaux et tranchaient en mille fragments le cœur de ceux qui osaient les manger, que les plaintes de ces âmes en peine subsistaient sous formes de fantôme qui gémissaient comme le vent dans les branches. On disait que les fleurs, en forme de muguet, rougies par le sang transmettaient la gangrène, la peste et le choléra. On disait enfin qu'aux rochers qui trônaient au centre du plateau avaient autrefois été enchaîné par le diables plusieurs personnes de la région.

Les parents apprenaient à leurs enfants très jeunes la crainte de la forêt, et ceux-ci la transmettait à leurs tours. De mémoire, les enfants avaient toujours respecter cette règle, même s'il n'était pas rare que certains enfants voulaient y aller pour avoir l'air d'être le plus fort: ils revenaient tous la queue entre les jambes.

Le temps cependant s'écoulait à Noval comme ailleurs. Un jour, le fils Lapin et la fille Oie décidèrent de rentrer dans la forêt. Ils voulaient prouver à leurs contemporains que les lieux n'étaient pas hanté et dangereux. Ils parlèrent de leurs projets à un de leurs amis, le fils Mulot qui se joignit à eux, Il était curieux de voir à quoi ressemblaient vraiment ces lieux. Il espérait voir, de loin, c'était vrai, les muguets rouges, les fantômes, les fruits, les monstres et les rochers. Il pensait que s'il les accompagnait, il verrait tout ça en étant moins en danger que s'il y allait seul.

Lorsque la nuit était bien installée, ils quittèrent tous les trois leurs maisons respectives et se retrouvèrent sur la place de la mairie armés de lanternes. Ils commencèrent l'ascension du plateau. Ils s'arrêtèrent un instant devant les premiers arbres de la forêt, qui paraissaient plus grands et plus terrifiants à cette heure de la nuit. Le Mulot regarda derrière lui mais suivit ses compagnons, il ne voulait surtout pas rester à l'écart, aussi près de la forêt même s'il voulait rentrer. Il passèrent sous l'ombre incertain des arbres.

La lumière des lanternes suffisaient à percer les ténèbres. Le petit groupe avançait, sursauta à chaque craquement de brindille, à chaque vol de papillon. Le Lapin était à l'avant, il remuait les oreilles à chaque murmure, pensant aux monstres qui pourraient l'attaquer à tout instant, cacher dans les fourrés. L'Oie se trouvait juste derrière, secouait la tête de gauche à droite, elle songeait aux fantômes qu'elle entendait gémir dans le lointain, les attendant. Le Mulot tenait l'aile de l'Oie, regardant à l'arrière, l'esprit rempli de scènes de torture, de morts atroces, de tout ce qui pouvait leur arriver s'ils ne rebroussaient pas chemin dans l'instant. Ils n'osèrent pas remuer les lèvres pour dire: rentrons. Ils avaient trop peur, trop de frayeur s'était emparé de leur être. Ils ne bougèrent bientôt plus, autours d'eux remuaient des ombres animales, des formes étranges, qui n'étaient peut-être que loups, renards et belettes.

Le village se réveilla au matin. M. Lapin, Mlle. Oie et Mme Mulot ne virent pas leurs enfants dans leurs lits. Ils coururent partout à la recherche des fuyards, le village participa, ils retrouvèrent leurs traces jusque la forêt des Roches Cageots. Personne n'alla plus loin. On ne retrouva que le fils Mulot, il avait réussi à fuir les bêtes de la nuit, les monstre de la forêt. Il avait pu quitter l'ombre des arbres, mais ils l'avaient rattrapé. Des trois, il fut le seul à recevoir un sépulture décente, ou du moins ce qui restait de lui.
Depuis ce jour, les villageois agrandirent la distance qui les séparaient de la forêt: de trente mètres, ils passèrent à soixante, puisque soixante n'avait pas suffit à protéger Mulot de sa colère. Personne ne violerait plus jamais le seuil des Roches Cageots, puisqu'on savait désormais ce qui arrivait, à ceux qui bravaient les interdits.
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeLun 17 Jan 2011 - 18:49

La toile du fond du récit me fait penser au Village de Night Shyamalan, sinon je trouve que c'est une bonne idée de sous entendre que ce qui "les monstres" ne sont surement que les prédateurs des villageois.
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeMar 18 Jan 2011 - 21:06


merci.
Daisuke a écrit:
La toile du fond du récit me fait penser au Village de Night Shyamalan, sinon je trouve que c'est une bonne idée de sous entendre que ce qui "les monstres" ne sont surement que les prédateurs des villageois.
Je ne me suis pas inspiré de ce film. Pour le village et la forêt je pensais à mon village et aux bois qui se trouvent derrière chez moi^^.
Je pensais aussi que c'était une bonne idée de le sous-entendre, pour mettre le récit à la limite entre le merveilleux et le fantastique.
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeMer 19 Jan 2011 - 14:06

Oui, j'ai remarqué que tu aimais bien laisser une explication rationnelle et irrationnelle dans tes récits.
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeJeu 20 Jan 2011 - 0:47

bravo c'est tres bien écri
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeJeu 20 Jan 2011 - 9:19

merci.
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeVen 21 Jan 2011 - 9:44

Contes du chêne aux guis

Il y avait une fois, à l'époque où les hommes s'adaptaient aux plantes et non les plantes aux hommes, un oiseau qui ramassa un gland dans une grande forêt. Il fendit les cieux, traversa, pour un gland, une distance faramineuse. Ce voyage s'arrêta au dessous d'un nuage, quand l'oiseau fut attaqué par un milan.

Le gland atterrit dans un champ plat et morne. Il n'y avait pas d'arbres autours de lui, juste des herbes et des fleurs. Une tige sortit du gland. La tige s'agrandit, s'allongea et plongea dans le sol devenue racine. Une autre tige apparut, grossit et grandit, s'éleva dans le ciel et devint un tronc. Le tronc grandit, ses branches poussèrent, remplies de feuilles et de glands. Le gland devint un jeune chêne qui poussait là, seul à l'écart des forêts.

Un village se créa non loin. Le champ servit aux paysans qui y firent pousser du blé. Quelques enfants passèrent par là de temps en temps, jouèrent à ses pieds et grimpèrent dans ses jeunes branches. Il ne cessait de s'intéresser à eux. Il apprit par cœur les histoires qu'ils se racontaient, les chansons qu'ils chantaient et les blagues qu'ils se disaient. Le chêne avait bonne mémoire, aussi lorsqu'il fût vieux se souvint-il des premiers contes qu'il avait entendu.

Le chêne vécut longtemps, même pour un chêne. Il passa plusieurs décennies avec les enfants pour seule distraction. Il ne s'en lassait pas, mais vint un jour où eux se lassèrent de lui. Ils arrêtèrent de venir aussi loin pour s'amuser, remplacèrent leurs jeux par d'autres plus virtuels. L'arbre se retrouva seul dans le champ avec les herbes, parfois un agriculteur passait par là, dans une caisse de métal.

Les années qui suivirent furent pour lui calmes et paisible, ennuyeuses même. Il récitait les histoires qu'il avait apprise dans le vide. Personne à moins de cent mètre n'était assez intelligent pour le comprendre. Les herbes s'occupaient de leurs petites affaires, se disputant quelques millimètres de terrains et quelques gouttes d'eaux. Elles étaient trop terre-à-terre, et trop envieuses envers l'imposant pour s'intéresser à ce qu'il racontait. Le chêne inventa d'autres histoires durant ces décennies, c'étaient là sa seule occupation. Il devint un arbre à histoire, une bibliothèque dont les portes étaient bloquées par une masse d'écorces. Il finit par s'ennuyer. Il était alors un vieux chêne, son tronc était gros comme deux tonneaux, ses branches longues comme des troncs, ses feuilles étaient si nombreuses qu'à chaque automne il en recouvrait les environs.

Il voulait que quelqu'un discute avec lui. Il passait tous ses printemps à scruter le sol dans l'espoir qu'il ait enfin reçu une descendance à qui raconter tout son savoir. Il avait beau scruter, jamais il ne poussa un autre arbre dans les environs. Les milliers de glands qu'il déversait ne produisirent aucune pousse. Les sangliers, les herbes et la malchance les tuèrent tous, et jamais le chêne ne trouva un autre arbre avec qui discuter. Il maudit la destiné qui lui donna en guise de pied des racines enfoncées jusqu'au fin fond de la croute terrestre.

Le chêne se trouvait là depuis un grand nombre de décennie. Des siècles s'étaient peut-être écoulés depuis qu'il avait sorti sa première tige. Lui-même ne savait plus. Il compta les cercles qui s'était formé dans son tronc, un cercle une année. Il était assez lent comme arbre: il lui fallut trois jour pour arriver à un nombre si grand qu'il pensa s'être tromper en route. Il recommença le calcul et arriva à un nombre encore plus improbable, il décida d'abandonner, attendit que ses feuilles arrêtassent de tomber.

Or, un jour il sentit comme un pincement au croisement de deux de ses branches. Deux petites feuilles d'un vert vif se trouvaient là, accrochées à son tronc par une tige qui ne lui appartenait pas. Le vieux chêne se réjouit de cette vie nouvelle et inconnue:

_ Voulez-cous que je vous raconte des histoires? Demanda le chêne.

Pauvre chêne, si seul qu'il voulait parler au gui. Cette petite plante parasite fut bien surpris, mais accepta, il était encore jeune, les histoires l'intéressait.

Le grand arbre s'en donna à cœur joie. Il raconta toutes les histoires qu'il connaissait, puis celle qu'il avait inventer. Le gui en redemanda, occupé en même temps à agrandir sa famille qui demandait elle aussi des histoires. Lorsqu'il eut finit, il recommença, puisque d'autres branches de gui s'étaient ajoutés à la première, des boules se formèrent partout sur une branche, puis sur une autre. Le chêne finit par souffrir de cette situation, mais continua à raconter des histoires sans jamais se plaindre, puisqu'il avait enfin trouvé un public attentif.

Il raconta des histoires à son public jusqu'à ce que le vent emporta des dernières feuilles. Les guis se transmirent ces histoires de générations en générations, fidèles et déformées, aussi bien par plaisir qu'en mémoire de l'ancien conteur.


Dernière édition par Cracky le Dim 14 Aoû 2011 - 8:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeVen 21 Jan 2011 - 18:35

C'est une histoire originale, et je me m'attendais pas à ce que tu utilise la relation entre le gui et le chêne dans comme chute.
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeDim 23 Jan 2011 - 9:15

merci.
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeDim 23 Jan 2011 - 21:44

La voisine des disparus

Une glace, un miroir. Un miroir, c'était un objet qui, placé dans une maison, était souvent preuve d'un minimum de raffinement. Il n'y avait pas de glace dans les maisons des gens qui ne pensaient pas un instant dans leurs vies à l'hygiène ou qui ne s'intéressaient pas à leurs apparences. Une glace dans une salle de bain c'était un minimum pour pouvoir se regarder. Un miroir dans la chambre d'une dame c'était une preuve d'intérêt à plaire et être belle. Plusieurs miroirs frôlaient le narcissisme, une centaine de miroir, c'était exposer narcissisme et mépris pour autrui.

Cent cinquante-six exactement. Lorsque Mme Rose se leva un beau matin, il y avait exactement cent cinquante-six miroirs et glaces qui étaient accrochés aux murs ou posés sur les tables dans sa maison. Il y en avait vraiment partout, dans toutes les chambres, dans la salle de bain, dans le salon, dans la cuisine, dans les escaliers, il y avait des miroirs même dans le grenier, dans la cave, dans le garage, dans la cour, dans le jardin, vraiment partout. Mme Rose adorait se regarder, elle adorait les miroirs, elle adorait surveiller à chaque seconde si son apparence ne s'était pas dégradé, elle s'adorait, mais surtout elle adorait inviter des gens. Mme Rose était folle du moment ou ses invités arrivaient chez elle, folle du moment ou ils apercevaient leurs visages et leurs silhouettes se répéter à l'infini dans les miroirs, et plus encore elle était folle de la jalousie qu'exprimait les femmes qu'elle invitait. Ces glaces et ces miroirs voulaient avant tout dire: « Aujourd'hui je suis très belle, et plus que vous ».

Beaux miroirs, lisses et soyeux en y passant la main, doux et sans fissures ou gnons. Quand un éclat venait abimer un de ces sublimes œuvres, Mme Rose remplaçait le fautif par une glace qu'elle achetait sur le champs. Elle prenait un plaisir immense à passer un morceau de drap neuf et humidifié sur la surface pour enlever une hypothétique impureté. Elle prenait plus de soin de ses glaces que de son mari. Le pauvre était entièrement dévoué à son épouse, esclave soumis et sot.

Autant dire que les voisins de Mme Rose ne l'appréciait pas. Ils ne venait plus chez elle, tous ces miroirs, ils étaient mal à l'aise devant le caractère de cette femme qui ne se voyait qu'une fois chez elle. Certains mêmes criaient à qui le voulaient que cette femme serait un jour puni d'exhiber son principal défaut à coté du cimetière, mais elle n'avait que faire de leurs propos, et continuait à vivre en temps que reine des glaces.

Or, vint un jour où le mari de la dame, affaibli par ses caprices, chuta dans les escaliers. Mme Rose se trouvait non loin, elle l'entendit et le rejoignit. Le mari reposait sur le sol, son image était reflété dans les miroirs, une tache de sang se trouvait sur une glace, là où il s'était cogné la tête. Quelle horreur! Mme Rose courut vite dans la cuisine et prit une lavette à coté du téléphone. Elle retourna dans les escaliers et essuya la tache de sang rouge. L'image de cette femme haïssable, frottant le miroir à coté du corps de son mari était multipliée par cent ou mille, et par cent ou mille se multipliait le dégout qu'elle pouvait inspiré à quiconque se trouvant dans la pièce, acharnée au travail.

Elle vérifia quinze fois qu'il ne resta plus trace de sang avant d'aller téléphoner aux urgences. Le mari fut emmené dans un camion blanc, Mme Rose les suivit en voiture et attendit dans l'entré de l'hôpital. Quelques minutes plus tard on lui annonça le décès. On l'emmena près de son mari et la laissa seule. Elle regardait le corps sans vie de l'homme qui avait partagé sa vie quand elle fouilla son sac. Elle en sortit un petit miroir de poche. Quel beau mot que cruauté!

_ Regarde à quoi tu ressemble, maintenant. Dit-elle.

Ce furent les derniers mots qu'elle lui dit. Quelques minutes plus tard, elle demanda à ce que son corps fusse emmené au funérarium. Mme Rose habitait plus près du cimetière que ce lieu, mais l'idée de voir mille images de son mari mort la révulsait. Elle rentra chez elle.

L'enterrement eut lieu quelques jours après, un vendredi. Mme Rose fut absente lors du passage dans l'église. Les commères du village jasaient dans un coin contre cette femme, si détestable qu'elle ne venait pas accompagner son époux dans sa dernière demeure. Lorsque ce fut l'heure de mettre le cercueil en terre, un des voisins quitta la procession et courut jusque chez elle. Il brava les miroirs de la cour qui lui montrait son image, toqua à la porte. Personne. Il poussa la porte qui n'était pas fermé, entra dans la maison.

Les miroirs de l'entré était tous recouverts d'une tache de sang, dont ils se renvoyèrent mutuellement l'image. Le voisin se sentit mal. Il avança, traversa le salon et les escaliers, poussa la porte de la chambre de Mme Rose. Elle était allongée au centre. Tous les meubles avaient été retiré, seuls restaient les miroirs. Ils semblaient prendre plaisir à refléter l'image de cette femme, qui cette fois ne pouvait plus se regarder dans la glace. On l'avait cogné contre un des miroirs de la pièce qui gardait quelques gouttes déformées comme des trophées. Le petit miroir qu'elle portait su elle avait été brisé et les morceaux plantés dans le visage défiguré de Mme Rose. Il n'y avait plus rien à faire pour elle.
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeLun 24 Jan 2011 - 19:44

Pour moi ce n'est pas ton meilleur récit, je préfère lorsque tu es moins directe et que tu laisse le lecteur lire entre les lignes.
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeLun 24 Jan 2011 - 20:12

Daisuke a écrit:
Pour moi ce n'est pas ton meilleur récit.
Je suis d'accord avec ça, même moi je ne l'aime pas tant que ça, mais je voulais faire une histoire avec comme thème les miroir. D'un point de vue stylistique j'aurais dû privilégier les chiasmes et les parallélismes, et mettre une histoire plus implicite.
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeLun 24 Jan 2011 - 20:19

C'est exact, quelques figures de style auraient amélioré ce texte.
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeLun 24 Jan 2011 - 20:27

Les seules figures de style qui s'y trouve réellement, ce sont les figure de répétition.
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeLun 24 Jan 2011 - 20:41

Oui, c'est ce que j'ai constaté .
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeVen 28 Jan 2011 - 14:02

La vallée du Rungon

Dans le temps, au pied du rocher rond s'étendait d'anciennes vallées, recouvertes de forêts et de plaines. Le rungon, petit ru, était le seul cours d'eau qui coulait encore, invisible sous les feuillages. Lô s'asseyait à l'époque sur le haut du rocher rond, et admirait les différentes teintes de verts qui se trouvaient en contrebas. Au lieu de jouer avec les siens, de discuter, il se faisait spectateur de leurs vies. Il n'y avait aucun être humain dans la région. Un petit bosquet poussait à l'écart des autres bois. C'était là qu'il était né, avec les premiers arbrisseaux. Lô était un dryade, un esprit des bois. Il n'était pas né avec le bois, il était le bois, la forêt. Il était chaque arbre, chaque brindille et chaque ronce du bosquet, il était le bosquet.
Il n'était à l'époque pas très vieux. Les arbres qui le composaient étaient encore frêle et ne comportaient pas un grand nombres de feuilles. Mais contrairement à ses congénères, il n'aimait pas faire la fête. Il aimait la solitude et le calme, ce qu'il préférait c'était de voir les siens s'amuser et vivre dans la vallée tandis que lui restait au dessus d'eux, comme un ange gardien ou un veilleur. Il se plaisait à voir comment le soleil et les nuages changeaient les verts de leurs feuillages, comment la brume, et la pluie, et la neige, et la foudre changeaient leurs apparences pourtant figées. Tous les jours il jetait un œil sur les siens, et tous les jours il était étonné de voir qu'ils n'étaient plus les mêmes sans avoir changé. C'était un paysage magnifique que la vallée du rungon sous les pluies du printemps ou la brume de l'automne, sous le soleil de l'été ou les neiges de l'hiver. Spectacle ravissant que les nuages et les branches poussés par le vents, que les couleurs du ciel et de la terre changer sous l'action des astres et du temps. Lô ne s'en lassait pas, quel beauté.
Quel enfant passif, d'ailleurs que ce Lô. Du haut de son rocher, il se contentait de voir le monde qui l'entourait, d'ouïr le vent et l'écho, de sentir la brise caresser chacune de ses feuilles. Il appartenait à ce monde, mais n'en appartenait plus. Ermite passif et bienveillant, il était devenu spectateur du film qu'il était censé jouer. Il aurait du le comprendre plus tôt, lorsque les hommes s'installèrent dans la vallée. Il en avait déjà vu passer quelques uns, ils traversaient l'endroit, passaient d'une ville à l'autre sans s'arrêter, bref, il n'y avait pas grand chose d'intéressant. Lô les regardait à peine, il se contentait de les voir de loin. Lorsque les hommes s'installèrent, il était composé d'arbres gros et âgés, il avait déjà vécu longtemps, pour un arbre ou un homme. Un dryade vivait tant que la forêt qu'il était comportait encore un arbre. Pour lui, il n'était pas près de mourir.
Les hommes commencèrent à construire des maisons dans un coin d'herbe. Lô passa quelques instants par jours à étudier leurs techniques, la manière dont ils empilaient des briques ou des cailloux pour former des bâtiments. Il remarqua aussi l'emploi de poutre de bois. Petit ingénu, il pensa que toutes ces poutres avaient été construit à base d'arbres morts, il n'en était malheureusement rien. De son promontoire, il ne voyait pas la scierie qui se trouvait de l'autre côté du plateau. Il fut même heureux de les voir planter des arbres en lignes pour former des haies. À chaque forêt son ou sa dryade, à chaque arbre sa ou son hamadryade. Il prit les humains pour des amis de la nature, des adorateurs du bois et des feuilles. De là où il était, les plaintes des arbres et des forêts, des dryades et des hamadryades, trancher en planches et poutres, ne l'atteignaient pas. Il ne les entendait plus, tourna son regard vers ces villages qui poussaient sur les berges du rungon.
C'étaient un charmant petit village de l'époque. Lô l'accepta dans le tableau qu'il observait depuis des années. Il étaient beau et pittoresques, chargé des bruits de la vie en marche. Ils allaient bien avec les plateaux, le ru et les forêts alentours. Le dryade assit sur son rocher ne voyait pas comme les jours s'assombrissaient au lointain. Il était si prit par le spectacle qu'il en oubliait presque ses liens avec les autres forêts.
Un jour un homme vint jusque son lieu d'observation. Lô l'accueillit joyeusement, écartant les ronces et les petits arbres qui le composaient pour former un sentier. Plein d'estime pour eux, Lô l'observait. L'homme regarda de l'autre côté du promontoire, jetant à peine un regard pour la vallée. Lô ne s'était jamais intéressé à ce côté. C'était une étendu d'herbe à perte de vue, sans arbres et où le soleil ne se promenait jamais. L'homme partit.
Lô ne le vit pas revenir pendant un certain temps. Il avait repris sa passion pour la vallée. Il s'asseyait sur le rocher rond, mais un jour il en tomba comme un fruit mûr, une douleur lui lacérant le ventre. Il courut jusque l'endroit où il avait mal. L'homme était là, il coupait des arbres, créait un passage. Lô ne supportait pas la douleur, mais plutôt que d'essayer de chasser l'homme par les procédés immémoriaux qu'il connaissait, il écarta les hamadryades de son chemin. Il ordonna aux arbres et aux herbes de se s'éloigner pour faire de la place à l'homme. Celui-ci disparut une seconde fois, revint pour porter des vaches dans les plaines derrière le rocher rond.
Lô reprit sa contemplation du paysage, quand vint enfin le jour ou il perdit sa naïveté. Il vit un jour un forêt dans la vallée être entièrement détruite par les hommes. Il comprit tout leur manque de respect pour la vie. Du haut de son rocher, fou, et enragé, il vit d'autres maisons se faire construire. Il entendit les derniers cris des siens, tandis que le village devint ville. Le rungon fit vidé de son eau. La ville se fit agrandir et bientôt les plateaux se couvrirent d'énorme maisons carrées. Il vit des hommes ratisser le terrain derrière lui, on détruisit le rocher rond et son point d'appui.
Lô regarda le soleil se coucher sur la vallée du petit ru du rungon. Les couleurs du ciel, bleues, roses, blanches, violettes jaunes étaient noircit par la fumée des usines et des voitures, elles faisaient le deuil du vert, tué par l'homme. Lô regarda la vallée une dernière fois. Il avait mal, souffrait le martyr. Il ferma les yeux, tandis qu'on réduisit en cendre le dernier de ses membres.
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeVen 28 Jan 2011 - 20:19

J'aimerais savoir d'où vienne les noms de tes personnages.
Sinon joli texte, bien mieux que le précédent.
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeVen 28 Jan 2011 - 20:40

Lô, de nul part, jevoulait un nom très court. Le rungon (bon, c'est un ru) vient d'un ruisseau qui coule près de chez moi: le Rognon.
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeVen 28 Jan 2011 - 21:35

Cracky a écrit:
Lô, de nul part, jevoulait un nom très court. Le rungon (bon, c'est un ru) vient d'un ruisseau qui coule près de chez moi: le Rognon.
mouhhahahaha je sais environ ou tu habite fais gaffen avec sa
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeVen 28 Jan 2011 - 22:01

angemon a écrit:
Cracky a écrit:
Lô, de nul part, jevoulait un nom très court. Le rungon (bon, c'est un ru) vient d'un ruisseau qui coule près de chez moi: le Rognon.
mouhhahahaha je sais environ ou tu habite fais gaffen avec sa
La Notion de "près" est avec les moyen de locomotion moderne si brouillé que je pourrais très bien habiter à 1, 10, 20 ou 50 kilomètres de ce ruisseau. Ce n'est pas en le citant que tu trouveras ma maison.
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeJeu 10 Fév 2011 - 11:36

La chandelle

Elle était caché dans une armoire, entassée avec ses sœurs dans le noir. Elle avait des dizaines de sœurs, toutes identiques, d'une belle couleur blanche. Elles étaient toutes des chandelles. C'était rare, mais parfois une lumière éblouissante rentrait dans l'armoire, qui emmenait avec elle une des sœurs chandelles. Certaines d'entre elles pensaient que celles qui disparaissait étaient emmené dans un monde meilleur, d'autre qu'il s'agissait de la porte des enfers. Personne n'était d'accord, aussi elles n'en parlaient pas, pour ne pas se disputer. Elle ne savait qu'en penser. Parfois rêveuse, parfois peureuse, elle ne savait quel comportement adopter: se cacher tout au fond de l'armoire, ou au contraire près de la porte? Elle se mit au milieu. Elles ignoraient toutes leur sombre destiné de lumière.

Ce fut son tour un jour. Lorsque la lumière vint, elle sentit deux choses la serrer et la porter. Elle se sentit flotter dans les airs, porter par ces choses. Elle entendit la porte du placard se fermer. La chandelle s'habitua à la lumière qui émanait de globes de verre. Elle fut placée dans un chandelier, doré et travaillé, d'allure riche. Elle observa autours d'elle les plats, les sauces et les boissons qui étaient installés dans des ustensiles en métal doré ou argenté. Tout respirait l'abondance et la richesse. C'était probablement Noël ou le jour de l'an, mais elle l'ignorait.

On approcha de sa tête une lumière aux douces couleurs orangées, elle se sentit toute chaude, sa mèche prenant feu. Elle se vit rayonner au centre et au dessus de ce merveilleux festin. Elle rougit de bonheur, se sentit importante. La chandelle illumina la pièce de toute sa splendeur caché, tandis qu'on éteignait les ampoules et les lampes. Elle était la reine du souper, l'invité d'honneur de ce repas. Elle resplendissait, c'était elle la plus belle, elle qui illuminait les autres, elle qui donnait leurs teintes dorées aux assiettes recouvertes d'or, leurs teintes argenté aux plats d'argent. C'était elle qui donnait la couleur cuivrée aux soupières et aux couverts, leurs reflets arc-en-ciel aux verres et carafes de cristal, c'était elle la dame autours de qui tout tournait. Joyeuse comme jamais, elle se traita d'idiote pour avoir pensé que c'était ici l'enfer.

Elle voyait les gens se servir dans les plats, manger et ripailler, les enfants souper et être joyeux de la petite fête, tout ça grâce à elle la chandelle et sa flamme. On mangea l'entré, on mangea le plat principale, ou mangea le fromage puis le dessert. On soupa, ou but, on se délecta, on ripailla. Tant et si bien que la chandelle ne vit pas le temps passer, la lumière se ralluma, les convives se levèrent et sortirent. Il n'y avait plus de flamme, d'elle juste un petit bout de bougie.


Derrière le cimetière

Les cloches sonnaient dans la tour du clocher. Voyageur enfermé, Jean sortit de sa maison, du le village à côté de l'église. Il laissa les oraisons rythmés qui transperçaient les oreilles de son âme, appeler en cette sainte nuit les habitants à l'opulence. Il passa devant une des croix qui limitaient l'enceinte de ce petit paradis. Il grimpa un plateau éloigné de son habitation, il regarda les décors de derrière l'église et le cimetière.

Il voyait les maisons éclairées par les lumières des lampes, l'église dont les vitraux éclataient. Il entendait les cris des enfants et des parents, devant lui se déroulait la principale fête de l'année, les cheminées sentaient le pain d'épice, la dinde et les sucreries, les gens n'étaient plus dans les rues. Ils se gonflaient les gâteaux, les ballons, ils s'emplissaient de toutes sortes de mets, ou regardaient leurs montres en attente de ce moment. Ça faisait un an qu'il vivait ici, un an exactement. On ne lui avait guère montré de considération à son arrivé. On l'avait trouvé, et c'était fini.

Jean regarda les forêts qui s'étalaient dans le fond du décor. Elles étaient vertes et lisses derrière le brouillard, peintes d'une main de maitre. Il n'y avait pas de neige malgré la présence relativement proche du solstice d'hiver, il n'y avait jamais de neige à Noël. Il était arrivé ici fasciné par le décor, par la beauté de ces vallées et de ces plateaux timidement qui se cachaient derrière les vapeurs du sol et les nuages du ciel. Il resta brûlé par le paysage, il admira le feu qui s'y cachait éphémère. Il s'approcha en digne Phaéton, un boussole à la place du cœur, la pointe vers le soleil. Ce n'était pas encore la nuit, il s'approcha, descendit le plateau. Le soleil irradiait encore, il traversa le village, fasciné par le spectacle, l'illusion disparut avec le soleil, il resta là.

Pourquoi avait-il quitté sa maison, son village, son pays? Pourquoi était-il parti à la recherche d'une chimère, délaissant la chaleur du foyer qui l'avait vu naître? Pourquoi pauvre sot? Il se maudit mille fois, se maudit de sa souffrance et de son aveuglement. Il avait suivi la volonté de ses passions, s'était égaré.

Il avait gouté à la joie de la liberté, des voyages sans retour avec pour seul horizon le ciel et l'azur. Il avait abusé de la confiance du monde, avait profité de ses mille et unes ressources. Il ne pouvait plus faire demi-tour, maintenant. Il s'était lui-même enfermé dans l'enceinte de ce décor, choisissant l'illusion à la réalité. Il s'était montré mauvais juge du monde, le monde l'avait bien jugé. Il s'était enchaîné à la roche dure et froide.

Jean leva le nez une nouvelle fois vers le ciel. Il se retourna vers le village, les cloches avaient cessé, remplacées par les chants de l'orgue et du chœur. Il s'avança en silence, fendit la brume et la nuit, personne ne le vit, personne ne savait qu'il était là. Son cœur se remplit de chagrin. Il chanta, près à retourner dans son cachot. Il retourna dans son village, aux maisons faites d'une pierre unique. La nuit était là. Il était endormi, et pourtant l'un des hommes les plus éveillé.
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeVen 25 Fév 2011 - 20:22

Un conte que je garde dans mes tiroirs depuis quelques temps, un peu long, j'espère qu'il vous plaira:

Les lycanthropes

Autrefois vivait un garçon nommé Leu et sa mère Lova. Celle-ci était mariée à un homme nommé Constant et ils avaient une fille appelée Ariane. Leu était l'ainé et Ariane la cadette. Constant était marchand, il voyageait souvent et n'était que rarement chez lui, Lova s'occupait du foyer. Chose étrange: Ariane avait sept ans, Constant et Lova étaient mariés depuis huit ans, Leu en avait douze. Constant n'était pas le père de Leu. Lova avait été enlevé quelques années avant son mariage, plus personne n'eut de nouvelle d'elle jusqu'à ce qu'elle fut retrouvé par hasard par des chasseurs, avec son fils âgé de trois ans. Elle avait ensuite été marié.

Leu ne ressemblait en rien à son père d'adoption et très peu à sa mère. Constant était petit, Leu de taille moyenne. Lova avait des cheveux sombres et soyeux, Leu les avait gris et durs. Constant avait des yeux bleus, Leu des yeux marrons. Le caractère de Lova était calme, Leu était téméraire même s'il savait parfois se faire prudent. Ses dents étaient tranchantes et son museau pointu, son visage n'était rond que parce qu'il était encore jeune. Il portait toujours autours de son cou, à ses mains et ses oreilles les dents d'un animal qu'il n'avait jamais vu depuis le mariage de sa mère.

Or, vint un jour ou le frère de Constant débarqua chez eux. La famille lui fit bon accueil, ignorant cependant le but de cette visite. Après un repas, la mère et le père retournèrent à leurs ouvrages, le frère s'éloigna de la maison, les enfant allèrent vaquer à leurs occupations. Leu surveillait sa petite sœur, mais un instant d'inattention lui permit de s'éloigner. Leu se maudit de son manque de vigilance, et rechercha sa sœur dans le village.

Au même instant, Ariane avait croisé son oncle dans une ruelle peu fréquentée. Il était en pleine discussion avec un inconnu. Lorsqu'ils aperçurent la fillette, de crainte, l'inconnu l'attrapa et la fourra dans un sac. Elle eut beau crier, se débattre, elle n'était pas assez forte, et trop éloigné de la foule pour qu'elle puisse fuir. Le sac fut jeté dans une charrette et l'oncle l'emmena une fois ses affaires terminées.

Leu chercha sa sœur dans toute la ville, il ne la trouva nul part. Quoi de plus logique, puisqu'elle était à l'heure dissimulée dans une charrette? Lorsqu'en début d'après-midi, il croisa son beau-père, lui raconta ce qui s'était passé. Constant se mit en rogne, il pesta, vociféra, souhaita au garnement tous les tourments de l'enfer, tout en lui interdisant l'accès au logis tant qu'Ariane ne sera pas de retour saine et sauve. Leu prit peur, et s'enfuit de la ville. Il recherchait toujours sa jeune sœur, la rechercha à l'extérieur. C'était tant sa certitude qu'elle n'était plus en ville, que la colère de Constant qui lui avait fait prendre cette décision.

Il courut dans la campagne, suivit les routes en hurlant « Ariane! ». Autours de lui défilaient des paysages de forêts et de plaines, qui prenaient d'autres couleurs avec le cours du fleuve des astres. Leu se fatiguait, criait inutilement, puisque sa sœur n'était plus ici. Le soleil se couchait derrière un drap bleu et des couvertures blanches, à la texture douce, semblable à la laine. La lune veillait au sommet d'un vieux sapin, les cratères de ses mirettes lorgnaient sur son royaume sombre et rude. Leu s'effondra dans des ronces.

De la forêt sortit une ombre, un être sombre qui s'approchait de Leu, caché dans la pénombre de la nuit. Il l'observait depuis longtemps, très longtemps à vrai dire. La chose à la nature incertaine s'approcha du garçon, resta un instant à l'écart, de peur d'être vu ainsi. Il se mit debout, renifla les senteurs qui flottait dans l'air. Leu remua, il recula, Leu se rendormit.

Leu immergea une seconde fois durant la nuit, les épines des ronces ne le piquait plus, les plaies qu'elles avaient faites ne se sentaient plus. Elles étaient encore là, mais il y avait quelque chose autours de lui qui le rassurait, le réchauffait. Les douleurs froides s'apaisaient au contact de flammes imaginaires. Leu se mit en boule, se rapprochait le plus possible de ces longs fils rudes qui avaient remplacé épines et air dans l'univers. Il se rendormit.

Aux premières clartés qui heurtèrent son visage, Leu se leva. La lumière passait par une fenêtre, une fente dans un mur de pierre. Il se leva, un drap tomba au sol. Il avait été changé, ses frusques, à l'origine peu acceptable, déchirées, étaient entassées dans un coin, avec des chiffons. À la place, il y avait des vêtements gris foncés, dont les tissus étaient tous tiré d'un animal. Il se trouvait dans un bâtiment de pierres, la pièce était dégarni. Il poussa la porte, il était dans une auberge, un homme à une table lui fit un signe.

Leu le dévisagea: Il portait aussi des vêtements gris en peaux et poils, ses cheveux étaient gris, ses yeux d'une couleur inattendue, son museau pointu. Le jeune garçon s'assit à la même table. L'étranger se présenta: il s'appelait Bleiz, il était « chasseur ». C'était lui qui avait trouvé Leu au début de la nuit et l'avait emmené, endormi, jusque là. Il interpela l'aubergiste et celui-ci apporta ce qu'il avait commandé. Étrangement, il n'hésitait pas à mettre du vide dans sa bourse, engloutissant de grandes quantités de nourriture et encourageant Leu à manger de tout son soûl. Le garçon avait faim, mais il songeait que plus il resterait ici, plus Ariane séjournerait on ne sait où. Bleiz versa dans le verre du gamin un liquide rouge à forte odeur de vigne:

_ Je ne le boirais pas. Fit remarquer l'un en commençant à manger.

_ Je le ferais. Répondit l'autre.

Entre deux bouchées, il répondit aux questions que lui posait Bleiz. Celui-ci lui demandait ce qu'il aimait, s'il était heureux, ce qu'il voulait faire plus tard… Des questions normales sans intérêts pour les deux interlocuteurs.

_ Je recherches ma sœur. Confia Leu. L'auriez-vous croisé?

Bleiz réfléchit un instant, Leu lui fit une description détaillé de la fillette. L'homme sembla s'attrister.

_ Je l'ai vu, pas plus tard qu'hier, elle était attaché à une charrette arrêté dans un coin de la forêt. Il y avait un homme avec elle qui la surveillait.

_ Où ça exactement?

_ Dans la forêt, ils doivent être parti maintenant.

Leu soupira.

Si je me souviens bien, ajouta Bleiz devant la déconfiture du gamin, ils allaient en direction du nord, où se trouve la plus grande ville du comté.

Leu remercia la personne et se leva. Il fit quelques pas en direction de la sortie, se retourna. Un question lui brulait les lèvres.

_ Pourquoi m'avez-vous emmené ici?

Bleiz rit et répondit en levant son verre:

_ Le but de la vie c'est la mort, la naissance sa cause, sa raison le vin.

Devant la tête incrédule du garçon, il ajouta lentement avec tristesse:

_ Ou les vies.

Comprenant qu'il ne tirerait rien d'autre du bonhomme, Leu sortit de l'auberge. Bleiz regarda la sortie mélancolique. Leu marcha sur la route, cherchant sa sœur avec ses connaissances, son instinct et sa logique. Il veilla à ne pas, comme le jour d'avant, tomber de fatigue au cours de ses recherches. Il marchait vite, mais ne courait plus en hurlant: il devinait le caractère inutile de cette action.

La recherche porta ses fruits, plus par la chance que par le reste. Par hasard, Leu tomba sur la charrette où se trouvait Ariane. La jeune fille était caché dans son sac. Elle n'en était sortie que le temps de manger, à la nuit tombée. Le garçon s'approcha, hésita. Il reconnaissait le frère de Constant conduisant la carriole, se demanda si c'était bien la charrette en question. Il courut, monta dans le véhicule. Il y avait là plusieurs sacs, des dizaines de sacs. Leu les tâta les uns après les autres, ouvrit ceux dont il avait l'impression que le contenu était sa sœur. La première fois, il tomba sur des petit potirons, la seconde sur des betteraves énormes, à la troisième il fit bonne pêche. Il fit descendre le sac de la charrette, ni vu ni connu.

Ariane était inconsciente, vivante, mais pas en grande forme. Leu laissa le sac sur la route et coupa à travers les champs par prudence. Ariane se réveillait de temps à autres, à chaque fois, Leu la posait et lui donnait à manger. À chaque fois, Ariane remercia son frère et s'excusa de sa conduite, jurant sur sa vie qu'elle ne s'éloignerait plus. Portant la fillette, il marcha longuement sous le ciel assombri, la nuit recouvrait petit à petit le monde. Il cherchait, il cherchait, mais Leu ne retrouvait pas le chemin qui l'avait mené jusqu'ici. Ni la route de la taverne, ni celle de la maison. Ils étaient perdus.

Leu regarda autours de lui les forêts et les plaines, il n'en reconnu aucune, toutes étant semblables et distinctes. Il y avait dans l'air les plaintes joyeuses des bêtes sauvages qui les entouraient, affamés et éloignés, ils pouvaient sentir les deux enfants mais ignorait où, avec exactitude, ils se trouvaient. Leu prit un sentier dans un bois, apeuré et effrayé, qui s'arrêta brusquement au cœur même des arbres. Le temps se rafraichissait, et il était fatigué de courir les bois en portant sa sœur. Autours de lui, il chercha un abri qui pourrait le protéger jusqu'au lever du soleil. Il trouva un trou dans un rocher,trop petit, il y glissa Ariane et se roula dans ses vêtements, bouchant l'entré.

L'anxiété empêchait le garçon de dormir. Leu regardait sans arrêt autours de lui, se tournant dans tous les sens pour vérifier si une ombre malsaine s'approchait. Il voyait partout des ambres enflammées qui flottaient entre les arbres, entourées de masses assombries. Des grondements étaient chantés de tous les côtés. Leu ne savait plus s'il devait croire en ce qu'il voyait ou croire à un rêve. Les créatures qui l'entouraient s'approchaient pas à pas, lorsqu'un cri plus impérieux que les autres fut lancé dans le lointain. Les bêtes se concertèrent, puis s'éloignèrent. Il ne resta autours des enfants que le silence.

Bientôt parut une bête taillé deux fois plus grande que les autres. Elle s'approcha sans crainte, Leu ne pouvait quitter les yeux de l'animal féroce qu'il avait devant lui, des yeux luisants aux pupilles marrons, des yeux carnassiers et humains. Il s'approcha, attrapa le garçon dans son immense mâchoire. Il écarta Leu du trou et le plaça tout proche de sa fourrure. Il ne comprit pas pourquoi, mais ne se sentit plus inquiet, ni pour lui ni pour sa sœur, ni pour la route. Étrangement il se sentit rassuré au contact de cet animal monstrueux. Il fut emporté par le sommeil. Balancé par les songes.

Il fut réveillé par le museau de la bête. Ils n'étaient plus au même endroit, ils étaient devant la maison de Lova et Constant. L'animal l'avait emporté durant leur repos jusque leur point de départ. Leu n'en croyait pas sa chance, il porta sa sœur, s'approcha de la porte. Le regard de l'animal le brulait, il se retourna. Durant un instant, ils restèrent tous les deux parfaitement immobile, se regardant dans les yeux. Leu sentait poindre dans son cœur un sentiment proche de la mélancolie. Il se retourna, entra dans la maison. Il entendit des pas feutrés s'éloigner en courant. Il monta les escaliers et mit sa sœur dans son lit. Il resta tête basse le regard posé sur la jeune fille, puis faisant des allers et retours sur les objets de la pièce. L'étagère, l'armoire, la fenêtre, le lit la porte...

Il redescendit les escaliers et se jeta à l'extérieur. Tout était translucide: Constant, Lova, la bête, Bleiz, … Il reprit la route, les pattes en avant et suivant son cœur. Il retrouva la personne qui l'observait depuis des ans. Ils étaient d'apparences proches, quoique d'âge distinct. Leu savait qu'il était à sa place. Il quitta sans regret un village pour les siens.
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeVen 25 Fév 2011 - 23:26

jolie j'aime bien
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeVen 25 Fév 2011 - 23:37

merci.
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MessageSujet: Re: fond de Tiroir   fond de Tiroir - Page 2 Icon_minitimeSam 5 Mar 2011 - 19:06

Les deux

Autrefois, il existait un village. Parmi ses habitants, Jeannot était peintre. On pouvait le trouver un jour ou un autre son chevalet planté dans la terre ou la roche, tenant dans sa main un pinceau faisant des dégradés, des pâtés de peinture ou des aplats, des lignes, des surfaces ou des points, peignant sur une toile les merveilles de dame nature. Parfois, il peignait les personnes de son patelin ou d'ailleurs, ce passe-temps lui apportait à chaque jour de quoi manger. Il ne faisait par contre jamais de nature morte, reprochant à ce genre la vanité que les hommes lui accrochaient.

Deux filles étaient à l'époque à marier dans le village. Il y avait peu d'enfants et d'habitants puisque le village était très petit. Les gens entreraient tous ensemble dans un lavoir, avec la place de circuler. Elles étaient jeunes, à peine sorti de l'enfance. Elles n'avaient personne à épouser ici, les hommes étaient soit trop vieux soit trop pauvres. Elles refusèrent à tous leurs mains, et leur père approuvait, soucieux de leurs trouver un fort parti à Saint-Dizier ou à Chaumont, à Langres ou plus loin encore. Elles étaient deux sœurs, chacune possédaient leurs charmes propres, elles pourraient s'offrir un bon mari même sans l'appuie financier de leur parenté, un notable pour le pays.

Ah que l'ainée pouvait à juste titre charmer! Elle n'était pas une belle femme, son visage était de traits communs, le dessous de son cou manquait de taille, sa coiffure d'intérêt. L'ensemble par contre était digne à reléguer n'importe quelle courtisane au rang de souillure. Non belle, mais entouré de lumière, comme si son esprit pouvait relever le reste de son être. C'était une de ces rares gens que même le temps ne pouvait pas blesser, au contraire celui-ci la choyait. Même vieille femme, elle serait toujours une dame respecté et respectable, dont la cour aurait changé mais non pas diminué. C'était indiscutablement une œuvre d'art, bénie de Dieu, que Mlle Isabelle.

Sa sœur était beaucoup plus belle que sa sœur. Les cheveux coiffés avec soin, le visage bien dessiné, le reste magnifique, elle portait les plus belles robes du village, les plus beaux atouts, des bijoux venant de fort loin, des gants venant de Chaumont. Cependant, elle n'avait pas la grâce et le charme de sa sœur. C'était une photo dans un magasine, une statue sans âme. Chacun des éléments qui la composait étaient faits à la perfection, mais ensembles ils s'opposaient et se mettaient en valeur mutuellement, lui donnant la grâce et la perfection d'un tableau mal fait. Imaginez la mer et la montagne superposées, une vanité ayant pour élément principal une allégorie de la joie, ou sa photo.

Elle était l'opposé de sa sœur. On l'imaginait bien quelques années plus tard, les joues au ras des cuisses. Aussi ses prétendants étaient-ils des personnes au cœur éphémère et futile. On ne la courtisait pas pour l'épouser, pour vivre avec elle de longues années et sauté de joie à l'idée de partager son caveau pour l'éternité. On la charmait pour faire craquer les pieds de lit, et pour s'la péter. Elle n'était pas considéré comme une personne mais comme un jouet. Mal leur en prit, c'était elle le maître du jeu, jamais perverti grâce à la peur de sa parenté, il n'empêchait qu'elle était digne de tous les doux mots que la langue française fait rimer avec vinasse, elle jouait avec eux, les torturaient, leur jurait ce qu'il voulait pour le simple plaisir de les voir se précipiter vers elle. C'était une garce que je ne nommerais jamais, par peur de faire ressentir la honte à celles ayant le même nom.

Vint le jour où le père des jeunes filles fiança l'ainée avec un riche et fameux artisan du Nogentais. Il réclama au peintre un portrait de sa fille à offrir au futur mari, La jeune Isabelle passa plusieurs fois à l'atelier de Jeannot pour poser. Lui qui n'aimait pas vraiment peindre des personnes préférant les paysages prit plaisir à voir la jeune fille. Elle était pour lui un vrai modèle, pas quelqu'un qu'il peignait pour un simple besoin d'argent. Aussi, lorsque le tableau fut fini, il hésita à respecter son contrat, regretta la présence de la jeune femme, mais donna au commendataire fille et tableau. Ce fut probablement pour lui les plus beaux jours de sa vie que celle passer à peindre cette Isabelle, il ne put toucher à un pinceau durant les mois qui suivirent. Il n'était pas amoureux d'elle, mais il appréciait le fait de la peindre. Il refusa commande sur commande. S'enferma dans son atelier et n'en bougea plus.

Il avait mal peint son tableau, ou du moins le pensa-t-il. Il aurait pu mieux représenter l'atmosphère qui se dégagea du modèle, il aurait pu élever ce tableau au rang de plus belle œuvre du panthéon. Il en était sûr, il n'en était pas fier. Sa mélancolie dura et dura très longtemps, jusqu'à ce que le père revint passer commande. Jeannot quitta ses bouteilles de vin noir et courut jusque cette homme espérant pouvoir reprendre le travail qui l'avait emmené aux portes du paradis.

C'était cette fois un portrait de sa fille cadette que le notable lui demanda. Espérant grande gloire de son prochain modèle, Jeannot retourna dans les champs et les forêts avec ses pinceaux et ses tubes colorés, on aurait jamais cru qu'il avait passé des mois sans rien faire. Les gens qui virent ses nouveaux tableaux le soupçonnèrent de s'être entrainé à son art à l'abri des regard, ils étaient tout simplement bien meilleurs que les précédents. Ce n'était pas l'expérience qui lui permettait de s'élever, mais l'amour de son art, l'espérance et les promesses. Il jouissait de cette deuxième chance que le ciel lui offrait.

Le retour à la réalité fut un grand choc. La deuxième fille n'avait rien de la première, parée là ou la précédente ne portait que ses cheveux en guise de collier, poudrée et fardée, on aurait dit qu'elle s'était plongée la tête dans la farine. Il prit ses pinceaux déçu de la vie et du vilain tour que lui avait joué la fatalité. Il peigna la fille cadette comme s'il s'agissait d'une dinde de Noël dans un premier temps, mais il n'arrivait pas à gâcher le tableau.

Tout ce temps passé à penser à l'ainée et son portrait se répercuta sur la toile. Sans le vouloir, Jeannot touilla les deux filles dans un grand saladier, les saveurs de l'une vint s'ajouter à celles de l'autre. Contraires et complémentaires, il représenta l'allure de l'ainé et l'apparence de la seconde, le pinceau glissait sur la toile. C'était un tableau magnifique qu'il fit, en seulement une séance. Il était désormais heureux, il avait fait l'œuvre qu'il souhaitait, et même plus belle encore.

Le père emporta la jeune fille et le tableau comme il l'avait fait plus tôt. Jeannot resta assis à sa table à regarder les pièces qui luisaient, seul reste de son plus grand trésor. Il peignit encore, il essaya de refaire le tableau, tel qu'il voulait qu'il soit, représentant Isabelle et non sa sœur. Il essaya sans succès. Il jeta l'argent par la fenêtre du bistrot, par mélancolie et déception, il cassa ses pinceaux.
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